Institué en 2004 par la Bibliothèque nationale afin de récompenser un roman écrit dans les trois langues, -arabe, français, amazigh- le premier prix Apulée est allé, cette année, à trois auteurs. Il s'agit de Ahmed Khiat qui a raflé le trophée pour son " Moughamarat El Makar" (Les aventures du Malin) édité en langue arabe dans la collection Adab El Futuwa, Tahar Ould-Amar pour Bururu (hibou) sorti chez Azur, en langue amazighe et enfin Mohammed Attaf pour " L'arbre de la chance" paru chez Ipha en langue française. Le second prix Apulée est allé en revanche quatre écrivains. Il s'agit de Mohamed Mesbah et Mahfoud Khelif (ex aequo) auteurs des romans " Haï El banat " (La cité de jeunes filles) et " Tasmoutou El 'assafir " (les oiseaux se taisent), publiés en langue arabe, Ibrahim Tazairt pour son " Sala et Nuja ", écrit en tamazight, et Abdelhalim Azzouz pour " Les grandes boulimies." publié en langue française. En 2004, lors de la première édition de ce trophée, le premier prix Apulée a été raflé par un certain, Mehdi Meriamine, pour " De l'autre côté de la vie" publié en langue française aux éditions Dar El Gharb. Le prix Apulée récompense la meilleure oeuvre écrite dans les trois langues (arabe, amazigh et français) à condition qu'il s'agisse du premier roman et que ce dernier soit écrit au cours de la même année où le prix est décerné. Apulée de Madaure ! Qui ne connaît pas ce grand nom de la litérature latine, qui a traversé et vécu longtemps dans nos contrées à l'image de Saint Augustin, d'Ibn Khaldoun et autre. Il est né au IIe siècle après Jésus-Christ à Tagast, l'actuelle Souk-Ahras. Curieux, brillant, grand voyageur Apulée le Romain avait signé plusieurs œuvres dont la plus célèbre s'appelait, La métamorphose ou encore "L'âne d'or." Considérée comme la première œuvre latine en prose, "L'âne d'or" est le récit , à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui, s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Sous cette forme, il va connaître toute une série d'aventures, entrant en contact successivement avec des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un maraîcher, un soldat, deux frères esclaves (un pâtissier et un cuisinier), puis leur maître. Comme c'est l'âne qui raconte, il donne à voir par l'intérieur les activités et les préoccupations de tous ces milieux très différents qu'il a fréquentés. L'ensemble fournit un remarquable tableau de la vie quotidienne au IIe siècle de l'Empire. Tout cela, au fil de plusieurs livres, car la transformation en âne s'est produite au livre III et c'est au dernier livre seulement que Lucius retrouve sa forme humaine, ce qui ne sera d'ailleurs possible que grâce à l'intervention bienfaisante de la déesse Isis. Il est vrai que les prix littéraire n'ont fait partie de nos moeurs que récemment, il leur faudra beaucoup de maturité afin de devenir comme ailleurs de véritables trophées à valeur symbolique qui font bondir les tirages de manière vertigineuse. Selon Amine Zaoui, directeur général de la BN, l'écriture en tamazight a incroyablement évolué ces derniers temps alors qu'auparavant elle était considérée comme une " folklorisation. " Des propos repris par le chercheur en langue amazighe, Abdeslam Abdennour, présent dimanche dernier à la BN à l'occasion des remises des prix. Ce dernier avait déclaré avoir été surpris par le niveau des œuvres en compétition. Le spécialiste a félicité également les auteurs pour avoir su conserver le charme de l'oralité : " …J'avais parfois l'impression d'écouter plus que de lire ", ironise-t-il. Le prix Apulée n'a qu'une valeur symbolique qui se quantifie en 10 millions de centimes tout comme le prix des libraires.