Une intelligence artificielle capable non seulement de décongeler un steak mais aussi d'avoir des intuitions? Le géant Amazon a présenté une batterie d'innovations autour de son assistant vocal Alexa, pour le rendre encore plus incontournable dans la vie quotidienne. L'enceinte connectée Echo pourra par exemple communiquer avec le nouveau four à micro-onde de la marque, dévoilé jeudi lors d'une démonstration grandeur nature des nouvelles possibilités réalisée en public depuis une maison factice à Seattle (ouest des Etats-Unis). Touefois, quand un journaliste lui demande d'ajouter 30 secondes de cuisson à un épi de maïs, le haut-parleur intelligent, après réflexion ... diffuse des chansons du groupe de rock américain "Thirty Seconds to Mars". Mais au-delà de ces cafouillages, l'ambition d'Amazon est bien de prendre en premier le "tournant de la maison intelligente", a assuré David Limp, l'un des dirigeants de la marque, qui jusqu'ici domine le marché des enceintes connectées. Selon EMarketer Inc, cité par Bloomberg, en 2018 environ deux tiers des Américains amateurs d'enceintes connectées utiliseront Echo. Google Home, son grand concurrent avec Apple, ne séduira pas plus de 30% des utilisateurs.. Alexa pourra par exemple se voir confier la sécurité du domicile: l'habitant sera prévenu si une fenêtre se casse et recevoir sur son téléphone une alerte en cas d'intoxication à la fumée ou au dioxyde de carbone.
Les intuitions d'Alexa Le groupe américain, simple librairie en ligne devenue une société pesant 1.000 milliards de dollars en Bourse, a également présenté une innovation baptisée "Alexa Hunches", pouvant se traduire de manière approximative par "Les intuitions d'Alexa", qui analyse les gestes quotidiens et alerte en cas de changement. Il sera ainsi possible de souhaiter "Bonne nuit!" à Alexa, et de s'entendre répondre: "La lumière du porche est restée allumée. Faut-il l'éteindre?" Amazon travaille même à doter Alexa d'une "personnalité", en lui attribuant des "goûts", par exemple pour une marque de bière ou un animal de compagnie. Et l'assistant vocal voit également son ouïe s'affiner: il sera à l'avenir capable de comprendre des chuchotements. Et d'y répondre à voix basse. Amazon fait ainsi clairement le pari d'un développement exponentiel des assistants vocaux, dont les ventes restent jusqu'ici très inférieures à celles des Smartphones, et dont les usages sont encore restreints. Si plus de 70% des Américains qui en sont dotés les utilisent quotidiennement, selon une étude publiée mercredi par AppDynamics, c'est surtout pour obtenir la météo ou comme GPS. Puis pour choisir et écouter de la musique, allumer ou éteindre la lumière. Puisque les outils pour la maison intelligente développés par les principales marques représenteront en 2018 un marché de 96 milliards de dollars, dont 40% aux USA, Amazon a également annoncé le lancement de la plateforme "frustration free setup". Celle-ci permettra à chaque fabricant d'accessoires connectés de communiquer facilement avec Alexa. Un élément stratégique pour renforcer le poids déjà dominant d'Amazon. "Cela ne se fera pas en une nuit", a prévenu David Limp. "Mais puisque nous imaginons un futur avec des milliers de ces appareils dans chaque maison, cela va devenir absolument essentiel". "Les annonces d'Amazon rappellent cruellement à Apple et Google qu'Alexa a pris une large avance et qu'elle œuvre minutieusement pour en tirer le maximum", juge Geoff Blader, le vice-président de CCS Insight research. De quoi inquiéter un peu plus ceux qui redoutent l'envahissement dans leur quotidien d'une technologie incontrôlable. De nombreux utilisateurs se sont ainsi plaints de rires menaçants intempestifs d'Alexa, obligeant Amazon a reconfigurer la programmation. Des cas d'enceintes connectées ayant enregistré leurs propriétaires à leur insu sont également régulièrement rapportés.
Pub numérique Facebook et Google sont toujours ultra-dominants dans le marché de la publicité numérique aux Etats-Unis mais voient leur parts de marché légèrement grignotées par d'autres plateformes, comme Amazon, selon les projections 2018 du cabinet eMarketer publiées. "Cette année, Google et Facebook contrôleront à eux deux 57,7% des recettes issues de la publicité numérique aux Etats-Unis (37,1% et 20,6%, respectivement), contre 59,1% l'an dernier, dans un marché en expansion où de plus petits acteurs augmentent leurs parts de marché" même s'ils ne récupèrent guère que des miettes, anticipe le cabinet spécialisé. Le cabinet note en particulier la présence de plus en plus importante d'Amazon, le géant du commerce en ligne, qui "est devenue un option attrayante pour les annonceurs", selon les termes de l'analyste Monica Peart. Si le groupe de Seattle (nord-ouest) reste un nain de la publicité en ligne, il se hisse à la troisième place, avec 4,15% de parts de marché, surpassant pour la première fois Microsoft (4,05%) et Oath Net (ex-Yahoo et AOL, désormais aux mains du groupe télécoms Verizon, 3,32%). En 2018, eMArketer prévoit que le groupe tirera 4,61 milliards de dollars de la pub aux Etats-Unis. Cela est dû notamment au fait que "les consommateurs, de plus en plus, débutent leurs recherches de produits sur Amazon, plutôt que Google", poursuit le cabinet. Au deuxième trimestre, Amazon avait dégagé 2,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires dans la catégorie "autres ventes" qui recouvrent essentiellement les recettes publicitaires, une hausse de 132% par rapport à la même période de 2017. Si la progression d'Amazon est bien réelle, elle est toutefois à nuancer, précise eMarketer, car en partie due à des changements comptables qui ont mécaniquement fait augmenter le chiffre d'affaires qu'Amazon tire de la publicité.