Pour la première fois, l'opposition syrienne pourrait être représentée par une délégation unie lors des prochaines négociations de Genève sur le processus de paix en Syrie. L'information provient de plusieurs sources de l'opposition extérieure, écrit mardi le quotidien Izvestia. Et ce n'est pas tout: les interlocuteurs sont également disposés à entamer un dialogue ouvert avec Damas. Les représentants de l'opposition intérieure indiquent toutefois que plusieurs différends doivent être surmontés avant la formation d'une délégation commune. Le parti Baas au pouvoir a annoncé qu'il était favorable au rassemblement des opposants et prône également des négociations sans intermédiaires. Les experts expliquent cet éventuel progrès par l'aspiration de l'opposition à relancer le dialogue, qui fait du surplace, avec un objectif: ne pas tomber hors des processus politiques. La deuxième réunion des représentants de l'opposition intérieure (groupes de Moscou et du Caire) et extérieure (groupe de Riyad) est prévue dans la capitale saoudienne d'ici la fin du mois. A son issue devrait être prise la décision de constituer une délégation commune pour négocier avec les représentants de Damas à Genève. C'est ce qu'indiquent des sources de l'opposition syrienne extérieure sponsorisée par plusieurs pays étrangers. Le leader du groupe de Moscou Qadri Jamil a fait part de son soutien à la création d'une délégation unie et au passage à des négociations sans médiateurs. Néanmoins, selon lui, l'approche de l'opposition extérieure sur ces questions est encore loin d'être constructive. "Ils veulent réunir d'autres plateformes sous leur autorité. Mais nous avons besoin d'un dialogue équitable pour créer une délégation commune", a noté Qadri Jamil. A l'heure actuelle, les négociations de Genève sur le règlement du conflit en Syrie se déroulent avec la médiation de l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura. Ce dernier communique tour à tour avec les parties et rapporte la position de chacune d'elles à l'autre. Mais le dialogue est compliqué par le fait que l'opposition est représentée par plusieurs délégations à Genève. Tout cela n'a permis de conduire pour l'instant qu'à une entente sur la nécessité de former un gouvernement de transition, de rédiger une nouvelle Constitution syrienne et d'organiser les élections (ce qui reprend les termes de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies), ainsi que de lutter contre le terrorisme. Damas a salué l'unification des rangs de l'opposition et la disposition de cette dernière au dialogue direct. "Nous avons toujours insisté sur la formation d'une délégation commune de l'opposition et des négociations sans médiation. La présence à Genève des groupes de Moscou, du Caire et de Riyad ne fait que compliquer le dialogue", a noté Jamal Rabia, député syrien du Baas. Dans le même temps, seul le format d'Astana apporte une contribution réelle au processus de paix syrien auquel participe Damas et l'opposition armée, estime Stanislav Tarassov, directeur du centre de recherche Moyen-Orient-Caucase. Il note que les opposants syriens qui n'ont pas de troupes armées derrière eux pourraient rester sur la touche. Les plans de l'opposition de créer une délégation commune et de donner un coup de pouce aux négociations de Genève peuvent s'expliquer par la volonté de se faire une place dans le dialogue politique sur le règlement post-conflit à venir. Sinon, d'autres participants aux négociations pourraient se demander à quoi bon discuter avec des gens qui ne décident de rien. Le prochain cycle de négociations est attendu pour fin octobre-début novembre à Genève, selon Staffan de Mistura.