Le ministre sahraoui Délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a affirmé dimanche que la Commission européenne qui s'est entendue avec le Maroc sur un texte d'accord de pêche qui inclut les eaux du Sahara occidental "ne fait qu'encourager l'occupation marocaine du territoire sahraoui", soutenant que cette attitude met en jeu la crédibilité de l'Union européenne (UE). "Le Maroc vole les ressources du peuple sahraoui, qui vit en grande partie en exil dans la pauvreté, privé de sa terre et de sa mer. Et la Commission européenne se rend complice de ce vol", a souligné M. Sidati dans une déclaration à l'APS, après que la Commission européenne et le Maroc se sont entendus le 20 juillet sur un texte d'accord de pêche qui inclut les eaux du Sahara occidental, violant ainsi l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 18 février 2018. Bien plus, ajoute le responsable sahraoui, membre du Secrétariat national du Front Polisario, "en négociant avec le Maroc pour ce qui touche au Sahara occidental, la Commission, qui affirme respecter le processus de paix conduit par l'ONU et ne pas vouloir influer sur lui, ne fait qu'encourager l'occupation marocaine du territoire : elle empêche précisément que le processus porté par l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Horst Kohler, d'aboutir". "C'est la crédibilité de l'UE qui est ici en jeu", a soutenu M. Sidati, affirmant à ce propos qu'"il faut que les Etats membres de l'Union et les députés de son Parlement le sachent, et non seulement n'entérinent pas ce projet d'accord indigne, mais appellent l'Union à discuter avec le seul représentant légitime du peuple sahraoui, le Front Polisario, pour ce qui concerne ses ressources". "Quand on sait que les prises des bateaux européens dans les eaux sahraouies représentaient ces dernières années plus de 91 % du total des prises européennes négociées avec le Maroc moins de 9 % d'entre elles étant effectuées dans les eaux authentiquement marocaines, on ne peut que s'indigner d'entendre le ministre espagnol de l'Agriculture et de la Pêche espérer que bien vite les bateaux espagnols pourront de nouveau pêcher dans les eaux marocaines !", a encore relevé le ministre sahraoui. Dès lors, insiste M. Sidati, "quand on entend la Commission européenne célébrer les améliorations apportées au texte de l'accord de pêche afin de maximiser les bénéfices pour les populations locales des zones concernées, en respectant les principes de gestion durable et équitable des ressources halieutiques, on ne peut y voir que mensonge et hypocrisie". Il a tenu à rappeler que "le Sahara occidental n'appartient pas au Maroc, ni les eaux y adjacentes qui font partie de sa zone économique exclusive". "La Cour de justice l'a redit très clairement. Et le Maroc n'est pas non plus la puissance administrante du Sahara occidental, car il ne remplit aucun mandat dans ce sens auprès de l'ONU", a encore ajouté le ministre sahraoui, affirmant qu'"en revanche, le Maroc occupe militairement le territoire sahraoui à l'ouest d'un mur qu'il a dressé, cerné de mines anti-personnel, qui sépare violemment le peuple sahraoui dont toute une partie a dû se réfugier plus à l'est, en Algérie. Ce que l'UE, procédant à son opération de brigandage, ne peut ignorer". Il y a lieu de rappeler que trois parlementaires européens avaient déjà saisi mercredi dernier, dans une lettre ayant le caractère "urgent", les plus hautes autorités de l'UE dénonçant "une grave violation de la législation de l'UE, de la jurisprudence de la CJUE et du droit public international, s'agissant du commerce de produits et biens originaires du Sahara occidental. Les trois eurodéputés, Barbara Lochbihler, Helga Trüpel et Bodil Valero, avaient souligné "que toute importation dans l'UE à partir des territoires sahraouis occupés n'a actuellement aucune base légale dans le cadre des accords bilatéraux UE-Maroc".
L'autorité sahraouie du pétrole et des mines dénonce cette décision Le président de l'autorité sahraouie du pétrole et des mines, Ghali Zubair a qualifié la décision du Conseil de l'Union européenne (UE) visant à inclure le Sahara Occidental dans l'accord commercial UE-Maroc d'"immorale", car s'opposant aux principes de l'UE basés sur la démocratie et le respect des droits des peuples. Intervenant lors d'une émission sur la chaine France 24, M. Ghali a indiqué que "la décision prise par le conseil de l'UE intervient en réaction aux pratiques odieuses du régime marocain qui recourt au chantage envers l'Europe à chaque fois qu'il subit une pression". Dans ce cadre, il a exprimé "la disposition du Front à retourner à la Cour de justice de l'Union Européenne (CJUE) pour défendre le droit du peuple sahraoui". Il avait déclaré auparavant à la presse que la commission de l'UE et le Maroc avaient échoué à renouveler l'accord de pêche qui a expiré le 14 juillet dernier en dépit des réunions et des négociations menées, plusieurs semaines durant, par les deux parties, l'accord n'étant pas adapté à la décision de la CJUE qui stipule clairement que le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé du Maroc. Le Maroc et l'UE ne sont pas parvenus à un accord en raison de l'inadéquation de l'accord qui a expiré avec la décision de la CJUE qui stipule que le Sahara Occidental n'est pas une partie du Maroc et que les accords que le Maroc signe avec l'UE ne peuvent inclure les eaux du Sahara Occidental. Le responsable sahraoui a révélé que le dossier de négociations entre le Maroc et la commission européenne incluant les ressources du Sahara Occidental a englobé deux volets différents pour lesquels une décision judiciaire précise a été rendue et dont des négociations distinctes sont en cours. S'agissant du premier volet, il concerne "la convention par laquelle le gouvernement marocain permettait à la flotte européenne d'exercer la pêche dans les eaux territoriales sous le contrôle du Maroc, et qui a officiellement expiré dans la nuit du 14 juillet dernier, après quatre ans de son exploitation ayant permis à environ 120 bateaux de pêches européens, principalement venant d'Espagne, à pratiquer la pêche essentiellement dans les eaux territoriales sahraouies (91 %)". Le deuxième volet concerne l'accord commercial et de libre échange qui a fait l'objet d'une condamnation de la CJUE le 21 décembre 2016 et qui interdisait à l'UE d'inclure les produits du Sahara occidental dans tout accord signé avec le Maroc. Lors de leur dernière réunion dimanche à Helsinki, les ministres européens avaient appelé la commission européenne à parvenir au plus vite à un accord commercial de libre-échange avec le Maroc.