Alors que les cours de l'or noir sont dans la tempête, le nouveau ministre du Pétrole koweïtien affirme que le prix actuel du brut est satisfaisant. Parle-t-on vraiment d'une seule et unique voix au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole? Tout porte à croire qu'il y règne de sourdes mais très importantes dissensions qui peuvent influer négativement sur un marché pétrolier déjà mal en point. En effet, une dizaine de jours avant l'arrivée du secrétaire général de l'Opep à Alger, cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah, ministre du Pétrole du Koweït affirmait que «le prix actuel du brut est satisfaisant» tout en estimant qu'une baisse de la production de pétrole serait prématurée avant la prochaine réunion de l'Opep qui se tiendra dans la capitale autrichienne le 28 mai prochain. Et en ce sens, il a reçu un soutien de poids de la part de son homologue du Qatar qui n'a pas manqué d'enfoncer le clou. Abdellah ben Ahmad al-Attiya, ministre qatari de l'Energie, a considéré de son côté qu'un prix du baril de pétrole compris entre 40 et 50 dollars était «réaliste» en raison de la crise économique qui a mis à mal les pays industrialisés dont les économies sont réputées pour être de grosses consommatrices d'or noir. Quinze jours plus tard, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui effectuait une visite de travail en Algérie apportait un cinglant désaveu à des déclarations qui servaient beaucoup plus des intérêts nationaux au caractère étriqué que ceux communs aux pays membres de l'Opep qui assurent pas moins de 40% de la consommation mondiale de pétrole. «A 50 dollars, le prix du baril est trop insuffisant non seulement pour les producteurs mais également pour les investissements à consentir dans le secteur pétrolier pour assurer les approvisionnements du futur», a déclaré le 26 avril 2009 à Alger, Abdellah El Badri dans une conférence de presse animée conjointement avec le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Chakib Khelil affichait ce jour-là un certain optimisme, malgré les prévisions des instances internationales (Fonds monétaire international et Banque mondiale) qui ne sont guère favorables à une reprise rapide de la croissance mondiale. «Les prix du baril de pétrole devraient atteindre les 60 dollars d'ici la fin de l'année 2009», a pronostiqué le président sortant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Par ailleurs, il faut signaler que malgré les tentatives des pays membres de l'Opep pour enrayer cette dégringolade, les cours de l'or noir, après avoir atteint le record historique de 147 dollars le 11 juillet 2008, restent aujourd'hui désespérément agrippés à la barre des 50 dollars. «Ni les pays consommateurs, ni les pays producteurs hors Opep n'ont aidé à cet effort», a déploré le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Et que penser de l'initiative du Koweït de porter sa production de 2,7 millions de barils par jour à 3,5 millions de barils par jour en 2010, sinon que le riche émirat du Golfe n'en fait qu'à sa tête si toutefois toutes ces informations rapportées par la presse internationale se confirment. L'Opep, en attendant, fait des pieds et des mains pour retirer du marché 4,2 millions de barils par jour suite aux décisions prises le 24 octobre à Vienne et le 17 décembre à Oran. Une enquête de Reuters fait état «d'un taux d'application record des baisses de production de l'Opep». Les cours de l'or noir en ont été notoirement revigorés. Ils ont atteint leur meilleur niveau du mois d'avril. Le «Light Sweet Crude» a terminé la séance de vendredi à 53,20 dollars à New York après avoir frôlé 53,65 dollars. Le Brent de la mer du Nord a affiché 52,85 dollars à Londres. Une nouvelle baisse de la production des pays membres de l'Opep qui milite pour un prix du baril supérieur à 70 dollars est cependant fortement pressentie si les cours de l'or noir continuent de végéter autour des 50 dollars.