De nombreux eurodéputés ont exprimé leurs "vives préoccupations" face aux atteintes aux libertés publiques au Maroc, aux violations des droits de l'homme au Sahara occidental, à l'accentuation des inégalités sociales et à la régression constatée en matière de respect des droits des femmes, dénonçant le chantage exercé par les autorités marocaines qui n'ont toujours pas accrédité la nouvelle chef de la délégation de l'UE à Rabat, plusieurs mois après sa nomination. Qualifiant l'attitude marocaine concernant l'accréditation de l'ambassadeur de l'UE de "mauvais signe", l'eurodéputé espagnol, M. Jordi Solé qui s'exprimait lors d'une réunion consacrée à la présentation d'un compte rendu d'une mission au Maroc de la commission des Affaires étrangères (AFET) au Parlement européen, a estimé que cette attitude "ne va pas dans la bonne direction" pour l'avenir des relations UE-Maroc. Après plusieurs mois d'attente, la nouvelle chef de la délégation de l'UE au Maroc, Claudia Wiedey n'a toujours pas reçu l'agrément pour prendre ses fonctions officiellement à Rabat. Le Président de la Commission des Affaires étrangères (AFET), M. David McAllsiter était contraint d'annoncer en séance le report d'un échange de vues à huis clos prévu le jour même (le 30 août dernier) avec Mme Wiedey, faute de son accréditation par le Royaume chérifien. Le Maroc veut utiliser cette carte pour exercer une pression supplémentaire sur l'UE dans le contexte de négociations entre les deux parties sur l'adaptation de l'accord d'association UE-Maroc aux dispositions prévues dans l'arrêt de la cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 21 décembre 2016 qui a conclu que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental, considéré par la Cour de justice comme un territoire "distinct et séparé" . Le Maroc utilise également la carte migratoire comme levier de pression et de chantage sur l'UE, comme le relève les chiffres en constante augmentation de migrants clandestins transitant par le territoire marocain vers l'Europe, via l'Espagne. Le député européen a souligné, d'ailleurs, que la visite de la délégation de la Commission AFET au Maroc en juillet dernier est intervenue dans un contexte de "crise dans le Rif, qui persiste encore", insistant sur l'impératif du respect des droits de l'homme, ainsi que de l'arrêt de la CJUE du 21 décembre 2016 et du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Abondant dans le même sens, l'eurodéputé Klaus Buchner a rappelé la nécessité d'appliquer l'arrêt de la CJUE, conformément aux principes qui régissent l'UE, et a dénoncé par la même occasion les violations des droits de l'Homme et les "actions marocaines extrêmement brutales" contre les sahraouis dans les territoires occupés, exhortant l'UE à "ne pas adopter la politique de l'autruche". ====Attaques terroristes en Europe : connexion avec la filière marocaine==== De son, coté l'eurodéputée française, Patricia Lalonde a relevé lors de sa visite au Maroc un recul notamment en matière du respect des droits des femmes, et a dénoncé la pratique grave de mariages précoces qui prévaut encore dans certaines régions du Maroc, que les autorités marocaines justifient, par la pauvreté et la situation difficile de certaines catégories sociales. Elle a également mis en garde contre la radicalisation et les activités terroristes, rappelant au passage les derniers attentats de Barcelone et les liens avec la filière marocaine . L'eurodéputé espagnol Javier Nart a soutenu, de son côté, que "la plupart des terroristes sont marocains ou d'origine marocaine", estimant qu'il s'agit d'une situation "extrêmement grave qu'il faut prendre en compte, notamment le fait que de nombreux marocains ont rejoint les rangs du groupe autoproclamé EI/Daech. Environ 1.600 marocains combattant dans les rangs de Daech de retour de Syrie et d'Irak ont été enregistrés par les autorités marocaines, dont un quart sont des enfants, selon l'eurodéputé roumain, Cristian Dan Preda, qui reprenait des chiffres qui ont été communiqués à la délégation AFET par le ministre de l'intérieur marocain à l'occasion de la visite. Par ailleurs, Javier Nart a dénoncé les inégalités sociales "criantes" au Maroc où le roi "brasse un pouvoir très large, qui vaut également pour le pouvoir économique", relevant que "la plus grande fortune marocaine est aux mains de la dynastie alaouite". Qualifiant le système marocain de "schizophrénique" dans lequel le roi joue un rôle "quasi théocratique", M. Javier Nart a mis en garde l'UE contre le fait d'être purement dans la "contemplation et de se pencher sur des réformes cosmétiques". De son coté, l'eurodéputée croate, Dubravka Suica, a déploré le nombre réduit de femmes occupant des postes de décisions. D'autres eurodéputés, à l'instar du Président de la sous-commission des droits de l'Homme, l'italien Pier Antonio Panzeri a mis l'accent sur la nécessite de demeurer vigilant par rapport à la situation qui prévaut au Maroc en accélérant le processus de réformes et en oeuvrant à la résolution de la question du Sahara occidental.