A quelques jours du 15e anniversaire du séisme, de magnitude 6,7 sur l'échelle de Richter, qui avait secoué, le 21 mai 2003 à 19h45, la wilaya de Boumerdès et les wilayas limitrophes, force est de constater que les profondes douleurs et souvenirs se sont estompés des mémoires au fur et à mesure que disparaissaient les séquelles. Ce même constat a été fait par l'APS auprès de beaucoup de personnes, tout âge confondu, ayant vécu cette catastrophe et qui affirment s'en être remis et avoir oublié les souvenirs et les souffrances, notamment psychologiques. La vie semble avoir repris complètement ses droits. En parcourant aujourd'hui la wilaya de Boumerdès, il est difficile, avec la grande évolution de l'urbanisme, de remarquer les rares vestiges, généralement de vieilles constructions, en attente de démolition dans des communes comme Bordj Menaiel, Thénia et Khemis El Khechna, et dont le retard de démolition est dû essentiellement à des conflits entre propriétaires. De même que se poursuit graduellement l'éradication du reste des chalets, qui une fois libérés par les sinistrés avaient été réaffectés dans un cadre social, et qui qui étaient devenu de par leur "dégradation avancée et du préjudice causé à l'environnement immédiat sur le plan esthétique", "un vrai casse-tête" pour les responsables de la wilaya. Presque tous les stigmates du séisme ont disparu et les travaux nécessaires (réparation des routes, des ouvrages d'art et autres infrastructures de base) ont été parachevés.
Une catastrophe de grande ampleur Ce violent séisme avait fait un lourd bilan en pertes humains (1.400 décès et 3.444 blessés) et dégâts matériels s'élevant à trois (3) milliards de dollars, selon les estimations officielles de l'époque. Cette catastrophe naturelle, dont l'épicentre était situé à Zemmouri El Bahri (est de Boumerdes), a touché près de 100.000 habitations, dont plus de 11.000 ont été complètement détruites, causant également d'importants dégâts à 890 équipements publics et privés vitaux, dont une grande partie a été classée "rouge", aux routes, ainsi qu'au réseau de canalisations et aux infrastructures. Au lendemain du séisme, les services de l'Etat ont mobilisé tous les moyens matériels et humains pour assurer une prise en charge immédiate des sinistrés à travers toutes les régions de la wilaya et des communes touchées par la catastrophe. Une enveloppe de plus de 78 milliards de dinars a été dégagée au titre des programmes sectoriels, des plans communaux de développement, du fonds de solidarité nationale, du fonds des catastrophes naturelles et de diverses autres aides financières. Grâce à cet énorme budget de prise en charge d'urgence des sinistrés, 18.000 tentes ont été dressées pour abriter près de 110.000 personnes, soit 28.000 familles sinistrées, parallèlement au lancement de l'installation de près de 15.000 chalets à travers 97 sites aménagés dans 28 communes de la wilaya. L'opération de prise en charge a concerné ensuite plus de 7.400 familles dont les habitations ont été classées "rouge" sur environ 11.000 familles sinistrées à travers leur relogement dans le cadre d'un programme de 8.000 logements sociaux alors que 2.430 autres familles ont bénéficié d'aides financières pour l'auto construction. Quelque 800 familles ont été en outre prises en charge à travers des aides dans le cadre de la construction collective tandis que 80 familles ont préféré l'aide directe pour l'acquisition de nouveaux logements. Par ailleurs 400 familles sinistrées ont fait le choix d'attendre leur relogement dans leur commune d'origine. Quelque années après la catastrophe, une partie des logements réalisés (8.000 unités) avaient été affectés au relogement des familles sinistrées aux spécificités particulières, à l'instar de celles ayant grandi suite au mariage d'un de leurs membres où les grandes familles après étude des dossiers au cas par cas. Dans le même cadre, des aides financières dépassant les 21 milliards DA ont été accordées pour la restauration de plus de 85.738 habitations endommagées à des degrés divers dont 12.000 habitations classées "orange 4", plus de 20.000 habitations "orange 3" et plus de 53.000 habitations "verte 2" outre l'attribution d'aides financières directes au profit des sinistrés pour restaurer et reconstruire eux même leurs propres habitations. Les services de l'Etat ont consacré, sur l'ensemble du budget d'aides aux sinistrés, d'autres aides financières au titre d'indemnisation de 1473 familles ayant perdu un de leurs membres à hauteur de plus d'un (1) milliard de dinar et de le régularisation de la situation financière de 3524 dossiers de location provisoire pour plus d'un (1) milliard de dinar, outre d'autres aides financières pour l'ameublement au profit plus de 12.000 familles pout un budget de plus deux (2) de dinar. Par ailleurs, l'Etat a dû prendre en charge la reconstruction et la réparation des infrastructures de plusieurs secteurs publics sensibles affectés par le séisme, notamment l'Education nationale dont un tiers des infrastructures a été classé "rouge". Démolies, ces infrastructures ont été reconstruites en préfabriqué outre la restauration de 332 établissements endommagés (primaires, moyens et secondaires) et la reconstruction de 31 établissements. Pour le secteur de l'enseignement supérieur, 67 infrastructures universitaires endommagées (résidences, salles pédagogiques, laboratoires, et salles d'études) ont fait l'objet de travaux de restauration outre la reconstruction de la bibliothèque et des deux facultés de Sciences et de Droit. Dans le secteur de santé, il a fallu reconstruire l'hôpital de Thénia complètement ravagé suite au séisme et la réalisation de deux centres hospitaliers à Zemmouri et Thénia. Trois autres hôpitaux, 10 pavillons de chirurgie et 58 centres hospitaliers ont également nécessité des travaux de réparation et de confortement. Les travaux de réparation ont concerné, par ailleurs, dix (10) ouvrages d'art ainsi que les ports de Zemmouri et Dellys. D'autre part, la prise en charge a englobé la restauration de 58 mosquées et la reconstruction de cinq (5) autres, ainsi que la restauration de la maison de la culture de la ville de Boumerdes et de 10 centres culturels. Il a été question également de la réhabilitation et de la rénovation d'environ 180 km des canalisations d'eau potable, de 100 km des canalisations d'eau usée outre la réalisation, de nouveau, de 5 km des canalisations de gaz naturel et la maintenance de 74 km des réseaux électriques.
