Le président français, Nicolas Sarkozy, tient à son projet de créer une Union méditerranéenne.Une union qui devrait, à en croire ses dires, améliorer la coopération entre les pays du pourtour méditerranéen. Voulant dissiper toutes les craintes et amortir les réticences, M. Sarkozy compte organiser, au premier semestre de la présente année 2008, une rencontre qui devrait regrouper les pays «concernés» par son initiative. En attendant, le nouveau président de la République française renforce ses concertations. Il a effectué de nombreuses tournées dans la région pour avoir le soutien de ses homologues. Des tournées, dont l'escale algérienne demeure, pour de nombreux analystes, la plus intéressante et la plus déterminante à la fois. La dernière visite officielle de M. Sarkozy en Algérie était bel et bien très mouvementée et riche en termes de débats. Quoi qu'il en soit, si la proposition de M. Sarkozy a eu dans l'ensemble un écho «favorable» auprès de l'Algérie, cela ne veut nullement dire qu'elle ne fera pas l'objet d'un débat. Des intellectuels algériens réunis récemment à Paris ont, par exemple, passé au peigne fin l'idée de lancer une Union méditerranéenne et souhaitent l'émergence d'un “partenariat gagnant-gagnant” visant à réduire les écarts de développement entre les deux rives de la Méditerranée. Parmi eux, la sénatrice Bariza Khiari espère que le projet ne sera pas une simple formule de substitution au Processus de Barcelone qui, par exemple, a valorisé le sécuritaire et la question de l'immigration au détriment du dialogue interculturel, des échanges humains, du social. «L'UM n'a pas à se diluer dans l'UE», a-t-elle souligné, jugeant nécessaire que chaque région puisse garder son cachet spécifique, “tout comme l'Union du Maghreb arabe dont la construction doit être menée à son terme”, a-t-elle dit à un confrère. M. Ghaleb Bencheikh, théologien et animateur d'une émission télévisée sur le culte musulman estime, pour sa part, qu'un projet ficelé, unilatéral, ne marchera jamais. Avant qu'”il faut rester vigilant face aux arrières-pensées éventuelles de ce projet, en déceler les véritables intentions”, a-t-il averti, citant lui aussi les “incertitudes” autour de la question palestinienne, de la Turquie et de la gestion jugée par trop musclée des flux migratoires. Un avis partagé par Nadia Benacer, présidente du Réseau des ingénieurs-consultants-experts franco-algériens (ICE), pour qui “il y a un paradoxe entre ce projet d'UM et les blocages européens et français dans la circulation des personnes entre les deux rives, particulièrement dans un contexte de mondialisation”.