La montagne constitue, avec ses parcours des zones favorables à la pratique de l'élevage caprin. L'émergence d'une prise de conscience des potentialités laitières de la chèvre est récente, d'où l'engouement à promouvoir cet élevage. Ce sont là, les résultats préliminaires d'une enquête réalisée par le cabinet Gredaal dans une zone de montagne en Kabylie maritime sur l'élevage caprin dans la région. Même si l'organisation de l'élevage caprin sur les plans technique et sanitaire reste toujours difficile et dépend d'une volonté collective qui lui permettrait de s'ériger réellement en filière organisée, paradoxalement ce sont les références et les données socioéconomiques propres à ce milieu appelé à recevoir ce genre d'élevage qui manquent considérablement, expliquent les chercheurs ayant effectué cette étude. Ce qui rend le processus de prise de décision très ardu, notamment pour mettre en œuvre une politique cohérente de développement durable. C'est à ce type de besoin que l' enquête, menée par l'équipe du Gredaal durant l'année 2000 sur dix sept (17) villages de la commune de Garet dans la wilaya de Béjaïa, est venue à point nommé apporter un éclairage sur cette filière. Elle est inédite et structurée autour des caractéristiques des exploitations caprines et des itinéraires des ménages, tout en relevant leurs projets. L'enquête aborde aussi les aspects liés à la pratique et à l'association du caprin dans son insertion avec les autres productions agricoles, ses niveaux de productivité ainsi que les formes de commercialisation adoptées. Cette enquête a concerné une population de 564 personnes potentiellement intéressées par l'élevage des chèvres. Dans les faits, seuls 159 ont répondu favorablement à des perspectives de développement de l'élevage caprin, soit un taux de réponse favorable de 28 %. L'étude met en évidence que plus de la moitié de la population sondée est constituée d'exploitations privées de subsistance et d'accès difficiles, que l'élevage caprin est marginal. Il est pratiqué par des agriculteurs disposant d'une assise foncière assez restreinte : 31 % des exploitants ont une surface agricole utile (SAU) comprise entre 0 et 1 Ha contre 26% qui possèdent une SAU supérieure à 2Ha et qui ont recours, pour nourrir leur cheptel, aux ressources naturelles. Le travail de la terre semble être le principal débouché des habitants de Garet. 66 % des sujets sondés vivent de la terre et 32 % ont un emploi hors agriculture. A la question " les femmes exercent-elles des activités au sein de l'exploitation agricole ? ", 59 % des femmes répondent par l'affirmative et 41 % par la négative. Concernant l'activité la plus rentable, 51% des agriculteurs optent pour l'élevage et 22% pour l'arboriculture (essentiellement rustiques oliviers, figuiers..) considérée comme une activité séculaire. Le système fourrager existant dans les exploitations est presque exclusivement basé sur l'utilisation des parcours qui fournissent la plus grande part de la ration alimentaire, soit 84 %. Par ailleurs, les exploitants extraient partiellement le lait. 90% du lait est orienté vers l'autoconsommation. La valorisation sous forme de fromage et le fait des femmes d'éleveurs et ne concerne que de très faibles volumes. L'éloignement des marchés et l'absence de systèmes de collecte sont les freins à l'essor de ce type d'élevage, les plus cités avec 23 % des opinions. 17% des agriculteurs soulèvent le problème de stockage et du transport de lait; 15 % d'entre eux soulèvent la question de l'absence d'un système de collecte organisé. Pour peu que l'amélioration de l'affouragement, pour améliorer les performances technico-économiques des animaux, soit assurée, l'élevage caprin peut constituer une activité fort lucrative pour les populations rurales en zones enclavées des montagnes.