Le plan de financement de la construction du gazoduc Nord Stream 2 devrait être modifié à cause des nouvelles sanctions américaines, mais les Européens ne le considèrent pas comme une catastrophe et reconnaissent même qu'ils recherchent des moyens de tromper les Etats-Unis. L'entreprise énergétique autrichienne OMV attend une modification du plan de financement de la construction du gazoduc Nord Stream 2 à cause de nouvelles sanctions américaines. Son P-DG Rajner Zele estime que les participants au projet seront obligés de lever des fonds auprès des banques russes ou asiatiques, soit d'investir plus de leurs propres ressources. Selon le quotidien Vzgliad. Le fait est que les partenaires occidentaux de Gazprom n'ont évidemment aucune envie d'être ciblés par les sanctions américaines interdisant de financer Nord Stream 2. C'est pourquoi ils seront officiellement prêts à respecter ces restrictions. Ils reconnaissaient néanmoins qu'ils recherchent déjà des lacunes pour accomplir tous leurs engagements financiers concernant le projet de gazoduc. Cette fidélité des partenaires européens de Gazprom témoigne non seulement de l'importance de Nord Stream 2 pour l'Europe, mais aussi de ses avantages commerciaux considérables. La première tranche de financement - un milliard d'euros - a déjà été livrée en 2017 par les partenaires de Gazprom. Le virement du reste de la somme prévue pourrait pourtant poser des problèmes. C'est pourquoi les parties cherchent des lacunes pour financer le projet en contournant les sanctions américaines. Des lacunes sont toujours possibles. Par exemple, Novatek, actionnaire principal de Yamal LNG, est actuellement ciblé par les sanctions, mais arrive à obtenir des crédits des structures européennes à l'aide d'une agence d'exportations. Ainsi, on fait recours aux services d'un intermédiaire, qui reçoit des fonds européens pour les transférer ensuite à l'entreprise russe. En ce qui concerne le Nord Stream 2, ce rôle pourrait appartenir à une banque russe ou asiatique. Il existe beaucoup d'options. "Première option: les Européens octroient des fonds à une banque russe qui finance directement Nord Stream 2 AG. Deuxième option: tous les fonds nécessaires seront levés grâce à des crédits asiatiques. Troisième option: un alliage des deux premiers scénarios, comme le fait Novatek. Dans son cas, le crédit principal est octroyé par les Chinois, mais comme il est assez cher, on attire des fonds européens pour baisser le coût", explique Igor Iouchkov, analyste de la Fondation pour la sécurité énergétique nationale. Il est pourtant douteux que les Chinois participent au financement de Nord Stream 2, car ils ne s'intéressent qu'aux projets qui impliquent de telle ou telle manière la Chine (les équipements ou les travailleurs chinois, le gaz pour les consommateurs chinois). "Il s'agira plutôt des Japonais. Ils peuvent investir dans ce projet pour obtenir les intérêts et améliorer leurs relations avec Gazprom. Par ailleurs, ils négocient actuellement l'élargissement du troisième bloc de l'usine de GNL de Sakhaline. Qui plus est, le Japon voudrait obtenir le soutien russe sur la question nord-coréenne", souligne Igor Iouchkov. Il n'est cependant pas exclu que Gazprom doive faire des concessions supplémentaires, notamment en ce qui concerne des tarifs préférentiels de transit de gaz pour ses partenaires européens. Le fait est que le nouveau plan de financement pourrait s'avérer moins avantageux pour ces derniers. Qui plus est, cela pourrait également jouer le rôle d'encouragement face au risque d'une punition américaine.