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Sahara occidental : Les tentatives marocaines toujours "vouées à l'échec"
Publié dans Le Maghreb le 06 - 09 - 2017

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelakder Messahel, a indiqué lundi que les tentatives marocaines répétées contre la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au sein de l'Union africaine (UA) seront toujours "vouées à l'échec", saluant la position de l'organisation panafricaine qui a "fait montre d'unité et de cohésion".
Interrogé par des journalistes sur les agressions marocaines répétées contre les délégations sahraouies aux réunions de l'UA, M. Messahel a déclaré, en marge de l'ouverture de la session ordinaire du Parlement, que "les tentatives marocaines seront toujours vouées à l'échec comme celles de Malabo et au Mozambique".
Le chef de la diplomatie a salué la position de l'UA à cet égard, soulignant que l'organisation panafricaine a "montré que l'Afrique est unie et parle d'une seule voix", rappelant que l'UA "compte actuellement 55 Etats, dont le Sahara occidental et le Maroc".
La délégation de la RASD participant aux travaux de la réunion ministérielle conjointe Japon-Afrique sur le développement de l'Afrique (TICAD-VI), tenue à Maputo (Mozambique) du 23 au 25 août 2017, a été agressée verbalement et physiquement par son homologue marocain.
Le Gouvernement du Mozambique a exprimé son indignation face au comportement (agressions verbale et physique) de la délégation marocaine à l'égard de celle de la RASD et à la pagaille provoquée par les Marocains à l'ouverture des travaux de ladite réunion, qualifiant ces comportement de "violation inacceptable des principes régissant la diplomatie et des engagements internationaux".
La délégation sahraouie a pu assister à la réunion ministérielle en dépit de toutes les tentatives et provocations marocaines.

Préoccupation sur le chantage du Maroc
D'autre part, de nombreux eurodéputés ont exprimé leurs "vives préoccupations" face aux atteintes aux libertés publiques au Maroc, aux violations des droits de l'homme au Sahara occidental, à l'accentuation des inégalités sociales et à la régression constatée en matière de respect des droits des femmes, dénonçant le chantage exercé par les autorités marocaines qui n'ont toujours pas accrédité la nouvelle chef de la délégation de l'UE à Rabat, plusieurs mois après sa nomination.
Qualifiant l'attitude marocaine concernant l'accréditation de l'ambassadeur de l'UE de "mauvais signe", l'eurodéputé espagnol, M. Jordi Solé qui s'exprimait lors d'une réunion consacrée à la présentation d'un compte rendu d'une mission au Maroc de la commission des Affaires étrangères (AFET) au Parlement européen, a estimé que cette attitude "ne va pas dans la bonne direction" pour l'avenir des relations UE-Maroc.
Après plusieurs mois d'attente, la nouvelle chef de la délégation de l'UE au Maroc, Claudia Wiedey n'a toujours pas reçu l'agrément pour prendre ses fonctions officiellement à Rabat.
Le Président de la Commission des Affaires étrangères (AFET), M. David McAllsiter était contraint d'annoncer en séance le report d'un échange de vues à huis clos prévu le jour même (le 30 août dernier) avec Mme Wiedey, faute de son accréditation par le Royaume chérifien.
Le Maroc veut utiliser cette carte pour exercer une pression supplémentaire sur l'UE dans le contexte de négociations entre les deux parties sur l'adaptation de l'accord d'association UE-Maroc aux dispositions prévues dans l'arrêt de la cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 21 décembre 2016 qui a conclu que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental, considéré par la Cour de justice comme un territoire "distinct et séparé" .
Le Maroc utilise également la carte migratoire comme levier de pression et de chantage sur l'UE, comme le relèvent les chiffres en constante augmentation de migrants clandestins transitant par le territoire marocain vers l'Europe, via l'Espagne.
Le député européen a souligné, d'ailleurs, que la visite de la délégation de la Commission AFET au Maroc en juillet dernier est intervenue dans un contexte de "crise dans le Rif, qui persiste encore", insistant sur l'impératif du respect des droits de l'homme, ainsi que de l'arrêt de la CJUE du 21 décembre 2016 et du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Abondant dans le même sens, l'eurodéputé Klaus Buchner a rappelé la nécessité d'appliquer l'arrêt de la CJUE, conformément aux principes qui régissent l'UE, et a dénoncé par la même occasion les violations des droits de l'Homme et les "actions marocaines extrêmement brutales" contre les sahraouis dans les territoires occupés, exhortant l'UE à "ne pas adopter la politique de l'autruche".

