Les efforts libyens se poursuivent parallèlement à ceux déployés par les Nations unies dans le but de préparer un climat propice aux élections auxquelles aspirent les Libyens et la communauté internationale, même si certaines parties qualifient d'"impertinente" la décision d'organiser ces élections en cette conjoncture, en raison de l'absence des conditions politiques et sécuritaires requises. Dans ce sens, l'émissaire onusien en Libye, Ghassan Salamé poursuit ses concertations avec les différentes parties concernées par la crise, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Libye, en vue de mettre fin au blocage politique et ses démarches en vue d'instaurer la paix en tant que condition sine qua non pour le parachèvement du processus politique dans ce pays. A cet effet, le Gouvernement libyen a salué les efforts de M. Salamé, tout en mettant l'accent sur ses démarches intenses visant à aplanir toutes les difficultés entravant une solution politique à la crise, en dépit de la situation sécuritaire fragile prévalant à Tripoli, mais aussi des tensions marquant les régions du sud libyen. Selon des observateurs de la question libyenne, la situation se dirige vers un éventuel report du referendum constitutionnel et des élections à une date inconnue, en raison de l'incapacité de l'émissaire onusien de régler la situation et des conflits d'intérêts opposant les différentes parties politiques dans ce pays. "L'organisation des élections en Libye dans de telles conditions reste semée de risques", a déclaré, dans ce sens, la Russie, ajoutant qu'"il faut d'abord parvenir à un consensus entre toutes les parties politiques dans ce pays". De son côté, M. Ghassan Salamé a mis en avant l'impossibilité d'organiser des élections en Libye dans cette conjoncture sécuritaire, en allusion aux combats qui ont eu lieu à Tripoli entre les forces du Gouvernement d'Union nationale et des groupes armés (7e brigade), outre le fait que le conflit entre les belligérants libyens pourrait compromettre la validation des résultats de ces élections.
Des efforts pour asseoir la sécurité à Tripoli et au sud libyen Pour sa part, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement libyen d'union nationale, Fayez el-Sarraj essaye de lever certains obstacles, à travers l'examen des dispositifs sécuritaires pour sécuriser la capitale Tripoli et les missions des zones militaires, en prévision de leur application, face aux développements de la situation au sud libyen. D'autre part, M. el Sarraj aspire à l'unification de l'institution militaire, conformément à l'accord politique y afférent et aux principes fondateurs de l'Etat civil démocratique. A cet effet, le gouvernement d'union nationale a démenti les informations relayées au sujet de "la conclusion d'un accord politique pour unifier l'institution militaire dans le pays" lors de négociations engagées depuis plus d'une année au Caire. Il a, néanmoins, affirmé que l'institution militaire relevant du gouvernement d'union nationale "soutient ce processus, vu son importance dans l'arrêt de la scission actuelle". Le Conseil présidentiel libyen a réaffirmé l'importance de tenir compte dans un quelconque accord à ce sujet "des constantes précitées dans l'accord politique, en premier lieu le principe de séparation des pouvoirs et la constitution d'une armée libyenne régulière sous l'autorité du pouvoir civil". Le Caire abrite depuis plus d'une année des réunions élargies aux militaires libyens, en vue d'unifier l'institution militaire libyenne. Hafter et Fayez el Sarraj avaient convenu lors de deux réunions tenues en mai 2017 et 2018, respectivement à Abu Dhabi et Paris de "mettre en place une stratégie de constitution d'une armée libyenne régulière sous l'autorité d'un pouvoir civil". Suite à la détérioration récente de la situation sécuritaire à Tripoli puis au sud libyen, la MANUL a appelé le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale, à l'approbation et à la mise en œuvre du dispositif sécuritaire dans la capitale Tripoli, saluant les consultations initiées par la commission chargée des questions sécuritaires avec les groupes armés à Tripoli et ses environs en vue de "réaliser l'entente et garantir l'application immédiate du plan de sécurisation de la capitale". Par ailleurs, la MANUL a condamné la détérioration de la situation sécuritaire dans le sud libyen et a appelé les autorités libyennes à "prendre des mesures dans les plus brefs délais pour juguler le phénomène d'insécurité dans la région". L'ONU a exprimé "sa préoccupation vis à vis de la recrudescence de la criminalité, notamment des enlèvements et des actes de vandalisme ayant ciblé l'infrastructure de la grande rivière artificielle". Les régions du sud libyen connaissent une situation instable en parallèle aux affrontements armés près de la région d'Oum Al Aranib, Katroun et Tajarhi entre les habitants de la région et des groupes tchadiens armés. Par ailleurs, une conférence est en cours de préparation sur la crise libyenne, prévue les 12 et 13 novembre prochain à Palerme (Italie), ayant pour objectif de parvenir à une solution politique à la crise.