L'Assemblée générale de l'ONU, réunie en session d'urgence, a adopté mercredi à une très large majorité une résolution présentée par l'Algérie et la Turquie condamnant Israël pour les violences à Ghaza et réclamant un mécanisme de protection international pour les civils palestiniens. La résolution a été adoptée par 120 voix pour, huit contre et 45 abstentions. Seuls l'Australie, le Togo et quatre petits Etats insulaires du Pacifique ont voté au côté d'Israël et des Etats-Unis contre la résolution. Washington avait mis son véto à une résolution similaire au Conseil de sécurité il y a de cela deux semaines. Peu avant l'adoption, l'Assemblée générale a rejeté au terme d'une longue bataille de procédures, un amendement à ce texte, introduit par les Etats-Unis pour condamner le mouvement Hamas. Avant la mise aux voix de cet amendement, l'Algérie a soumis une motion de non décision, pour demander à l'Assemblée générale de ne pas se prononcer sur la proposition américaine, estimant qu'elle visait à détourner l'attention de l'assemblée de son principal objectif à savoir la protection du peuple palestinien. La motion déposée par l'Algérie, qui a reçu le soutien de nombreux pays n'a pas été adoptée. Le décompte final des voix a fait ressortir 59 voix pour, 78 contre et 26 abstentions. Mis ensuite aux voix, l'amendement des Etats-Unis a recueilli 62 voix pour, 58 contre et 42 abstentions mais a été rejeté par le président de l'Assemblée, car n'ayant pas recueilli la majorité des deux tiers des membres présents et votants tel que l'exige l'article 48 du règlement intérieur de l'Assemblée générale. Le rejet de l'amendement a été confirmé malgré la motion d'ordre introduite par la délégation américaine. S'exprimant peu avant le vote, l'ambassadeur d'Algérie auprès de l'ONU, Sabri Boukadoum, a souligné que la situation en Palestine constituait une menace pour la paix et la sécurité internationales. Le bilan des événements à Ghaza, a-t-il relevé, est " dramatique " les femmes, les enfants et les infirmières n'étant pas épargnés. "Israël a odieusement violé les fondements du droit international", a accusé le représentant de l'Algérie avant d'appeler les Etats membres à faire montre de fermeté et d'appuyer la résolution. " Votez en faveur de la paix, votez en faveur de la stabilité au Moyen-Orient et dans le monde entier", a déclaré l'ambassadeur avant de conclure son intervention. Abondant dans le même sens, Riyad Mansour, l'observateur permanent de l'Etat de Palestine a dénoncé " la mauvaise foi " des tenants d'un amendement qui aurait déséquilibré radicalement la résolution et éloigné l'Assemblée de l'objectif essentiel qui est de protéger les civils et d'appeler au respect du droit international humanitaire. Le texte adopté, condamne Israël pour les violences à Ghaza et préconise l'examen de mesures qui garantissent la sécurité et la protection des civils palestiniens dans les territoires occupés. A cet effet, la résolution invite le secrétaire général à examiner la situation qui prévaut à Ghaza et dans les territoires occupés et à soumettre dans un délai de deux mois un rapport, comprenant des propositions sur les moyens de garantir la protection des civils palestiniens se trouvant sous occupation israélienne et de créer un mécanisme de protection international. Le texte demande que des mesures soient prises immédiatement pour mettre fin au bouclage et aux restrictions imposées par Israël à la circulation et aux entrées et sorties de la bande de Ghaza, y compris avec l'ouverture durable des points de passage vers la bande de Ghaza pour l'acheminement de l'aide humanitaire et la circulation des marchandises et des personnes. Outre la demande pour la fourniture d'une aide humanitaire immédiate et sans entrave à la population de Ghaza, le projet de résolution encourage l'adoption de mesures concrètes dans l'optique d'une réconciliation interpalestinienne, y compris à l'appui de l'action de médiation entreprise par l'Egypte, en vue de réunifier la bande de Ghaza avec la Cisjordanie sous l'autorité d'un gouvernement palestinien légitime. La résolution demande aussi aux parties et à la communauté internationale de redoubler d'efforts afin d'instaurer les conditions nécessaires au lancement de négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final pour mettre fin à l'occupation israélienne et parvenir à une paix juste, globale et durable. Au moins 129 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis fin mars, la majorité le long de la ligne de démarcation.