La start-up estonienne, appuyée par le groupe chinois Didi, a proposé ses premières courses dans les rues parisiennes à des tarifs inférieurs à son concurrent américain. Elle promet de chambouler un peu plus le secteur des VTC. Taxify, application estonienne de mise en relation entre clients et chauffeurs privés, a fait ses grands débuts en France. La plateforme, qui revendique déjà 2000 chauffeurs opérationnels et 5000 sur liste d'attente, est disponible pour les réservations. Son but est clair: conquérir jusqu'à un tiers du marché très disputé des VTC parisiens en un an en proposant des courses à des tarifs inférieurs à ceux d'Uber. Un premier test, effectué une demi-heure après l'ouverture de la plateforme témoigne d'écarts de prix importants entre Uber et Taxify. Et pour cause: la start-up casse les prix pour son lancement avec un rabais de 50% durant tout le mois d'octobre. Ainsi, pour un trajet de 5 kilomètres entre Paris-centre et Paris-ouest, d'une vingtaine de minutes, la société américaine facture 14,89 euros contre 6,95 à 7,70 euros pour l'Estonienne. Le trajet de Paris-centre à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle coûte 45 euros avec Uber contre 20 à 22 euros avec Taxify.
Une commission plus faible La start-up propose également une meilleure rémunération pour ses chauffeurs puisqu'elle ne leur prélève qu'une commission de 15% par course contre 25% pour son concurrent américain. "Cela permettra aux chauffeurs de gagner plus et d'être plus heureux. Et un chauffeur heureux rendra un client heureux", résume Markus Villig, 23 ans, l'un des fondateurs de cette start-up Taxify, qui se dit rentable depuis l'année dernière avec un chiffre d'affaires de l'ordre de plusieurs dizaines de millions d'euros, a déjà une expérience solide dans le secteur des VTC. La jeune pousse, créée en 2013, a déjà conquis l'Est de l'Europe, de l'Estonie, son pays natal, à l'Ukraine ou encore la Géorgie. Elle est également présente en Afrique (Nigeria, Afrique du Sud...), au Mexique et au Moyen Orient. Au total, ses voitures circulent dans 19 pays et la plateforme revendique plus de 3 millions d'utilisateurs. Paris est présenté par ses fondateurs comme une étape logique dans son développement en Europe de l'ouest. Paris "est l'un des plus gros marchés au monde (...) Pour nous, il est extrêmement important d'être là", explique Markus Villig. Mais derrière Taxify se cache en fait l'un des plus féroces rivaux d'Uber: Didi Chuxing, principale application chinoise de réservation de véhicules avec chauffeur. Ce géant, valorisé 50 milliards de dollars, est connu pour avoir fait mordre la poussière à Uber en Chine. À l'issue d'une bataille longue et ruineuse, Didi Chuxing a racheté l'an dernier les opérations d'Uber en Chine. Il affirme contrôler aujourd'hui 90% du marché des VTC dans son pays et la quasi-totalité du marché des réservations de taxi via téléphone mobile. Après avoir pris des participations dans l'application indienne de réservation de taxis Ola, dans l'américain Lyft, rival d'Uber aux Etats-Unis, dans le service brésilien de VTC 99, et dans Grab, l'un des acteurs majeurs du transport à la demande en Asie du Sud-Est, le groupe a décidé début août de mettre un pied en Europe en nouant une alliance stratégique avec Taxify. Didi Chuxing, dirigé par Liu Qing, fille du fondateur de Lenovo, possède un peu moins de 20% du capital de la start-up. Avec cet appui de taille, Taxify espère devenir un acteur incontournable du secteur en France, d'abord à Paris puis dans d'autres villes françaises l'an prochain, selon ses fondateurs. La plateforme arrive dans un terrain favorable aux VTC du point de vue des consommateurs: selon une récente étude du cabinet ORB (commandée par Uber), les meilleurs clients des applications mobiles de VTC sont les Parisiens (48%), devant les Londoniens (46%) et très loin devant les Barcelonais (19%) ou les Berlinois (12%). Mais, comme tous ses rivaux, Taxify devra faire face à la lutte acharnée des taxis. Voyant arriver ce nouveau concurrent d'un mauvais œil, l'Union nationale des taxis (UNT) a déjà fait savoir qu'elle allait saisir la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) au motif que "le nom de l'appli va créer la confusion dans l'esprit du consommateur"…