La réunion de l'Opep prévue aujourd'hui à Vienne, la capitale autrichienne, est la plus attendue, surtout du côté des pays consommateurs. Le marché est caractérisé depuis hier par une nouvelle hausse vertigineuse où les cours de pétrole ont atteint un record historique frôlant les 104 dollars. L'inquiétude a déjà gagné les pays européens qui demandent, par la voix du président de l'Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro) Jean-Claude Juncker, à l'Opep de faire baisser les prix du pétrole. Un appel qui risque de ne pas trouver écho chez les membres de l'OPEP dont la tendance serait beaucoup plus pour le maintien du niveau de la production actuelle. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et président en exercice de l'Opep, n'a pas écarté cette éventualité et n'exclu même pas une baisse de la production. L'Opep allait choisir entre «un maintien ou une baisse de production», a déclaré Chakib Khelil à son arrivée dans la capitale autrichienne. Cette question occupera d'ailleurs une place prépondérante dans les discussions des treize membres de l'Opep qui se réuniront durant deux jours. Et plusieurs d'entre eux ont eu à se prononcer et affirmer leur position avant le début des travaux. La Libye est déjà catégorique en affirmant que l'Opep n'a pas «besoin de toucher pour l'instant à la production», a ainsi affirmé Choukri Ghanem, président de la compagnie nationale pétrolière libyenne, qui a rang de ministre du Pétrole.De son côté, le ministre koweïtien s'est contenté, avant de s'envoler pour Vienne, de dire qu'une hausse de production n'était pas à l'ordre du jour. Le Venezuela, qui était favorable à une baisse de production le mois dernier pour défendre les prix, a semblé atténuer ses propos en soulignant que l'Opep devrait «maintenir, si ce n'est réduire» son offre, se mettant par là sur la même longueur d'onde que le ministre de l'Energie Chakib Khelil. L'ascension des prix de l'or noir est différemment analysée. Car si du côté consommateurs on évoque le manque de brut sur le marché, l'Opep considère par contre que «la flambée des prix n'était pas due à un problème d'offre mais aux investisseurs qui se protègent de la dévaluation de leurs actifs en dollars en achetant du pétrole et des matières premières, ainsi qu'aux tensions géopolitiques», déclaration de Chakib Khelil qui bat en brèche les arguments des pays importateurs de pétrole. La dépréciation du billet vert face à l'euro n'est pas seulement négative pour l'économie européenne, chose qu'ils omettent souvent de signaler préférant mettre l'accent sur la production de l'Opep. Car certains analystes trouvent que l'euro fort compense le surplus dépensé pour l'importation du baril qui est toujours libellé en dollars. Le cartel qui se dédouane d'être derrière la hausse des prix justifie aussi sa position par ses craintes d'une baisse de la demande au deuxième trimestre qui pourrait entraîner un surplus pétrolier et faire reculer fortement les prix. Ceci est d'autant plausible que la consommation tend à baisser à la fin de l'hiver et le ralentissement économique attendu aux Etats-Unis et dans les pays industrialisés pourrait aussi se traduire par un recul de la demande de combustibles. Par ailleurs, le Venezuela espère que son différend avec la compagnie américaine ExxonMobil soit inclus à l'ordre du jour de cette réunion. Une demande formulée au président en exercice de l'Opep, Chakib Khelil. Enfin une autre réunion de l'Opep avant l'été pourrait avoir lieu, selon Chakib Khelil.