Plus de deux ans après sa mise en application, l'accord d'association, signé en avril 2002 à Valence et entré en vigueur en septembre 2005, sera passé à la loupe par les deux partenaires à savoir l'Algérie et l'Union européenne. Le 3e conseil d'association Algérie-UE s'ouvre aujourd'hui à Bruxelles en marge du conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE, et en présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Une rencontre qui se veut une halte après l'application de l'accord d'association où un travail d'évaluation sera entamé par les deux parties. Cet accord a suscité l'appréhension des industriels et producteurs algériens quant à la dure réalité du marché qui relèguent au second plan leurs produits. Les chiffres sont là pour l'attester. L'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) parle d'un manque à gagner et d'un écart très important entre les importations et les exportations. Pour un volume de 800 millions de dollars exportés depuis l'application de l'accord d'association, l'Algérie a importé pour 12 milliards de dollars, selon les dernières statistiques de l'Anexal. Le produit algérien dont la qualité laisse, certes, à désirer, peine à trouver une place sur le marché européen d'autant que des verrous bureaucratiques viennent se greffer et compliquer par-là la tâche des opérateurs économiques. Lors de sa dernière visite en novembre dernier à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a parlé de questions «mises à plat» entre les deux parties. La question des visas reste en discussion et Alger souhaite carrément la suppression de ce document pour certaines catégories. Une question également abordée lors de la visite de la commissaire européenne aux Relations extérieures la semaine dernière à Alger. En outre, l'énergie reste le point nodal des discussions d'autant que l'Europe table sur sa sécurité énergétique. L'Algérie reste un partenaire privilégié dans ce domaine et fournit 10% des besoins de l'Europe en gaz naturel. Le ministre des Affaires étrangères avait déjà annoncé que le «mémorandum d'entente pour un partenariat énergétique stratégique serait conclu d'ici à la fin 2008 ou un peu après». Le mémorandum, d'une valeur symbolique et politique, vise à cadrer les grands principes qui présideront à la coopération énergétique entre l'Algérie et l'UE à long terme, au bénéfice des deux parties. Pour l'UE, il s'agit d'assurer la sécurité, la stabilité et la prévisibilité des approvisionnements en hydrocarbures, et pour l'Algérie, la présence sur le marché européen de la distribution, l'assurance d'un marché de proximité et des infrastructures communes pour le transport des hydrocarbures, selon les spécialistes. Reste que l'Algérie espère bénéficier du soutien du vieux continent dans son processus d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'Europe s'étant engagée à appuyer davantage la candidature de l'Algérie qui souhaite voir concrétiser cette promesse avec plus de gestes concrets. Un programme chargé attend le ministre des Affaires étrangères lors de ce 3e conseil d'association. Ainsi, est-il prévu une plénière qui fera l'état des lieux de la coopération économique et les perspectives à court et moyen termes, en présence de la commissaire européenne aux Relations extérieures, Ferrero-Waldner, et de Dimitrij Rupel, ministre des Affaires étrangères de la Slovénie qui assure la présidence en exercice de l'UE. Les questions diplomatiques seront également au menu de cette rencontre avec la participation de Javier Solana, Haut représentant pour la politique extérieure et la sécurité commune. L'Union du Maghreb arabe (UMA), les négociations en cours entre le Maroc et le Polisario, la situation au Sahel, le partenariat UE-Afrique et l'Union pour la Méditerranée, sont des questions inscrites également dans l'agenda des deux délégations.