Le choc des ouragans aux Etats-Unis n'a pas dérouté la solide trajectoire de la croissance économique au 3e trimestre qui, pour la deuxième fois cette année, atteint l'objectif de 3% visé par l'administration Trump. De juillet à septembre, l'expansion du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est établie à 3% en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, après 3,1% au deuxième trimestre et seulement 1,2% au premier. C'est bien au-dessus des prévisions des analystes qui tablaient sur un tassement de la croissance à 2,4% du fait de l'impact des ouragans Harvey et Irma dans le sud du pays à la fin de l'été. Ces deux trimestres de suite à la barre des 3% constituent "les deux meilleurs trimestres coup sur coup depuis 2014", a salué l'économiste de FTN Financial Chris Low. "Cela va réjouir la Maison Blanche et démontre que les ouragans n'ont eu finalement qu'un impact limité sur l'économie", a affirmé pour sa part Paul Ashworth, de Capital Economics. La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, soulignant aussi les sommets de la Bourse et le faible taux de chômage (4,2%), a mis en avant "la poussée de l'économie américaine grâce au leadership" de Donald Trump. Pour le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, la progression de l'activité "prouve que le programme ambitieux du président Trump surmonte peu à peu la lamentable économie héritée de l'administration précédente". L'administration Trump, qui fonde sa politique économique sur des projets de réductions d'impôts, notamment pour les entreprises, et de vastes mesures de dérégulation, affirme qu'elle peut faire accélérer l'expansion au-dessus de 3% durablement. Depuis la crise financière de 2008-2009 et la récession qui s'en est suivie, la croissance de l'économie n'a pas dépassé en moyenne 2% annuels. La bonne surprise de cette première estimation trimestrielle, qui fera l'objet d'au moins deux révisions, est que la consommation des ménages, même si elle a faibli, est restée relativement solide à + 2,4% contre 3,3%. Les analystes s'attendaient au contraire à un affaissement plus prononcé des dépenses des consommateurs à la suite des dévastations provoquées par les ouragans en Louisiane, au Texas et en Floride. Porto Rico, qui est un territoire associé et non un Etat et qui a été dévasté par l'ouragan Maria, n'est pas inclus dans ces comptes. La consommation, locomotive traditionnelle de la première économie mondiale, a fait gagner au 3e trimestre 1,6 point de croissance, moins qu'au 2e trimestre mais plus qu'au premier. Les Américains ont notamment acheté davantage de biens durables (+8,3%) comme de l'électroménager ou des voitures.
Poids des stocks L'expansion a été aussi nettement tirée par la reconstitution des stocks des entreprises qui ont compté pour 0,73 point de croissance. Le stockage n'est toutefois pas forcément vu comme un élément dynamique de l'activité car ce sont autant d'articles qui ne seront pas produits le prochain trimestre à moins de ventes exceptionnelles. Sans compter cette évolution des stocks, la progression des ventes finales - un chiffre que beaucoup considèrent comme une image plus fidèle de la santé du PIB -, a ralenti à 2,3% au lieu de 3% le trimestre d'avant, montrant que les ouragans ont tout de même pesé sur la consommation. L'investissement privé affiche une hausse de 6%, tiré par les dépenses dans les équipements (+8,6%) et les droits de propriété intellectuelle (+4,3%) notamment les logiciels. En revanche le marché immobilier résidentiel, qui souffre d'un manque de stocks de maisons à vendre et d'une cherté des prix, accuse son deuxième trimestre d'affilée dans le rouge, reculant de 6% après déjà -7,3% au 2e trimestre. Les exportations ont augmenté plus faiblement qu'au trimestre précédent à + 2,3% tandis que, point positif pour les comptes du pays, les importations ont faibli de 0,8%, marquant leur recul le plus important depuis trois ans. Les dépenses du gouvernement ont baissé globalement de 0,1%, la hausse des dépenses fédérales (+1,1%), nourries surtout par la défense, ayant tout juste compensé la décrue des dépenses des Etats et collectivités locales (-0,9%). Sur les quatre derniers trimestres, la croissance américaine s'établit à 2,3%, le rythme le plus rapide depuis deux ans. Les prévisions de la Fed pour 2017 sont de 2,4% et de 2,2% pour le FMI. Le bon chiffre d'activité du 3e trimestre devrait persuader un peu plus la banque centrale, qui tient une réunion monétaire mardi et mercredi sans décision attendue, qu'une hausse des taux d'intérêt est opportune en décembre.