Le déficit du budget de l'Etat s'est réduit de 1,3 milliard d'euros l'an dernier, démentant le pessimisme initial du gouvernement, qui a profité d'une hausse des rentrées fiscales en 2017 sur fond d'accélération de la croissance. Sur l'ensemble de l'année écoulée, le déficit budgétaire a atteint 67,8 milliards d'euros, contre 69,1 milliards en 2016. Il s'agit de son plus bas niveau depuis 2008, a précisé mardi le ministère des Comptes publics. Selon Bercy, le solde des comptes de l'Etat ressort "en amélioration substantielle de plus de 6 milliards d'euros" par rapport à la dernière prévision du gouvernement, intégrée dans la loi de finances rectificative fin 2017. Ce chiffre traduit "le respect des engagements pris par le gouvernement en matière de maîtrise des dépenses et de réduction du déficit", a souligné dans un communiqué le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, disant vouloir "poursuivre" cet "effort" en 2018. Il "balaye" ainsi "définitivement le procès injuste et inutile qui avait été fait à notre gestion des finances publiques au début de 2017 et les critiques qui ont été portées contre nos prévisions budgétaires", ont déclaré les anciens ministres Michel Sapin et Christian Eckert. Le gouvernement, sous François Hollande, avait prévu un déficit budgétaire de 69,3 milliards d'euros pour 2017. Cet objectif avait été relevé à 74,1 milliards par le gouvernement d'Edouard Philippe en raison des dépenses non budgétées par l'équipe sortante. Un dérapage budgétaire est "probable, je pense même que c'est un risque extrêmement fort", avait mis en garde le Premier ministre, après un audit alarmiste de la Cour des comptes sur l'état des comptes publics. Dans ce rapport, la Cour avait dénoncé l'"insincérité" des prévisions de l'ancien gouvernement, évoquant un risque fort de dérapage du déficit public. Cet audit avait conduit le gouvernement à annoncer plusieurs milliards d'euros d'économies sur le périmètre de l'Etat.
'Pas de cagnotte' Le déficit du budget de l'Etat est une des trois composantes du déficit public, avec ceux de la Sécurité sociale et des collectivités locales. Ce chiffre global, le plus important aux yeux de Bruxelles, ne sera connu qu'à la fin du mois de mars. Au vu des résultats enregistrés au niveau du budget de l'Etat, les choses vont désormais "dans le bon sens", a souligné mardi l'entourage de M. Darmanin, optimiste sur les "capacités" de la France à tenir ses engagements européens. A l'origine de ce changement de tendance: une maîtrise stricte des dépenses des ministères, qui se sont établies à 237,5 milliards d'euros l'an dernier, en ligne avec les objectifs (237,6 milliards), mais aussi la bonne dynamique des rentrées fiscales, portées par l'accélération de la croissance. Dans son projet de loi de finances initiale, l'ancien gouvernement avait prévu une croissance de 1,5% en 2017. Mais au vu de la tendance actuelle, la hausse du produit intérieur brut "devrait approcher les 2%", a annoncé lundi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. Cette conjoncture favorable a permis une hausse des rentrées de TVA, qui ont dépassé de 1 milliard d'euros, la dernière prévision du gouvernement. Les rentrées d'impôt sur les sociétés se sont pour leur part améliorées de 2,5 milliards d'euros par rapport aux attentes. Ces données sont de bon augure pour le déficit public, que le gouvernement s'est engagé à ramener sous la barre des 3% du PIB, conformément aux règles fixées par Bruxelles, pour la première fois depuis dix ans. La baisse du déficit de l'Etat devrait ainsi permettre à la France de rester dans les clous européens, quelle que soit la décision de l'office de statistiques européen Eurostat concernant l'affaire de la taxe sur les dividendes. A la suite de l'annulation de cette taxe par le Conseil constitutionnel, Bercy a en effet choisi d'étaler le remboursement des 10 milliards d'euros dus aux entreprises sur 2017 et 2018. Mais Eurostat pourrait choisir à l'inverse de les comptabiliser intégralement dans les comptes 2017. Quelle que soit la décision finale, l'entourage de M. Darmanin a assuré qu'il n'y aurait "pas de cagnotte" fiscale, conformément à la décision prise par M. Philippe. "La totalité du surplus de recettes" doit être "consacrée à la réduction du déficit", a-t-on souligné.