La Bourse de New York a fini en baisse vendredi, sous la pression d'Apple, de Goldman Sachs et d'un mouvement plus général de prises de bénéfice, au terme d'une année qui a été la plus faste pour le marché boursier américain depuis 2013. Apple, la première capitalisation boursière mondiale, a cédé 1,08% après avoir dû faire de rares excuses au sujet de ses iPhone anciens qu'une mise à jour fait ralentir, tandis que Goldman Sachs a reculé de 0,68% en réaction à un abaissement de ses prévisions de résultats. L'indice Dow Jones des 30 grandes valeurs a cédé 118,29 points, soit 0,48%, à 24.719,22 et le S&P-500, plus large, a perdu 13,93 points ou 0,52% à 2.673,61. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 46,77 points (0,67%) à 6.903,39. Cette semaine écourtée - le marché était fermé lundi pour Noël - a vu les trois indices reculer légèrement dans des volumes insignifiants (-0,13% pour le Dow, -0,36% pour le S&P et -0,81% pour le Nasdaq) mais le Dow a pris près de 2% sur le mois de décembre et 10% sur le quatrième trimestre, le S&P prenant pour sa part respectivement 1% et 6%. Sur l'ensemble de l'année, le Dow Jones a gagné 25,1% et le S&P-500 19,4%, leur meilleure performance en quatre ans. Le Nasdaq, à forte pondération technologique, a limité son avance à moins de 1% en décembre et 6% sur le trimestre mais il termine l'année sur un gain de 28,2%, là aussi son meilleur cru depuis 2013. "A tous points de vue 2017 a été une année formidable pour la Bourse", commente Arian Vojdani, responsable de la stratégie chez MV Financial à Bethesda (Maryland). "Les valorisations sont élevées mais si les cours et les résultats de sociétés continuent de converger, il n'y pas d'inquiétude à avoir." Wall Street a volé de record en record cette année, portée tout à la fois par l'amélioration de la conjoncture économique mondiale, de solides résultats d'entreprises et un environnement de taux qui reste favorable même si la Réserve fédérale a relevé à trois reprises ses taux directeurs. Le marché a fait preuve en outre d'une étonnante résilience en dépit des tensions avec la Corée du Nord et des difficultés de la nouvelle administration Trump à faire passer ses réformes. Le S&P, indice de référence des gérants américains, n'a connu que quatre séances de baisse de plus de 1% sur toute l'année. Au niveau sectoriel, l'indice des technologiques a réalisé les plus forts gains avec un bond de 37%, emmené par Micron Technology (+87,6%), tandis que les télécoms (-6%) et l'énergie (-3,8%) ont été les deux seuls secteurs à finir l'année dans le rouge.
Les indices sectoriels dans le rouge Les analystes s'attendent à une poursuite de la hausse en 2018 grâce aux effets de la réforme fiscale qui vient d'être adoptée par le Congrès, même si elle affectera ponctuellement les bénéfices de certaines grandes entreprises dans un premier temps. "Mais il y a beaucoup d'optimisme intégré dans les cours et cela peut laisser de la place à une déception", avertit Sam Stovall, stratège chez CFRA Research à New York. Les 11 grands indices sectoriels S&P ont fini dans le rouge vendredi à l'exception de celui des services aux collectivités qui a fini inchangé, ces valeurs étant protégées par leur profil défensif. Les télécoms ont accusé la plus forte baisse (-0,91%), suivies des valeurs de la santé (-0,73%), des financières (-0,70%) et des biens de consommation non essentiels (-0,66%). Dans ce dernier secteur, Amazon a rétrocédé 1,40% après avoir été ciblé par le président Trump dans un tweet réclamant une hausse des tarifs postaux aux Etats-Unis. Du côté des valeurs moyennes, le spécialiste de la vidéo numérique TiVo a bondi de 11,43% à 15,60 dollars en réaction à un article du site d'informations TheStreet selon lequel il a reçu des manifestations d'intérêt de la part de sociétés de capital-investissement prêtes à débourser 20 dollars par action. L'indice S&P des technologiques a reculé de 0,66%. Les volumes ont restés faibles avec 4,94 milliards d'actions échangée contre une moyenne de 6,4 milliards sur les 20 dernières séances.