Recul en matière du respect des droits des femmes
De son, coté l'eurodéputée française, Patricia Lalonde a relevé lors de sa visite au Maroc un recul notamment en matière du respect des droits des femmes, et a dénoncé la pratique grave de mariages précoces qui prévaut encore dans certaines régions du Maroc, que les autorités marocaines justifient, par la pauvreté et la situation difficile de certaines catégories sociales.
Elle a également mis en garde contre la radicalisation et les activités terroristes, rappelant au passage les derniers attentats de Barcelone et les liens avec la filière marocaine.
L'eurodéputé espagnol Javier Nart a soutenu, de son côté, que "la plupart des terroristes sont marocains ou d'origine marocaine", estimant qu'il s'agit d'une situation "extrêmement grave qu'il faut prendre en compte, notamment le fait que de nombreux marocains ont rejoint les rangs du groupe autoproclamé EI/Daech.
Environ 1.600 marocains combattant dans les rangs de Daech de retour de Syrie et d'Irak ont été enregistrés par les autorités marocaines, dont un quart sont des enfants, selon l'eurodéputé roumain, Cristian Dan Preda, qui reprenait des chiffres qui ont été communiqués à la délégation AFET par le ministre de l'intérieur marocain à l'occasion de la visite.
Par ailleurs, Javier Nart a dénoncé les inégalités sociales "criantes" au Maroc où le roi "brasse un pouvoir très large, qui vaut également pour le pouvoir économique", relevant que "la plus grande fortune marocaine est aux mains de la dynastie alaouite".
Qualifiant le système marocain de "schizophrénique" dans lequel le roi joue un rôle "quasi théocratique", M. Javier Nart a mis en garde l'UE contre le fait d'être purement dans la "contemplation et de se pencher sur des réformes cosmétiques".
De son coté, l'eurodéputée croate, Dubravka Suica, a déploré le nombre réduit de femmes occupant des postes de décisions.
D'autres eurodéputés, à l'instar du Président de la sous-commission des droits de l'Homme, l'italien Pier Antonio Panzeri a mis l'accent sur la nécessite de demeurer vigilant par rapport à la situation qui prévaut au Maroc en accélérant le processus de réformes et en œuvrant à la résolution de la question du Sahara occidental.

L'annexion des eaux du Sahara occidental par le Maroc condamnée
Ainsi, les députés européens condamnent la décision illégale du royaume du Maroc d'inclure dans ses eaux territoriales celles du Sahara occidental lors de la délimitation de ses frontières maritimes avec les îles Canaries (espagnoles), exhortant l'UE à exclure le Sahara occidental du champ d'application de ses accords avec le Maroc conformément à l'arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE).
Les députées européennes Lidia Senra Rodriguez et Paloma Lopez condamnent cette décision illégale du Royaume du Maroc d'inclure les eaux au large des côtes du Sahara occidental dans ses eaux territoriales suite à l'adoption d'un décret délimitant ses frontières maritimes avec les îles Canaries.
Les députées européennes "demandent instamment à la Commission européenne de se conformer à l'arrêt de la CJUE en excluant le Sahara occidental du champ d'application de ses accords avec le Maroc".
Les eurodéputées rappellent, à ce titre, que la Cour européenne de justice a conclu que les accords d'association et de libéralisation entre l'UE et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental.
Relevant le statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental par la charte des Nations unies, la CJUE a soutenu dans son arrêt rendu le 21 décembre dernier qu'"il est exclu de considérer que l'expression territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire".
La CJUE qui a jugé que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts, relevant de souverainetés distinctes, a souligné également dans son arrêt qu'"il ne peut y avoir aucune exploitation économique au Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui".
Lidia Senra Rodriguez et Paloma Lopez ont rappelé, en outre, que le droit international ne reconnaît aucune souveraineté ou juridiction marocaine sur les eaux territoriales du Sahara occidental au sud de la latitude 27 40 N, citant, à ce titre, la Charte des Nations unies, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur le Sahara occidental de 1975 et l'avis juridique de 2002 de l'ONU.
Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont dénoncé cette décision qui "constitue une violation flagrante du droit international et du statut du Sahara occidental en tant que territoire non-autonome inscrit à l'ordre du jour du Comité des Nations-Unies chargé de la décolonisation".
Pour le gouvernement sahraoui et le Front Polisario, une telle décision est "un mépris manifeste de l'arrêt de la Cour internationale de Justice de 1975 et de la décision de la Cour européenne de Justice de 2016 qui réaffirment que le Sahara occidental et le Maroc sont des territoires différents et séparés".
"Cette décision sans effet politique ou juridique sur le plan international est une nouvelle fuite en avant qui cache mal les débours ainsi que la situation difficile que traverse actuellement le Maroc tant sur le plan intérieur que sur le plan africain international", a-t-on ajouté.


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