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Cinq ans après sa mort : Le monde entier célèbre le centenaire de Madiba
Publié dans Le Maghreb le 19 - 07 - 2018

Le 18 juillet, l'Afrique du Sud a célébré le Centenaire de Nelson Mandela, cinq ans après sa mort. L'Afrique du Sud ? Non, le monde entier ! La " mandelamania " a survécu à Madiba… Il y a des stars filantes et des idoles historiques. Il est certain que Nelson Mandela n'aurait pas boudé la victoire arc-en-ciel des " Bleus " à la phase finale de la Coupe de monde de football 2018. On se souvient de l'ancien président d'Afrique du Sud, déjà diminué mais souriant, coiffé d'une toque que les Russes du stade Loujniki n'auraient pas renié, éclipsant les déhanchements de Shakira à la cérémonie de clôture du Mondial sud-africain de 2010. Un siècle après sa naissance, Nelson Mandela suscite encore une vénération qui va se traduire par des mois de commémoration chaleureuse.
Puisque la planète médiatique a besoin de clichés et d'infos chirurgicales, deux images dominent le compte à rebours de la date anniversaire de Nelson Rolihlahla Mandela. L'Afrique du Sud vient de lancer une pièce d'or et plusieurs billets de banque commémoratifs à l'effigie du premier président noir de l'Afrique du Sud : des coupures d'une valeur de 10, 20, 50, 100 et 200 rands, en nombre limité, et une pièce d'or conçue par l'artiste Sindiso Nyoni. Cette fois, comme avec le timbre lancé pour le quatre-vingt dixième anniversaire, l'hommage en objets évite le merchandising kitsch, foire aux goodies qui frise souvent l'indécence : tabliers de cuisine Pick'n Pay, lithographies avec faux autographes ou encore bracelets Montblanc estampillés " 46664 ", en référence au numéro de cellule de Madiba dans la prison de Robben Island.

Quel héritage ?
Cinq ans après la mort du père de la nation arc-en-ciel, que reste-t-il de son héritage ?
Une coupe de cheveux gratuite façon Nelson Mandela dans les rues de Johannesburg. Chacun à sa manière rend hommage à celui qui aurait eu 100 ans ce mercredi. A Soweto où il vivait, son souvenir est bien présent. Le musée de l'apartheid rappelle aux visiteurs le système de discrimination raciale mis en place en 1948 et le rôle joué dans son abolition par celui qui reste un modèle pour plusieurs générations.
Joel Tangai, guide touristique sud-africain, résume l'homme : "Tolérance. Pardon. C'est comme cela que je décrirais Mandela. Il détesterait nous voir nous haïr les uns les autres juste pour une couleur de peau ou une caractéristique. C'est comme cela que je me souviendrai de Nelson Rolihlahla Mandela. Un père de la nation… un père incontesté de la nation !"
Car les tensions raciales continuent d'empoisonner le pays. Malgré la fin de l'apartheid il y a un quart de siècle, la société sud-africaine reste la plus inégalitaire du monde.

Des inégalités qui restent criantes
Selon la Banque mondiale, les inégalités ont même augmenté depuis 1994. Le salaire mensuel médian est de 10.000 rands (638 euros) dans la minorité blanche et de 2.800 rands (177 euros) chez les Noirs. "Mandela s'est battu pour qu'on soit libres politiquement, sans oublier le côté économique des choses. En tant que Noirs, nous ne sommes pas libres économiquement. On nous donne peut-être ce qu'ils appellent des "chances égales", mais aucune de ces chances ne nous sont accessibles", déplore Mtate Phakela, 19 ans. "Je pense qu'il a fait de bonnes choses, mais il aurait pu faire encore mieux car la situation est encore tendue et beaucoup de gens n'aiment pas ça. Ce n'est pas comme ça qu'on vit, ce n'est pas comme ça qu'on a été élevés", regrette Kaelen Viljoen, un jeune étudiant.
Aujourd'hui, 20% des foyers noirs vivent dans une extrême pauvreté contre 2,9% des foyers blancs dans le pays.
Nelson Mandela a fait la révolution sans la guerre. Et beaucoup de Sud-Africains estiment que s'il a fait de son mieux, ses successeurs, eux, n'ont pas été à la hauteur.

