La Grèce revient sur les marchés mardi, avec la première obligation grecque depuis trois ans, la première aussi du gouvernement d'Alexis Tsipras, un test majeur de la confiance des marchés dans un pays peut-être enfin convalescent. Le gouvernement a annoncé lundi qu'il émettrait mardi une obligation à cinq ans, à un taux d'intérêt de 4,75%. Quant au taux de rendement, inversement proportionnel à la confiance des marchés, il l'espère certainement inférieur à 4,95% : c'est en effet celui de la précédente émission à cinq ans, en avril 2014 par le gouvernement droite-socialistes d'Antonis Samaras. "Notre seul critère est de préparer le pays pour la fin définitive des programmes" d'aide au pays, a assuré le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos. Trois plans d'aide depuis 2010, en échange de lourdes réformes, dont le dernier s'achève en août 2018. L'opération se fera surtout sous forme d'échange, puisque le gouvernement a proposé lundi aux porteurs de titres de 2014 de les rapporter, contre 102,6% de leur valeur nominale. Cela fait une semaine que la plus grande excitation entourait cette émission. Du côté des pour, notamment l'Eurogroupe, qui a annoncé le 15 juin que parmi les sommes versées dans le cadre du plan d'aide, il y aurait désormais de quoi constituer "des réserves de liquidité" pour rassurer les marchés. C'est aussi "le bon moment" selon le directeur du mécanisme européen de stabilité (MES), Klaus Regling, partisan de plusieurs tests du marché avant la fin du programme. Le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, ex-ministre des Finances de M. Samaras, a jugé au contraire que le gouvernement devrait concrétiser "deux ou trois privatisations emblématiques" avant de lancer une obligation. Inquiétudes "à prendre en considération", a souligné jeudi le président de la BCE Mario Draghi. Vendredi cependant, la double annonce d'un relèvement de perspective de la dette grecque par l'agence de notation SP Global Ratings - après un relèvement de note par Moody's fin juin - et de la participation du FMI au programme d'aide, très demandée par l'UE, a semble-t-il fini par décider le gouvernement à se lancer avant les vacances du marché, en août. La participation du FMI est d'autant mieux vue qu'elle est conditionnée à un abaissement de la dette grecque (180% du PIB) par ses partenaires de l'UE.
La "lumière au bout de l'austérité" Le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, en visite à Athènes lundi et mardi, était aux premières loges pour l'émission d'obligation. Sur la radio française France Inter lundi, il a noté que la Grèce a su "créer les conditions de la confiance" et salué "enfin une lumière au bout de l'austérité". La croissance devrait atteindre 2,1% cette année, du jamais vu depuis le début de la crise. Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a estimé lundi que la Grèce entrevoyait enfin la "lumière" après des années difficiles, estimant que les réformes imposées à Athènes avaient "sans doute" été "trop dures", mais "nécessaires". "La Grèce a été au coeur d'une tempête économique et financière incroyable" mais "aujourd'hui, les choses vont nettement, nettement mieux", a déclaré M. Moscovici sur la radio France inter. "Il y a un espoir pour la Grèce. La croissance est repartie, l'emploi repart, l'attractivité repart" et "l'investissement est revenu", a ajouté l'ancien ministre, disant se réjouir "qu'il y ait enfin une lumière au bout de l'austérité". "Il fallait créer les conditions de la confiance, c'est ça qui a été fait. Est-ce que ça a été trop dur ? Sans doute. Est-ce que c'était nécessaire par ailleurs ? Aussi", a-t-il estimé.
"Une amélioration spectaculaire" Pierre Moscovici a salué mardi à Athènes "l'amélioration spectaculaire" de la situation de la Grèce, de retour mardi sur les marchés obligataires après trois ans d'absence. La Grèce émet mardi une obligation à cinq ans, assorti d'un coupon à 4,75%. Selon l'agence grecque ANA, les premières transactions se faisaient à un taux de 4,875%, légèrement en dessous, comme le souhaite le gouvernement, des 4,95% réalisés il y a trois ans, lors de la dernière émission d'une telle obligation, sous la coalition droite-socialistes. L'opération se fera surtout sous forme d'échange puisque le gouvernement a proposé lundi aux porteurs de titres de 2014 de les rapporter, contre 102,6% de leur valeur nominale. Au cours d'une conférence de presse, M. Moscovici "s'est dit convaincu" que le pays peut se financer sur les marchés "à un taux raisonnable". "Je voudrais aujourd'hui (mardi) envoyer un message: nous voyons une amélioration spectaculaire de la situation de la Grèce", a indiqué M. Moscovici, cité dans un communiqué de la Présidence, lors d'un entretien avec le président de la République hellénique Prokopis Pavlopoulos. Le commissaire s'est également félicité de l'accord la semaine dernière du Fonds monétaire international (FMI), qui s'est dit prêt à participer au programme grec en cours jusqu'à juillet 2018. "La Grèce a voté 140 mesures (pour le redressement de son économie), le pays se trouve actuellement en excellente position, le FMI en est aussi d'accord", a dit le commissaire qui doit s'entretenir dans la journée avec le Premier ministre Alexis Tsipras. "Le pays revient progressivement sur les marchés, donc nous sommes dans une nouvelle phase des relations entre la Grèce (d'une part) et l'Union européenne (UE) et la communauté internationale (d'autre part)", a souligné le commissaire, tout en soulignant qu'"il faut encore œuvrer pour achever le programme" et poursuivre "des efforts importants". Sur fond de prévisions budgétaires positives pour 2017, le pays tablant sur la fin de la récession et sur une croissance de 2,1% pour cette année, le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras a annoncé lundi le retour sur le marché obligataire. "Nous avons traversé une longue et très difficile période" depuis l'éclosion de la crise de la dette en 2010 et des trois prêts successifs dont le pays a bénéficié au coût d'une austérité stricte, a rappelé Pierre Moscovici pendant sa conférence de presse. Mais "la Grèce a les moyens actuellement de tourner le page (...), il est grand temps de fermer le long chapitre d'austérité", qui a coûté tant "de sacrifices" aux Grecs, a-t-il ajouté. Pour cela, il a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité pour la Grèce de conclure "avec sérieux" la dernière année du programme, consistant à la mise en œuvre concrète des mesures votées. Ce n'est qu'à la fin du programme que seront mises en œuvre d'éventuelles mesures d'allègement de la dette. Des décisions en la matière "peuvent intervenir auparavant", a-t-il cependant indiqué.