La Maison-Blanche a fait un pas de plus vers un allègement de la régulation bancaire en désignant un financier de Wall Street pour être le premier vice-président de la Réserve fédérale en charge de la supervision de la finance. Randal Quarles, 59 ans, qui dirige le fonds de placement en actions Cynosure Group qu'il a fondé, est désigné pour être à la banque centrale, principale autorité de régulation bancaire, le vice-président en charge de la supervision. Cette fonction créée en 2010 n'avait jamais été officiellement attribuée mais l'ancien gouverneur de la Fed, Daniel Tarullo, en assumait la charge de facto. M. Quarles a été également auparavant un administrateur pour les Etats-Unis au FMI et sous-secrétaire au Trésor pour les affaires intérieures sous George W. Bush, a précisé la Maison-Blanche dans un communiqué diffusé tardivement lundi soir. A travers son épouse, Hope Eccles, ce natif de l'Utah compte dans sa famille un ancien président de la Réserve fédérale, Marriner Eccles (de 1934 à 1948), qui a laissé son nom au principal bâtiment de la Fed à Washington. M. Quarles est nommé à la Réserve fédérale jusqu'en 2032, pour un mandat de gouverneur de 14 ans auquel s'ajoute la fin du mandat de son prédécesseur. Sa nomination comme gouverneur mais aussi comme régulateur en chef doivent encore être entérinées par le Sénat, à majorité républicaine. La désignation par la Maison-Blanche de ce financier bienveillant envers les grandes banques était attendue et donne une nouvelle impulsion à la volonté de l'administration Trump d'alléger les garde-fous mis en place après la crise financière de 2007-2008 par la loi Dodd Frank. Ces règles visant à éviter qu'une grande banque ne soit "trop importante pour faire faillite" (too big to fail) et qu'elle puisse être sauvée par l'argent des contribuables en cas de catastrophe financière ont notamment exigé des établissements financiers qu'ils amassent des coussins de capitaux importants pour faire face à une éventuelle crise. Dans une tribune au Wall Street Journal en 2016, M. Quarles s'était élevé "contre les conséquences d'une augmentation considérable des fonds propres des banques équivalant à une hausse du coût des crédits bancaires".
Janet Yellen au Congrès A la Fed, où deux autres postes de gouverneurs sont vacants, M. Quarles aura aussi son mot à dire sur la politique monétaire. Cette nomination intervient à la veille d'une audition de la patronne de la Fed, Janet Yellen, devant le Congrès. La présidente de la banque centrale présente mercredi matin devant une commission de la Chambre des représentants et jeudi au Sénat son traditionnel témoignage semi-annuel sur l'état de l'économie et de la politique monétaire. Elle devrait être interrogée par les élus sur ce nouvel arrivant et sur le sort de certains pans de la régulation bancaire. L'administration Trump et des élus républicains veulent notamment alléger les tests de résistance des grandes banques et minimiser, voire faire disparaître, la règle "Volcker", qui limite la spéculation des banques pour leur propre compte. Tout en admettant que certaines règles de la loi Dodd-Frank peuvent être assouplies, notamment pour les banques de taille moyenne, Mme Yellen a aussi mis en garde récemment contre la tentation de déréguler en oubliant les ravages provoqués par la crise financière de 2008-2009. Sur la politique monétaire, M. Quarles s'est montré dans le passé favorable à appliquer une règle mathématique pour déterminer les taux d'intérêt, une formule contre laquelle s'est vigoureusement élevée Mme Yellen. Elle a affirmé à plusieurs reprises que la politique monétaire ne pouvait être menée de façon "mécanique" et a défendu l'indépendance de la Banque centrale, qui irrite certains élus. Le sujet allait revenir sur la table mercredi alors que dans son dernier rapport de politique monétaire soumis au Congrès vendredi, la Fed a à nouveau défendu sa façon de déterminer le coût du crédit. Comme à chacune de ses interventions publiques depuis quelques mois, Mme Yellen pourrait aussi être interrogée sur son propre sort, alors que son mandat se termine dans six mois, en février 2018. Durant la campagne électorale, le président, Donald Trump, n'avait pas manqué de critiquer la politique de taux d'intérêt bas de Janet Yellen, une démocrate. Depuis, il a reconnu qu'il "aimait" les bas taux d'intérêt.