Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a appelé Israël à lever le blocus imposé à la bande de Gaza et l'Autorité palestinienne à lutter contre les "mouvements terroristes", au premier jour samedi d'une visite dans la région.M. Kouchner, arrivé dans la nuit en Israël, a rencontré, hier matin, à Jérusalem-est le responsable des Affaires humanitaires à l'ONU, John Holmes, qui s'était déclaré "choqué par la misère" qu'il a constatée lors d'une visite la veille dans la bande de Gaza. Le ministre français devait ensuite se rendre dans la ville de Bethléem en Cisjordanie pour visiter un hôpital et s'entretenir avec le maire de la ville Victor Batarseh. En fin d'après-midi, il doit rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah. Dimanche, il s'entretiendra à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert, la chef de la diplomatie Tzipi Livni et le ministre de la Défense Ehud Barak. Les entretiens porteront notamment sur l'évolution du processus de paix israélo-palestinien et la situation dans Gaza où Israël impose depuis le 17 janvier un blocus en représailles aux tirs de roquettes palestiniennes, provoquant des pénuries de produits de base et des coupures d'électricité. "La situation économique et humanitaire à Gaza est particulièrement mauvaise. Les mesures de blocus mises en oeuvre affectent directement l'ensemble de l'économie et des conditions de vie", a déclaré M. Kouchner dans une interview à Al-Quds, le principal quotidien palestinien, publiée samedi. "Nous appelons à la levée du blocus de Gaza. Il faut que les marchandises et les hommes puissent circuler", a-t-il ajouté. M. Kouchner a en outre appelé MM. Olmert et Abbas à respecter les engagements pris en novembre 2007 à la conférence d'Annapolis aux Etats-Unis, où ils ont relancé les négociations de paix après sept ans d'impasse avec l'objectif affiché de parvenir à un accord de paix avant fin 2008. "Il s'agit principalement pour Israël de geler totalement la colonisation en Cisjordanie comme à Jérusalem-est, de démanteler toutes les colonies dites illégales et de rouvrir les institutions palestiniennes de Jérusalem-est, notamment la Maison d'Orient et la Chambre de commerce", a-t-il dit. "On ne le redira jamais assez: la colonisation constitue un obstacle à la paix, elle est contraire au principe de l'échange de la terre contre la paix. L'Etat palestinien doit être viable pour exister véritablement". En ce qui concerne l'Autorité palestinienne, elle doit selon lui "faire des efforts très importants pour lutter contre les mouvements terroristes et réformer les services de sécurité pour qu'ils soient plus efficaces". Des "progrès très encourageants ont été réalisés" mais il faut "aller plus loin". M. Kouchner, dont la dernière visite à Jérusalem et Ramallah remonte à novembre 2007, a affirmé que la France, "en tant que présidente de l'Union européenne, à partir du 1er juillet 2008, se fixera des objectifs ambitieux pour aboutir à une résolution du conflit". "La France espère qu'un Etat palestinien verra bien le jour en 2008. Mais la France ne fait pas qu'espérer, elle agit pour que ce projet, ce rêve voit le jour très rapidement", a-t-il assuré.