Météo grisâtre, hier, à Londres, terre des championnats du monde d'athlétisme jusqu'à dimanche. Mais l'arc-en-ciel pointe fréquemment... Ou plutôt les performances des athlètes sud-africains, la nation arc-en-ciel pour reprendre le concept pensé par l'archevêque Desmond Tutu. Car à Londres, à côté du recordman du monde du 400 m, Wayde Van Niekerk - en finale du tour de piste, hier soir, résultat non parvenu -, l'Afrique du Sud a bien l'intention de confirmer sa valeur montante sur la scène internationale. Un peu plus de vingt-cinq ans après la fin de l'apartheid, c'est en quelque sorte une revanche sur les années sombres du pays. Au début de cet été, à la veille du meeting de Lausanne, le métis Van Niekerk a ainsi expliqué qu'il courrait "aussi pour (sa) mère, qui n'avait pas eu la possibilité d'exprimer son potentiel en son temps". Sprinteuse de talent, au tournant des années 1980 et 1990, Odessa Swarts n'a pas pu s'affirmer en dehors des frontières sud-africaines en raison du boycott sportif infligé au régime d'apartheid. Ce qui ne l'avait pas empêchée de se battre pour un sport non racial au sein du Conseil sud-africain du sport. Un combat qui, aujourd'hui, permet au Sud-Africain Luvo Manyonga, meilleur performeur mondial de la saison (8,65 m), d'être sacré au saut en longueur. Samedi dernier, le môme du township de Mbekweni, non loin du Cap, s'est en effet imposé avec un saut de 8,48 m dans le bac à sable du London Stadium, alors que son compatriote Ruswahl Samaai s'emparait du bronze (8,32 m).
"Le record du monde - 8,95 m - est mon prochain objectif" Déjà en argent aux JO de Rio en 2016, Luvo Manyonga, 26 ans, avait alors attiré les projecteurs sur son histoire fracassée, celle d'un gamin dévoré, il y a encore tout juste cinq ans, par sa dépendance au "tik", une drogue en vogue dans les townships sud-africains. Désormais revenu sur une trajectoire dorée après trois années à suivre un programme de désintoxication, Manyonga, champion du monde juniors en 2010, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin?: "Le record du monde - 8,95 m - est mon prochain objectif", clame-t-il d'ailleurs (lire notre encadré). Un défi qui est aussi une manière pour l'athlétisme sud-africain de s'éloigner des polémiques autour du cas de Caster Semenya, double championne olympique (2012, 2016) et du monde (2011, 2013) du 800 m féminin, mais surtout athlète intersexuée. Bronzée lundi sur 1500 m, la jeune femme a réveillé, avant la finale du 800 m programmée dimanche prochain, le débat sur la récente étude scientifique, commandée par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), qui démontre que les sportives produisant de la testostérone en excès, comme Semenya, sont avantagées par rapport à leurs rivales. Or depuis deux ans la règle de limitation du taux de testostérone pour les athlètes féminines a été suspendue par le Tribunal arbitral du sport. Une décision que conteste l'IAAF. Ce qui est incontestable, en revanche, c'est que l'arc-en-ciel sud-africain devrait s'étendre pendant un moment sur l'athlétisme mondial. Car la relève arrive… Aux récents Mondiaux cadets, les sprinters sud-africains ont, par exemple, réussi deux doublés sur 100 m et 200 m. "C'est de bon augure, mais laissons-les grandir, prévient néanmoins le "grand frère" Wayde Van Niekerk, 25 ans. Comme moi, ils doivent avoir la chance qu'on leur donne le temps." 800 m messieurs : Bosse champion du monde ! Le Français Pierre-Ambroise Bosse a remporté le titre mondial du 800 m mardi soir au stade olympique de Londres, la première médaille française des Mondiaux 2017 et le 11e titre mondial de l'histoire de l'athlétisme français. Bosse (25 ans) s'est imposé en 1'44'' 67/100e. Au pied du podium aux Jeux de 2016, "alors que je me sentais assez fort pour aller provoquer David Rudisha pour l'or", Bosse était arrivé aux Mondiaux sur la pointe des pieds, souffrant à un ischio-jambier et n'ayant que trois courses à son actif. "Mais je suis un joueur de poker et je dois être là, c'est mon boulot", avait assuré le Nantais. Après avoir passé les séries et, difficilement, les demi-finales, repêché au temps, Bosse a réussi son coup de poker en attaquant à 200 m de l'arrivée et en résistant jusqu'au bout à ses adversaires.
400 m messieurs : Wayde Van Niekerk, sans surprise Le Sud-Africain Wayde Van Niekerk, champion olympique 2016 et détenteur du record du monde (43''03), a remporté le titre mondial du 400 m en bouclant le tour de piste en 43''98, mardi soir à Londres. Van Niekerk, qui vise un doublé 400 m-200 m que seul l'Américain Michael Johnson a réalisé aux Mondiaux 1995 et aux JO 1996, a devancé le Bahaméen Steven Gardiner (44''41) et le Qatari Abdalelah Harouin (44''48).
Javelot dames : Spotakova en or La Tchèque Barbora Spotakova, double championne olympique en 2008 à Pékin et 2012 à Londres, a remporté le titre de championne du monde au javelot, grâce à un jet à 66,76 m, mardi soir au stade olympique de Londres. Spotakova, détentrice du record du monde de la spécialité (72,28 m en 2008), décroche à 36 ans son deuxième titre mondial, dix ans après le premier en 2007 à Osaka. Le podium est complété par les Chinoises Li Lingwei (66,25 m), en argent, et Lyu Huihui (65,26 m), en bronze. Absente aux Mondiaux 2013 à Moscou, après avoir donné naissance à son fils Janek, Spotakova est une ancienne heptathlète.
200 m dames : Bowie forfait L'Américaine Tori Bowie, sacrée championne du monde du 100 m à Londres dimanche et meilleure performeuse mondiale de l'année sur le demi tour de piste, a déclaré forfait lors des séries du 200 m, mardi à Londres. "Tori Bowie a déclaré forfait pour le 200 m car elle continue de se remettre de sa chute à l'issue de la finale du 100 m de dimanche", a tweeté la Fédération américaine d'athlétisme (USATF) un peu plus tard. La présence de Bowie dans le relais américain 4x100 m est incertaine, a précisé l'USATF, l'état de forme de Bowie sera évalué dans les prochains jours.