Le dollar en baisse de 10% en 2017 Sur le marché des changes, le dollar a poursuivi son mouvement baissier entamé à la mi-décembre pour finir l'année en repli de 14% face à l'euro et de 10% face à un panier de six grandes devises, soit sa plus forte baisse depuis 2003. Sur la séance, l'euro/dollar a atteint un pic de trois mois à 1,2013, non loin de son plus haut annuel de 1,2092 dollar atteint en août. L'indice dollar a pour sa part touché un plus bas de trois mois de 92,169. Le repli de la Bourse et des rééquilibrages de portefeuilles en fin d'année ont profité au marché obligataire, qui n'a eu qu'une demi-séance de transactions avant le Nouvel An. L'emprunt de référence à 10 ans a progressé de 8/32 pour un rendement de 2,405%, contre 2,436% la veille et 2,439% au premier jour de 2017 - signe que le marché a continué de bénéficier d'une forte demande et du bas niveau de l'inflation malgré trois hausses de taux. L'année a surtout été pénalisante pour les échéances courtes, sensibles aux relèvements des taux. Le rendement des obligations à cinq ans a augmenté de 15% sur l'ensemble de l'année, sa plus forte hausse depuis 2013, pour atteindre 2,21%. Celui des notes à deux ans a fini l'année à 1,89%, soit une hausse de 58% qui est la plus élevée depuis 2014. La courbe de rendement entre le deux ans et le 10 ans avait reculé mercredi à 50 points de base, au plus bas depuis octobre 2007. Les marchés financiers seront fermés lundi pour le Nouvel An.
2017, année des records Un an après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, Wall Street se targue d'une insolente progression, portée par les promesses du candidat républicain et par un alignement exceptionnel des planètes économiques. "C'est une année remarquable pour les investisseurs en actions", a jugé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management. Les trois principaux indices de Wall Street ont affiché des hausses jamais observées depuis 2013, le Dow Jones bondissant de 25,08%, le Nasdaq de 28,24% et le S&P 500 de 19,42%, collectionnant au passage les records tout au long de l'année. "Le Dow Jones a inscrit 71 records en 2017, ce qui ne s'est pas vu depuis la création de l'indice en 1896. Le S&P 500 en a décroché 62, s'inscrivant derrière l'année 1995 avec 77 clôtures à des sommets", a calculé Howard Silverblatt de S&P Dow Jones Indices. Sur l'année, 5 des 11 secteurs qui composent le S&P 500 ont avancé de plus de 20%, les plus fortes hausses revenant aux sociétés de la technologie (+36,9%) et de la finance (+20,03%). Malgré quelques déboires en fin d'année, Apple s'est ainsi envolée de 46%, Facebook de 53%, JPMorgan de 24% et Bank of America de 33%. A l'inverse, l'énergie (-3,8%) et les télécoms (-5,9%) font partie des secteurs perdants.
Chute du dollar Ces progressions rarement observées ont été le fruit d'une multitude de facteurs selon les analystes. "D'une façon assez exceptionnelle, toutes les planètes se sont alignées. La forte croissance mondiale a eu un impact très rapide sur les résultats des entreprises", a estimé Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services. "A cela il faut ajouter la baisse du dollar et l'espoir de réformes fiscales en Europe et aux Etats-Unis qui ont été des moteurs extrêmement puissants." Le dollar a reculé de près de 10% sur l'année, favorisant les revenus des grandes entreprises exportatrices américaines. Promesse de Donald Trump à son arrivée au pouvoir, la grande réforme fiscale qui va notamment abaisser le taux d'imposition des entreprises de 35% à 21%, a en outre été reçue par Wall Street comme une manière d'améliorer encore davantage les profits des sociétés. "On pourrait qualifier Wall Street cette année de marché +téflon+. Aucune mauvaise nouvelle, Corée du Nord, menace de blocage sur le budget ou autre, n'a réellement accroché les indices plus d'un ou deux jours", a par ailleurs remarqué M. Volokhine, soulignant que les indices ne sont pas euphoriques mais "reflètent les réalités économiques qui sont presque partout meilleures que prévu". Les acteurs de Wall Street ont d'autant plus observé 2017 comme un bon cru que le niveau de volatilité sur les valeurs a été particulièrement faible.
Volatilité en berne Alors que la hausse des cours a été supérieure à la normale, "la volatilité a été inférieure à la normale. En d'autres termes l'année 2017 pourrait être qualifiée de +déjeuner gratuit+", a expliqué Sam Stovall de CFRA, les investisseurs ayant profité de rendements conséquents dans un environnement peu risqué. De plus, les taux de rendement sur les bons du Trésor américains sont restés très bas "malgré trois hausses des taux d'intérêts de la banque centrale américaine", rappelle William Lynch de Hinsdale Associates. Le taux d'intérêt à 10 ans a terminé l'année à 2,431%, soit un niveau proche de celui de janvier. "Les rendements offerts ont été très bas pour les investisseurs dans les produits à revenus fixes (produits liés aux taux d'intérêt) qui du coup se sont déportés vers le marché action", a-t-il ajouté. A l'entame de 2018, les analystes semblent voir peu de nuages à l'horizon. "Les effets de la réforme fiscale vont commencer à se faire ressentir dès cette nouvelle année. Dans deux semaines, la saison des résultats reprend avec JPMorgan et WellsFargo en tête. Les résultats sont attendus en hausse", a noté M. Silverblatt.