Le mouvement de contestation se poursuivait dans la ville de Jerada (nord-est marocain), où l'appel à une nouvelle manifestation a été lancé pour ce samedi après celle organisée la veille pour dénoncer le "chômage" et la "marginalisation" de la région. Après le rassemblement de vendredi, les militants contestataires ont renouvelé leur volonté de se réunir encore une fois samedi, après qu'ils ont voté à main levée. "Nous n'arrêterons les manifestations que le jour où nos revendications seront entièrement satisfaites. On ira jusqu'au bout", a promis Zahra Haroud l'une des leaders du mouvement social "Hirak de Jerada", qui rassemble plusieurs organismes politiques syndicaux et société civile à savoir: la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union marocaine du travail (UMT), l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), le pôle syndical du mouvement d'al-Adl wal Ihssane, ainsi que d'autres associations. "Nos revendications sont légitimes. Nous demandons une alternative économique pour nos jeunes", a déclaré Zahra Haroud, présidente de l'Association des jeunes chômeurs, l'une des principales structures du mouvement social qui rassemble la société civile et des partis politiques de gauche. L'appel à la grève générale a été largement suivi vendredi, où des milliers d'habitants sont sortis protester contre le "chômage" et la "marginalisation et la plupart des commerçants ont baissé leurs rideaux, pour réclamer une alternative économique. Depuis une semaine, la colère prend une grande dimension à Jerada après la mort de deux ouvriers, Houcine et Jedouane, âgés de 23 et 30 ans, victimes de l'effondrement d'une mine de charbon. Leur mort a provoqué colère et émoi au sein de la population locale qui conteste également la "cherté de l'eau et de l'électricité" dans la ville. "Il a fallu 48 heures pour extraire les corps, faute de moyens nécessaires. Ce qui a fait monter encore plus la tension", s'indigne Mme Haroud. Trois jours après ce drame, la mobilisation ne faiblit pas. Environ 8 000 personnes se sont rassemblées en ce "vendredi de la colère" devant la mairie de Jerada. Les manifestants ont scandé des slogans qui rappellent ceux du Mouvement Hirak al-Rif, "égalité sociale, travail et dignité", alors que les forces de sécurité présentes sur place ont tenté de leur barrer la route. Mercredi, une manifestation monstre a rassemblé 4 000 personnes, selon l'AMDH. Les militants ont dénoncé sur les réseaux sociaux des intimidations du pouvoir à l'égard des commerçants de la ville. Selon des données de l'organisme des statistiques marocain, Jerada est l'une des communes les plus pauvres du Royaume. La ville subit une crise sociale depuis 2000, année de la fermeture des mines d'exploitation du charbon. Les manifestants de Jerada ont été rejoints par les habitants des autres villages de la région qui se sont déplacés, notamment ceux de Guenfouda un petit village sur la route de Oujda, à 30 km de Jerada, et du village Teguafayt et Tiwli. A Rabat, la capitale, des activistes des droits de l'Homme et des syndicats ont organisé un rassemblement devant le Parlement en soutien au Hirak de Jerada du Rif et de Zagwa, mais aussi contre la vie chère.