La pénurie du ciment connaît en Algérie une évolution en dents de scie, marquée par différentes variations qui découlent du comportement du marché. Les observateurs attribuent cette contre performance à la spéculation outrancière des revendeurs du ciment qui achètent à bas prix ce produit auprès des différentes cimenteries du pays, pour le revendre deux fois plus cher, à telle enseigne que le sac du ciment est devenu inaccessible et son prix a connu une hausse vertigineuse qui n'arrange guère les affaires de l'opérateur public en mesure de répondre à la demande. Cette situation est loin de plaire aux uns et aux autres, dans la mesure où ces revendeurs sont devenus moins compréhensifs. Ces derniers imputent la rareté du ciment ainsi que son prix élevé à la fermeture de quelques cimenteries, notamment celles de Chlef, de Sour El Ghouzlane ou bien celle de Meftah. Ce qui n'est pas de l'avis du président du directoire de la Société de gestion des participations (SGP-Gica), pour l'industrie des ciments d'Algérie. Contacté, hier par nos soin, celui-ci a démenti toutes les rumeurs quant à la fermeture des cimenteries. Pour le président du directoire, il s'agit d'arrêts techniques obligatoires effectués pour le maintien du briquetage des fours. Ces arrêts, programmés une fois par an, s'effectuent en période où il y a une baisse de la demande de ce produit, c'est-à-dire, en hiver, et ça ne dépasse guerre les 20 à 30 jours. Selon, un membre du directoire, toutes les opérations d'arrêt programmées dans les 12 cimenteries publiques s'achèveront d'ici fin mars. Concernant l'anarchie qui règne depuis quelques temps, notamment dans l'approvisionnement de ce produit, le président du directoire a déploré le manque de coordination au niveau national, mettant en cause, notamment, les revendeurs du ciments, qui "pratiquent la politique de stockage". Dans l'attente de prendre possession de leurs commandes, ceux-ci, (les commerçants) pratiquent, entre eux, un jeu de péréquation consistant à prélever sur les stocks pour alimenter la clientèle, ce qui contribue à morceler l'offre. "Dans leur rôle de spéculateurs, ces revendeurs n'hésitent pas à solliciter les opérateurs publics et privés, avec des bons de commande exagérées, qui dépassent leurs quotas habituels, pour ensuite le revendre à des prix exorbitants" dira le président du directoire. Ce dernier, prie, toutefois, les autorités locales afin de mettre en place un dispositif de veille et de contrôle, pour le rééquilibrage des prix auprès de ces revendeurs qui, selon le président du directoire, sont en constantes augmentations, au niveau national, au détriment de la distribution abusive des registres du commerce. Par ailleurs, et selon toujours, le président du directoire, la production nationale du ciment a enregistré, en 2007, un pic de 11, 6 millions de tonnes consécutif au boom de la construction dans maints chantiers nationaux et régionaux. Soit 42% de croissance par rapport aux années précédentes, et 3,4 % de différence sur les 12 cimenteries. La demande nationale de ciment s'est hissée, en 2004, à plus de 9,5 millions de tonnes, puis à 10,4 millions de tonnes en 2005, avant d'enregistrer en 2006 une hausse de 400 000 tonnes. Cependant, le secteur public détient 72% de parts de marché, et pas moins de 70% du ciment sont livrés aux entreprises de construction publiques ou privées. Les 30% restants se repartissent sur les revendeurs et les particuliers. Le prix du sac de 50Kg ne dépasse pas les 230DA (TTC) sorti de l'usine. Et la plupart des entreprises et commerçants préfèrent s'approvisionner de chez l'opérateur public pour des raisons de prix. Ce qui crée, selon le président du directoire, une pression assez considérable quant à la satisfaction de toutes les demandes. "Les entreprises ou bien les commerçants préfèrent s'approvisionner chez nous, parce que nos prix sont fixes et sont nettement inférieurs par rapport à l'opérateur privé. Plus ce dernier augmente ses prix, plus la demande vient vers nous" nous expliquera le président du directoire. Il faut savoir que le marché algérien du ciment est représenté par deux opérateurs, l'un public qui détient les 12 cimenteries du pays et l'autre privé, à savoir le groupe Orascom, qui détient pour sa part les deux cimenteries de Msila.