Les cours du pétrole ont terminé en ordre dispersé jeudi, des chiffres record sur la production américaine de brut creusant l'écart déjà élevé entre le pétrole coté à New York et celui coté à Londres. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'est le dernier jour de cotation, a terminé à 77,59 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 9 cents par rapport à la clôture de mercredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance a cédé 1,17 dollar à 67,04 dollars. L'écart entre les deux barils s'est envolé à son plus haut niveau en plus de trois ans jeudi, culminant en cours de séance à 11,30 dollars. "La production record des Etats-Unis" combinée aux contraintes en termes d'infrastructures qui imposent "des limitations sur le transport et les exportations du pétrole" pèse sur les prix américains, ont commenté les analystes de Schneider Electric. Selon les statistiques hebdomadaires de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) publiées jeudi, la production des Etats-Unis a pour la quatorzième semaine de suite atteint un record depuis que ces données ont commencé à être compilées en 1983, en atteignant 10,77 millions de barils par jour lors de la semaine achevée le 25 mai. La tendance a été confirmée par la publication également jeudi des statistiques mensuelles de production américaine par l'EIA pour mars, culminant alors à un nouveau record de 10,47 millions de barils par jour. "L'écart (entre Brent et WTI) pourrait encore se creuser dans la mesure où nous allons continuer à collectionner les records dans un avenir proche", a anticipé James Williams de WTRG. La croissance robuste de la production américaine, dopée par des puits de pétrole de schiste redevenus rentables avec la hausse des prix, a été compensée en 2017 et en 2018 par les efforts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses dix partenaires pour limiter leurs extractions et rééquilibrer le marché. Mais la Russie et l'Arabie saoudite, deux des trois plus grands producteurs mondiaux, ont estimé vendredi qu'ils pourraient avoir à augmenter leurs objectifs de production, ce qui a fait reculer les cours. "Nous estimons que les membres de l'Opep vont continuer de s'exprimer publiquement pour essayer de faire bouger le marché", a prévenu Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures. L'Opep et ses partenaires, dont la Russie, sont liés en principe jusqu'à la fin de l'année par un accord de réduction de leur production dans le but de faire remonter leurs prix. Ils discuteront de l'avenir de cet accord fin juin à Vienne en Autriche. Les prix du pétrole américain n'ont on revanche pas beaucoup bénéficié de la baisse surprise des stocks de brut dans le rapport hebdomadaire de l'EIA. Selon celui-ci, les réserves commerciales de brut ont baissé de 3,6 millions de barils pour s'établir à 434,5 millions, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient une hausse de 450.000 de barils.
Recul en Asie Les cours du pétrole reculaient jeudi en Asie dans l'attente des données sur les stocks de brut américain et dans la foulée des commentaires russes et saoudiens sur l'assouplissement des quotas de production. Vers 04H35 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juillet, cédait dix cents à 68,11 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en juillet également, reculait de 27 cents à 77,23 dollars. Selon les analystes, la fédération privée API a fait état d'une augmentation surprise des stocks de brut aux Etats-Unis. "Tout est affaire d'offre, élément qui contribue à la volatilité du marché", a relevé Jingyi Pan, analyste chez IG. "Le rapport de l'API a fait toutefois état d'une baisse des stocks d'essence, qui limite la pression venue des estimations sur les réserves de brut". Le marché subit le contrecoup des perspectives de voir l'Arabie saoudite et la Russie assouplir prochainement leurs quotas de production, comme les deux pays l'ont suggéré la semaine dernière. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires ont décidé fin 2016 de limiter leurs extractions dans l'objectif de soutenir les prix. L'accord est en vigueur en principe jusqu'à la fin de l'année Les différentes parties se retrouveront fin juin à Vienne mais l'Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis devraient se réunir en fin de semaine pour discuter en amont de l'avenir de l'accord, selon l'agence Bloomberg.
Baisse surprise des stocks US Les stocks de pétrole brut ont enregistré une baisse surprise la semaine dernière aux Etats-Unis tandis que la production a culminé à un nouveau record, selon les chiffres publiés jeudi par l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). Lors de la semaine achevée le 25 mai, les réserves commerciales de brut ont baissé de 3,6 millions de barils pour s'établir à 434,5 millions, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient une hausse de 450.000 de barils. Elles s'inscrivent en baisse de 14,8% par rapport à la même époque l'an dernier et restent dans le bas de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont elles augmenté de 500.000 barils, alors que les analystes s'attendaient à un recul de 1,5 million de barils. Elles sont en repli de 1,1% par rapport à leur niveau d'il y a un an et se maintiennent dans la partie haute de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont quant à eux avancé de 600.000 barils, alors que les analystes anticipaient une baisse de 1,2 million de barils. Ils sont en baisse de 21,9% par rapport à leur niveau d'il y a un an et demeurent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut WTI du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont reculé de 600.000 barils, à 35,5 millions de barils.
