La création d'un département consacré à la femme rurale pour accompagner les efforts financiers de l'Etat et pallier l'absence d'efficacité dans ce domaine devient une "urgence", a affirmé la présidente du mouvement féminin de solidarité avec la famille rurale, Mme Saïda Benhabyles. "L'urgence se situe dans la création d'un département rattaché au ministère délégué à la Famille qui devra s'occuper exclusivement de la femme rurale", a souligné Mme Benhabyles dans un entretien à l'APS, justifiant son plaidoyer par "le peu d'incidence du programme national de développement rural sur l'amélioration de la condition féminine dans nos campagnes". Elle a estimé, à ce sujet, que ce département "peut au moins jouer le rôle d'une banque de données afin d'accompagner les efforts financiers de l'Etat destinés à la femme rurale". Partant du constat de l'absence d'efficacité des différents programmes de l'Etat destinés au monde rural dans l'amélioration des conditions sociales de la femme rurale, elle a indiqué qu'il est "impératif" de réfléchir sur les moyens susceptibles de "faire bénéficier la femme de ces programmes ambitieux". Pour elle, la somme des instruments et moyens mobilisés jusque-là dans ce domaine ont eu des effets "dérisoires" auprès des femmes dans le milieu rural. Elle a expliqué cette situation par "la persistance dans le milieu rural, des mentalités peu ouvertes à la condition de la femme". "Il y a quelques initiatives qui demeurent sans impact réel sur le terrain", a-t-elle reconnu, plaidant pour "la généralisation de ces initiatives et un suivi efficace de leur application". Elle a également relevé qu'il y a "beaucoup à faire" pour l'amélioration des conditions de vie de la femme dans le milieu rural, soutenant, dans ce contexte, qu'il est "fondamental" d'œuvrer dans le sens d'encrer cette culture dans les mentalités dans le milieu rural. De son coté, Mme Fatiha Djahiche, responsable au ministère délégué chargé du développement rural, a déclaré jeudi à Alger que 3200 projets de proximité ont été inscrits depuis le lancement du programme de soutien au renouveau rural (2007-2013). S'exprimant lors des travaux de la conférence et de l'exposition sur la formation et l'accompagnement de la femme au foyer en milieu rural, Mme Djahiche a indiqué que "ces projets ont été inscrits au titre de la loi de finances 2008". Les projets de proximité intégrés du développement rural inscrits au titre de ce programme, a-t-elle ajouté, portent sur "des investissements à caractère collectif financés directement par l'Etat, de la même façon que la construction d'une route ou d'un hôpital et d'autres, individuels, financés par les mécanismes de financement mis en place par l'Etat". La politique du renouveau rural, a-t-elle dit, a mis en place des mécanismes pour la réalisation du développement dans ces régions grâce à la conjugaison des efforts de tous les acteurs tels le ministère, la wilaya, la commune et le mouvement associatif et ce, dans une action coordonnée. La même source a, par ailleurs, précisé qu'une étude réalisée par le Centre national d'études et d'analyses de la population (2005-2006), dans le but d'établir une classification des zones rurales, a montré que "979 communes sur les 1541 au niveau national sont classées rurales et 40% des autres communes ont des spécificités rurales". L'étude a révélé également que "13 millions d'habitants résident dans ces communes, soit 1 850 000 familles". L'expérience des associations a démontré durant 15 ans qu'il n'est pas possible de réaliser un développement avec une proportion élevée d'analphabètes, notamment dans le monde rural. Autant mettre en exergue l'intérêt qui doit être accordé à l'alphabétisation de la femme particulièrement rurale. Cette dernière a besoin plus que jamais de se faire une place, surtout quand les moyens et les mécanismes sont disponibles. Il y va de l'avenir de tout le monde rural.