Des "liens étroits" entre Nelson Mandela et l'Algérie
Les "liens étroits" entre le défunt militant sud-africain, Nelson Mandela et l'Algérie, ont été mis en exergue, mardi à Alger, notamment son inspiration de la Révolution algérienne dans sa lutte contre le régime de l'apartheid. "Les liens entre Mandela et l'Algérie étaient très étroits. Mandela était très imprégné de l'histoire de la résistance algérienne contre le colonialisme français, dont il s'est beaucoup inspiré dans sa lutte contre le régime de l'apartheid", a indiqué le premier ambassadeur d'Algérie en Afrique du Sud, Noureddine Djoudi, lors d'une rencontre organisée au forum d'El-Moudjahid, à la veille de la célébration de la Journée internationale dédiée à Nelson Mandela.
Il a évoqué, à cet effet, le passage de Mandela en Algérie où il a reçu une formation militaire, "bénéficiant de l'expérience algérienne dans la lutte anticolonialiste", faisant observer, à ce propos, que "le colonialisme français et le régime de l'apartheid étaient identiques". Il a ajouté que l'Algérie avait été, également, "une source d'inspiration au plan diplomatique pour Mandela dans sa lutte contre la politique raciste et discriminatoire pratiquée par le régime de l'apartheid".
L'ancien diplomate a déploré, au passage, "les tentatives de certains pays occidentaux notamment d'occulter le rôle et la solidarité de l'Algérie avec le peuple sud-africain, à sa tête Mandela, pour se libérer du régime de l'apartheid". M. Djoudi a tenu à rappeler, à cet égard, le rôle et l'engagement de l'Algérie dans la lutte anticolonialiste à travers le monde, en soutenant les peuples opprimés dans leur lutte pour autodétermination et l'indépendance, particulièrement en Afrique.
De son côté, Eric Overvest, Résident du système des Nations Unies en Algérie, a rendu hommage à Nelson Mandela qu'il considère comme "une icône africaine de par son courage, son parcours et ses idéaux et qui a changé bien plus que le destin de son pays", mettant en avant "la solidarité de l'Algérie avec la lutte de libération du peuple sud-africain". "Il n'y a aucun doute que Nelson Mandela affectionnait particulièrement l'Algérie, considérée à l'époque comme un pays modèle en matière de libération", a-t-il souligné, relevant que l'Algérie "est très vite devenue sa seconde patrie".
M. Evervest a évoqué également "l'appui diplomatique apporté par l'Algérie en faveur du droit inaliénable à autodétermination du peuple sud-africain, notamment dans le cadre du multilatéralisme et en particulier des organes des Nations Unies". En raison de sa politique d'apartheid, l'Afrique du Sud était menacée d'exclusion par le Conseil de sécurité de l'ONU, "toutefois une résolution dans ce sens n'a finalement pas été adoptée par le Conseil", a-t-il rappelé.
Dans ce contexte, a-t-il souligné, lors de la 29e session de l'Assemblée générale de septembre 1974, présidée par M. Abdelaziz Bouteflika, les Etats membres se sont saisi de la question de la relation de l'Afrique du Sud avec les Nations unies, adopté une résolution soulignant que la politique d'apartheid et de discrimination raciale de l'Afrique du Sud était en violation avec les principes de la Charte des Nations unies et de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et, de ce fait, ont demandé au Conseil de sécurité de se ressaisir urgemment de la question du statut de l'Afrique du Sud au sein de l'Organisation. Lors de cette même session, les Etats membres ont également adopté une résolution appelant tous les Etats à contribuer activement aux Fonds d'affectation spéciale des Nations unies pour l'Afrique du Sud, en vue d'apporter une assistance humaine aux personnes persécutées et ont recommandé d'imposer un embargo sur l'armement en direction de l'Afrique du Sud, ainsi que son exclusion totale de toute participation aux organisations et conférence internationales placées sous l'égide des Nations unies.
Cette rencontre à l'occasion de la Journée internationale dédiée à Nelson Mandela "est certainement un rappel de l'engagement de ce leader et militant des droits de l'Homme pour la liberté et l'égalité, mais aussi un rappel du soutien indéfectible de l'Algérie pour une cause juste qu'est l'autodétermination des peuples", a fait observer M. Evervest. Pour sa part, l'ambassadeur d'Afrique du Sud à Alger, Denis Thokozani Dlomo, a indiqué que "sans l'Algérie, Neslon Mandela ne serait pas ce qu'il était devenu", saluant le rôle de l'Algérie dans son soutien aux peuples à la liberté et à l'indépendance.


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