Les rebelles chiites yéménites ont tiré une salve de missiles interceptés au dessus de l'Arabie saoudite et dont les débris ont fait un mort, au troisième anniversaire de l'intervention d'une coalition militaire menée par Ryad contre les rebelles Houthis proches de l'Iran. Les rebelles Houthis ont prévu un grand rassemblement lundi dans la capitale Sanaa pour marquer l'anniversaire de cette guerre. Elle avait été lancée le 26 mars 2015 par cette coalition soutenant les forces du gouvernement internationalement reconnu contre les rebelles Houthis qui ont pris en 2014 le contrôle de Sanaa et d'autres secteurs du pays. Au total, sept missiles balistiques tirés par les Houthis ont été interceptés dans la nuit de dimanche à lundi au dessus de l'Arabie, a annoncé la coalition militaire conduite par Ryad. La Défense civile de Ryad a précisé que les débris de l'un des missiles interceptés au-dessus de la capitale avait touché une habitation, tuant un ressortissant égyptien et blessant deux autres personnes. Trois de ces missiles ont été dirigés vers Ryad, un vers la ville garnison de Khamis Mecheit, un vers Najrane et deux vers Jazane, dans le sud de l'Arabie saoudite, a précisé dans un communiqué le porte-parole de la coalition, le colonel Turki al-Maliki. "Le tir de multiples missiles balistiques vers des villes est un développement grave", a estimé le porte-parole de la coalition, le colonel Maliki. Les rebelles Houthis ont tiré depuis novembre plusieurs missiles sur l'Arabie saoudite, qui ont tous été interceptés. Mais c'est la première fois en trois ans que la coalition conduite par Ryad fait état d'autant de tirs de missiles balistiques en une seule journée sur l'Arabie saoudite. Ces tirs coïncident avec le troisième anniversaire de l'intervention contre les rebelles Houthis d'une coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite.
Discours de défi Pour marquer cette date, le chef des rebelles yéménite, Abdel Malik al-Houthi a tenu un discours de défi à l'égard de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, les deux piliers de la coalition. "Nous sommes prêts à plus de sacrifices parce que notre peuple est devenu plus apte à résister à l'agression", a-t-il déclaré dans un long discours télévisé retransmis dimanche soir par Al-Masirah, la chaîne de télévision des rebelles. "Pour nous, la question concerne notre liberté, notre dignité et notre indépendance, qu'on ne peut pas marchander", a-t-il ajouté. Abdel Malek al-Houthi a encore dénoncé "une invasion et une occupation" des forces de la coalition. Il a accusé l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis d'être les "outils de l'agression inspirée par les Etats-Unis" et d'avoir multiplié au Yémen "des crimes de guerre".
"Acte agressif et hostile" De son côté, le porte-parole de la coalition a estimé que "cet acte agressif et hostile du groupe houthi soutenu par l'Iran prouve que le régime iranien continue d'offrir une aide militaire au groupe armé". Les négociations de paix sont au point mort après plusieurs tentatives infructueuses des Nations unies. L'Arabie saoudite et les Etats-Unis ne cessent d'accuser Téhéran de fournir des armes, notamment des missiles, aux rebelles. Téhéran dément, mais un rapport d'experts de l'ONU a conclu en janvier que l'Iran avait violé l'embargo sur les armes de l'ONU au Yémen en laissant les rebelles s'approvisionner en drones et missiles balistiques. La Grande-Bretagne a exhorté lundi l'Iran à "cesser d'envoyer des armes" aux rebelles au Yémen et à utiliser son influence pour mettre fin au conflit. Vendredi, Amnesty International a accusé des pays occidentaux, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, de fournir des armes à l'Arabie saoudite et ses alliés qui se rendent coupables de "crimes de guerre potentiels" au Yémen. L'intervention de la coalition a permis au gouvernement yéménite de reprendre aux Houthis cinq provinces du sud mais les rebelles contrôlent toujours d'autres zones, en dehors de la capitale. En trois ans, le conflit au Yémen a fait environ 10.000 morts, 53.000 blessés, et provoqué la "pire crise humanitaire du monde" à l'heure actuelle, selon l'ONU. Ikram A.