Eradication des derniers stigmates de la catastrophe A la veille du 15e anniversaire du séisme, la wilaya est le théâtre d'importantes opérations visant l'éradication des derniers stigmates de cette catastrophe naturelle, à savoir les chalets construits au lendemain du séisme pour assurer gite aux sinistrés. D'importants moyens humains et matériels sont mobilisés, sur le terrain, pour faire aboutir cette entreprise (éradication des chalets) suite à l'engagement pris dans ce sens par les autorités locales, qui ont fixé un calendrier allant jusqu'à fin 2018 pour l'opération, au lieu de fin 2017, comme initialement programmé. Les délais de l'opération ont été "prorogés" suite à la "lenteur" enregistrée dans certains chantiers pour le relogement des occupants de ces chalets, principalement en raison du "retard accusé dans le versement des créances des entreprises de réalisation en charge, ainsi que dans le financement des opérations d'aménagement externes", selon les explications du wali de Boumerdes, Abderrahmane Madani Faouatih. L'opération de démolition des 14.927 chalets, répartis sur 95 sites à travers 28 communes, a été officiellement entamée le 26 décembre 2016, depuis la commune d'Ouled Hedadj (Ouest de la wilaya) où 500 chalets ont été détruits. Ces derniers ont été installés pour accueillir les sinistrés de la catastrophe naturelle, avant leur redistribution dans le cadre social. L'éradication des chalets, transformés au fil des années en "une lourde charge" du fait de leur dégradation, ayant terni le paysage de la région, est un "engagement et un défi majeur", a assuré le wali, exprimant ainsi sa détermination quant à la "démolition progressive de la totalité des chalets, dans les délais impartis". Il a fait cas, à ce titre, de près de 9.800 unités de logements (en cours de réalisation), affectés à cet objectif, et dont les chantiers ont nécessité l'installation d'une commission de wilaya chargée de leur suivi et de leur livraison dans les délais. Un programme a été fixé pour l'opération en 2017, prévoyant trois opérations de démolition par mois, aboutissant à ce jour, à l'éradication de plus de 7000 chalets avec plus de 6.800 familles relogées, représentant une population globale de 35.000 âmes avec une moyenne de cinq membres par famille et par logement. Actuellement, 18 sites de la wilaya, au niveau de 13 communes, sont totalement "débarrassés" des chalets et ce, à Ouled Hadadj, Khemis El Khechna, Si Mustapha, Ben Choud, Hammadi, Taouergua, Baghlia, Bordj Menail, Naciria, Boumerdes, Legata, Issers et Ouled Moussa, tandis que 15 autres communes sont toujours concernées par l'opération. La démolition des chalets a permis la récupération d'une assiette de plus de 200 ha, sur un foncier ciblé estimé à 800 ha. L'assiette libérée est destinée à l'implantation de nombreux programmes de logements et d'équipements intégrés, dont 8.400 logements AADL, 1.787 logements publics locatifs (LPL) et 1.120 logements promotionnels aidés (LPA)
11 000 chalets éradiqués Le nombre de chalets éradiqués sur le territoire de la wilaya de Boumerdès sera porté à 11.000 (sur un total de 15.000), avant le 5 juillet prochain, "si des dotations financières sont disponibles pour l'aménagement des cités d'habitation destinées au relogement de leurs résidants", a promis le chef de l'exécutif. Il a rassuré que cet objectif "est à la portée", sauf cas de force majeure lié à l'indisponibilité des dotations financières estimées, selon lui, à 600 millions de DA, nécessaires pour le parachèvement des aménagements externes des cités d'habitation réceptionnées La wilaya de Boumerdès a bénéficié, depuis 2013, d'un programme de logements de 12.000 unités dans les deux formules, à savoir le public locatif (LPL) et le programme de résorption de l'habitat précaire (RHB). Ces logements, dont une moitié a déjà été livrée et attribuée et le reste est en cours de réalisation, sont principalement destinés à l'éradication des chalets. L'Etat a, également, procédé à la réalisation d'un programme de logement "d'urgence" englobant 8.000 unités, en vue de recaser les sinistrés du séisme, dont une majeure partie (programme) a été livrée. Quant au reste, à savoir 500 unités, leur réception interviendra "sous peu", est-il signalé. Selon les chiffres fournis par la wilaya, près de 7.000 familles sinistrées, dont les habitations se sont effondrées (classées rouge), ont été relogées au titre de ce programme d'urgence, tandis que près de 3.300 familles (également classées dans la même case) se sont vues accorder des aides financières directes destinées à la reconstruction de leurs habitations détruites ou l'achat de nouveaux logements. Les communes de la wilaya abritant des chalets sans avoir bénéficié de projets destinés à leur éradication sont en cours de prise en charge via la réalisation de logements à leur profit, au niveau d'autres localités de la région, a encore signalé le wali.