Le compartiment actions dénote le peu d'intérêt accordé par les pouvoirs publics à cette institution qui demeure l'une des moins importantes de la zone Afrique du Nord, au regard de sa capitalisation. Le président de la Commission d'opération et de surveillance des opérations de Bourse, M. Ali Sadmi, invité hier du Forum du journal El Moudjahid, se dit “optimiste”, sur l'avenir de la Bourse d'Alger. “La Bourse d'Alger a fini de manger son pain noir. Le meilleur est à venir. La volonté politique se manifeste”, annonce M. Ali Sadmi. La cotation des obligations assimilables du Trésor semble avoir donné “un peu de profondeur” au marché boursier, jugé en “léthargie” il y a à peine quelques mois. En effet, dans son dernier rapport, la Commission d'opération et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) avait lancé un appel aux pouvoirs publics pour faire sortir la Bourse d'Alger de “l'état de léthargie”. Le message, semble-t-il, a été entendu. Pour rappel, dans le cadre de la relance et la dynamisation de la Bourse d'Alger, le ministère des Finances a décidé l'introduction des obligations assimilables du Trésor (OAT) à la Bourse. Le nombre d'OAT introduites en Bourse a été de l'ordre de 14 lignes représentant des maturités de sept, dix et quinze ans et totalisant un encours global de plus 149 milliards de dinars. La première séance de cotation a été présidée par le ministre des Finances. Un geste qualifié par le président de la Cosob de “hautement symbolique et d'important”, exprimant la volonté politique du gouvernement de relancer la Bourse. Pour autant, M. Sadmi n'est pas totalement satisfait. L'admission à la cote de nouveaux titres (obligations) a, certes, généré un léger regain d'activité. L'introduction des obligations de Sonelgaz, Air Algérie et Algérie Télécom, et plus récemment des OAT, a permis d'étoffer la cote. Mais au dehors de ces obligations, la Bourse n'arrive pas à attirer des titres d'action. Il est, en effet, bien curieux que cette institution, qui symbolise mieux que toute autre l'économie de marché, ne parvienne pas à élargir son portefeuille d'actions qui se résume à seulement deux entreprises, en l'occurrence Saidal et l'EGH El-Aurassi, après le retrait en fin 2006 de l'action d'Eriad- Sétif par le biais d'une offre publique de retrait (OPR), lancée au regard des difficultés financières de l'entreprise. M. Sadmi explique qu'un marché boursier se crée pour répondre à un besoin de financement, qui ne peut être pris en charge par l'existant. En Algérie, sa création a été le fait “du volontarisme des autorités publiques”. “Le secteur privé a tourné le dos à la Bourse”, regrette-t-il. “Il faut que le secteur privé s'implique”, ajoute le conférencier. Le président de la Cosob estime qu'un pays comme l'Algérie doit avoir une Bourse digne de ce nom, d'autant que toutes les conditions sont réunies. Pourquoi alors ne pas privatiser par la Bourse ? M. Sadmi rappelle que des annonces ont été faites à plusieurs reprises dans ce sens. Des listes ont été même publiées par la presse. Mais rien à l'horizon. “Je n'ai aucun dossier d'ouverture de capital sur la table”, souligne-t-il, estimant que “des parties travaillent dans ce sens”. Le président de la Cosob refuse de trop s'engager sur ce chapitre. Et puis ce n'est pas son rôle. Le président de la Commission d'opération et de surveillance des opérations de Bourse préfère s'attarder sur le plan de modernisation et de développement du marché, à travers la mise à niveau des maillons de la chaîne boursière, la mise en place de la négociation à distance… “Une révolution technique se prépare”, souligne-t-il. Mais une révolution qui doit se nourrir aussi de l'introduction de beaucoup plus de titres, notamment d'actions. “La Bourse est d'abord et avant tout un marché d'actions”, reconnaît-il. “La plupart des pays émergents ont utilisé la Bourse comme moyen pour privatiser les entreprises”, relève M. Sadmi. Pour autant, le président de la Cosob admet que l'édification d'un marché boursier est une œuvre de longue haleine, qui exige une vision et une stratégie claire, une très grande mobilisation des intervenants directs et indirects. M. Sadmi évoque un groupe de travail pour relancer le dossier de création des organismes de placements. “Ce sont des organismes importants pour le marché”, souligne-t-il. Le président de la Cosob parle de l'intérêt de plusieurs acteurs étrangers pour les métiers de titres (conseil, gestion placement..) insuffisamment investis par les intermédiaires en opérations boursières (IOB). Meziane Rabhi