Le phénomène de l'immigration clandestine a pris de l'ampleur au niveau régional et international et préoccupe profondément les autorités algériennes au plus haut niveau. Hier à l'émission " l'invité de la rédaction " de la radio nationale chaîne 3, le directeur d'études de la migration au ministère de l'Intérieur, M. Hacène Kacimi est revenu sur cette situation inquiétante pour dire notamment : " Nous ne devons absolument pas stigmatiser cette situation des migrants. Seulement, ce phénomène a évolué et pris de l'ampleur aux frontières sud de l'Algérie ". Face à cela, il a indiqué que le gouvernement a pris des décisions pour garantir la sécurité des frontières pour essayer autant que possible de contenir ce phénomène à son niveau le plus supportable. " C'est évident, les problèmes auxquels nous sommes confrontés ont un caractère multiforme qui nécessite une vigilance et la mobilisation de tous nos moyens et ainsi faire très attention à cette problématique pour la simple raison que nous avons en face de nous des humains qui arrivent chez nous dans des conditions un peu difficiles. Des gens qui parcourent pratiquement le désert du nord du Niger, du nord du Mali. Un chemin qui est périlleux d'où l'occasion saisie par des réseaux de passeurs de les prendre en charge qui portent préjudice à leur personne physique et morale et quand ils arrivent chez nous ils sont dans un état délabré. Là nous faisons très attention en mobilisant tous nos moyens pour prendre en charge ce volet humanitaire qui est très préoccupant ", explique M. Kacimi pour qui le phénomène migratoire en Afrique prend de la hauteur". Il se manifeste aujourd'hui par l'arrivée massive au niveau des wilayas du sud du pays. "Nous recevons une moyenne de 500 clandestins par jour au niveau des wilayas de Tamanrasset et Adrar qui sont pratiquement limitrophes et frontalières avec le Mali et le Niger. Au niveau de ces deux pays, nous avons deux plaques tournantes très importantes régionales de la migration qui passe par Agadès et une autre route migratoire qui passe par Bamako, c'est-à-dire des couloirs migratoires à destination de l'Algérie. Nous travaillons avec nos frères du Mali et du Niger pour coordonner nos actions, nous concerter le plus possible pour assurer une bonne prise en charge de ce dossier ". Selon lui, il y a un volet humanitaire derrière ce dossier migratoire qu'il est impossible de négliger parce qu'il y des personnes affaiblies qui arrivent aux frontières algériennes. " Nous sommes très préoccupés par l'état des personnes qui arrivent, des personnes qui sont en détresse, malades, les femmes et les enfants, nous les prenons en charge et nous mobilisons suffisamment de moyens pour les soigner, soulager un peu leur détresse et leur souffrance ". M. Kacimi revient pour dire encore une fois que c'est un dossier assez compliqué, assez difficile et qu'il y a à travers lui des enjeux géostratégiques très importants et nous sommes conscients sur ce sujet. A ce propos, il rappellera les décisions prises par le conseil interministériel du 29 mars 2018 pour sécuriser davantage les frontières. Il a également indiqué que l'Algérie ne peut pas " ouvrir " ses frontières à tout le monde. "Ceux qui sont en situation de détresse nous les prenons en charge pour le reste ils sont refoulés. Ce qui se passe par la suite au niveau du désert du Nord du Niger et du Mali, nous n'avons aucune responsabilité parce que le migrant quand il arrive il se met lui-même en danger lorsqu'il traverse le désert sans aucune prise en charge. "L'Algérie a mobilisé 20 millions de dollars pour faire face à ce phénomène qui menace aussi la sécurité des Etats car derrière la migration il y a autre chose qui préoccupe les autorités algériennes. Les migrants ne nous préoccupent pas mais ce qui nous préoccupe c'est ce qu'il y a derrière : la migration est le dessous et les non-dits de ce nouveau phénomène qui a un caractère géostratégique". Très explicite sur ce thème, le directeur d'études de la migration au ministère de l'Intérieur dit : " Il y a aujourd'hui un rééquilibrage des rapports de force, le continent africain est très riche et contient 3O % des terres arables, il contient les minéraux les plus chers, les plus rares et les plus importants. Et la doctrine de l'Algérie sur cette question est très claire : contre l'ingérence, contre la militarisation des espaces et des territoires. Ces deux facteurs ont eu des résultats catastrophiques ailleurs. Lorsqu'on est en présence de ces deux facteurs, qu'est-ce qui arrive ? C'est l'extension des terroristes, c'est l'accentuation des pensées ethniques, le développement des crises et c'est le développement des guerres ". Dans ce contexte, il rappellera que l'Algérie tient toujours à régler les crises et les conflits par des moyens pacifiques. C'est la doctrine pérenne de l'Algérie qui milite pour que cela soit réalisable avec nos frères africains dans la concertation et la collaboration ". Répondant aux attaques à l'égard de l'Algérie qualifiée de pays qui "refuse " d'accueillir les migrants, M Kacimi revient à la charge et souligne : " Il faut faire très attention à ce qui se passe sur les réseaux sociaux et parfois sur certaines informations qui circulent dans la presse. Sur cette question de manipulation de l'information, nous sommes en présence d'une véritable désinformation de la communication. Qui est derrière ? C'est une stratégie qui est connue et dont le but est d'imposer un schéma, un état des lieux qui parfois ne répond pas aux intérêts des pays.. Donc cette campagne de dénigrement qui a été menée contre l'Algérie, elle a des non-dits, derrière ces non-dits, se cachent des objectifs biens connus, c'est-à-dire de faire passer des mensonges pour la réalité, et faire passer le bourreau pour la victime. Nous sommes la victime et nous ne sommes pas les bourreaux ". M. Kacimi ira encore plus loin pour démentir les informations ayant circulé ces derniers jours avec plus d'acharnement sur l'Algérie révèle: " Durant ce weekend, deux brûlots sont sortis en quelques heures, le premier concerne l'ambassadeur malien et son conseiller général, le deuxième, c'est les groupes encagoulés qui se sont attaqués à de paisibles migrants. Un démenti a été émis sur ces deux informations. Mais malheureusement après le démenti on a continué à publier ce genre de mensonge ". Qui est derrière ces manœuvres ? C'est clair pour M. Kacimi, il y a des enjeux stratégiques qui veulent imposer des schémas qui ne correspondent pas forcément aux intérêts de l'Algérie.