Ecart de prix La production de brut continue pour sa part à progresser, les Etats-Unis extrayant en moyenne 10,77 millions de barils par jour (mbj) contre 10,73 mbj la semaine précédente. Il s'agit de la quatorzième semaine de record de suite depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées en 1983. Les exportations américaines ont nettement progressé à 2,18 mbj contre 1,75 mbj la semaine précédente. Les importations ont un peu baissé à 7,63 mbj contre 8,16 mbj la semaine dernière. Parallèlement, la cadence des raffineries est repartie à la hausse, celles-ci ayant fonctionné à 93,9% de leurs capacités contre 91,8% la semaine précédente et 91,1% il y a quinze jours. Du côté de la demande, les Etats-Unis ont au total consommé en moyenne 20,7 mbj de produits raffinés au cours des quatre dernières semaines, une progression de 1,3% par rapport à la même période de l'an dernier. La demande d'essence a augmenté de 0,8% quand celle des autres produits distillés a reculé de 1,5%. Le prix du pétrole américain, qui évoluait en net recul avant la publication de ce rapport en raison de craintes de guerre commerciale entre les Etats-Unis et plusieurs de ses partenaires, atténuait ses pertes après sa diffusion et perdait 88 cents à 67,33 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) vers 15H40 GMT. Cela avait pour conséquence de limiter un peu l'écart entre le prix du pétrole WTI coté à New York et celui du Brent coté à Londres, la différence entre les deux ayant culminé un peu plus tôt jeudi à 11,30 dollars, au plus haut depuis plus de trois ans, au profit du Brent.
La production de l'Opep en mai à un creux de 13 mois La production de pétrole de l'Opep a touché en mai un creux de 13 mois en raison d'une baisse des extractions au Venezuela, de perturbations au Nigeria et d'une réduction de l'offre par les autres pays nettement supérieure aux objectifs qui leur sont assignés, montre une enquête Reuters publiée jeudi. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a extrait 32,0 millions de barils par jour (bpj) ce mois-ci, une baisse de 70.000 par rapport à avril (chiffre révisé), selon les estimations de Reuters. Le total du mois de mai est le plus faible depuis avril 2017. L'Opep et des pays extérieurs au cartel, dont la Russie, ont signé un accord afin de réduire leur production cumulée de 1,8 million de barils par jour. Cet accord, entré en vigueur en janvier 2017, a été prolongé en novembre dernier jusqu'à fin 2018. Avec un baril de Brent désormais proche de 80 dollars, une première depuis 2014, l'Opep et la Russie discutent à présent de l'opportunité d'accroître la production, même si les analystes sont pour le moment circonspects. "Le parti pris de l'Opep de se ranger du côté d'un resserrement reste intact", a déclaré Konstantinos Venetis, économiste chez TS Lombard. Le taux de respect de cet accord de réduction dit Opep+ a légèrement fléchi en mai à 163% contre 166% en avril, selon l'enquête Reuters, ce qui signifie que les pays signataires sont toujours au-delà de leurs engagements.
Baisse la plus forte au Nigeria La plus forte baisse en mai est à mettre à l'actif du Nigeria, dont la production a subi des perturbations, amenant notamment Royal Dutch Shell à déclarer un cas de force majeure sur les exportations de brut de Bonny Light. La deuxième plus forte baisse concerne le Venezuela où le secteur connaît toujours une situation financière difficile en raison de la crise économique que traverse ce pays, la production ayant reculé à 1,56 million de bpj en mai. La production en Libye, un pays en proie à des troubles intérieurs, a légèrement reculé à la suite d'un incident chez AGOCO. La production iranienne, qui devrait subir le contre-coup de la décision des Etats-Unis de rétablir des sanctions contre Téhéran, a aussi légèrement fléchi en mai. Les deux plus gros producteurs de l'Opep, l'Arabie saoudite et l'Irak, ont tous les deux pompé un peu plus que prévu en mai, sans pour autant compenser les baisses enregistrées ailleurs. La production aux Emirats arabes unis, qui occupe la présidence de l'Opep cette année, a été stable en mai, le pays continuant à afficher un plus grand respect de l'accord Opep+ qu'en 2017, selon les sources. Le Koweït a également continué à respecter pleinement ses objectifs. Le Nigeria et la Libye, deux pays exemptés à l'origine de l'accord de plafonnement de la production, ont fait savoir à l'Opep que leur production en 2018 ne dépasserait pas celle de 2017. L'Opep a un objectif de production implicite pour cette année de 32,73 millions de bpj, sur la base des quotas acceptés par ses membres fin 2016 et des projections du Nigeria et de la Libye. L'enquête Reuters montre que la production du cartel en mai a été inférieure de 730.000 bpj à ce seuil.