L'idée première d'un tel projet a été émise par Nicolas Sarkozy lorsque, candidat à la présidentielle française du 7 février 2007, il annonça à partir de Toulon « la création d'une union méditerranéenne qui aura vocation à travailler étroitement avec l'Europe ». La tendance étant aux ensembles et regroupements, Sarkozy voulait donner à la France la primeur de lancer un des plus importants ensembles sur lequel s'était reposé, il y a plusieurs siècles, l'empire romain. Loin des visées colonialistes des Romains, ce nouveau regroupement des pays de la Mare Nostrum se devait d'être une union où, en toute souveraineté, les pays du pourtour méditerranéen militeraient pour la préservation de l'espace géographique les réunissant et veilleraient à le rendre paisible et porteur de projets mutuellement bénéfiques pour le nord et le sud de la Méditerranée. Une fois élu, c'est à un véritable ballet diplomatique que le président français s'est prêté pour convaincre les pays des deux rives de la Méditerranée d'adhérer à son projet. Son premier appel a été lancé le 25 octobre 2007, à partir de la ville marocaine de Tanger. « A tous les Méditerranéens qui rêvent de paix et de fraternité… nous bâtirons l'Union de la Méditerranée comme l'Union de l'Europe sur une volonté politique plus forte que le souvenir de la souffrance, sur la conviction que l'avenir compte davantage que le passé », lance-t-il sur un ton se voulant rassembleur et briseur de frontières. Cependant, les frontières existent bel et bien et demeureront tant que le processus d'union n'est pas fait à l'image de celui de l'Union européenne. Sarkozy ne tarde pas à se voir contredit par ses pairs européens et rattrapé par une réalité géopolitique des plus sensibles. Après l'appel de Rome du 20 décembre 2007, lancé par le trio Sarkozy, l'Espagnol Zapatero et l'Italien Prodi, qui donne une forme au projet méditerranéen et fixe la date du sommet pour le 13 juillet 2008 à Paris, la Commission et le Parlement européens réagissent pour accuser Sarkozy de vouloir enterrer le processus de Barcelone. L'Allemagne d'Angela Merkel pesa de tout son poids diplomatique pour rallier les autres pays d'Europe à la crainte de voir cette union fragiliser la cohésion de l'UE. Berlin finit par imposer, le 3 mars 2008, l'élargissement du projet aux pays européens non méditerranéens et transforme le nom du projet en Union pour la Méditerranée (UPM). Bruxelles prend le relais dix jours plus tard pour exiger que l'UPM soit une continuité et un renforcement du processus de Barcelone et non pas une rupture. De son côté, la Turquie, qui se voit chassée par Sarkozy de l'Europe mais priée d'adhérer à l'UPM, monte au créneau et n'affiche aucun enthousiasme pour le projet français. Les pays du Sud ne saisissent plus la volte-face européenne et se demandent même si l'objectif caché n'était pas de mener à une normalisation des relations avec Israël ? Ils ont peur aussi de servir de faire-valoir à un Nord méditerranéen cherchant à avoir la mainmise sur un nouvel échiquier géostratégique. Les représentants des pays de la rive sud se sont réunis à Tripoli quelques jours avant le sommet de Paris où Kadhafi a vertement qualifié l'UPM « d'affront à la rive sud ». Des rivalités entre pays du Sud se font aussi jour, notamment au sujet de la co-présidence de l'UPM et du pays d'accueil du siège de cette union. Le 13 juillet 2008, le sommet de Paris accueillait avec faste 44 pays pour marquer la naissance de l'UPM.