Le groupe de pression, Global Legal action Network (GLAN) a annoncé avoir officiellement porté plainte auprès du gouvernement irlandais contre le groupe pétrolier San Leon Energy pour activités illégales dans les territoires sahraouis occupés, a rapporté mercredi le magazine américain Forbes. La plainte a été déposée auprès du département du Commerce, de l'innovation et des entreprises irlandais qui veille au respect des directives professionnelles de l'OCDE par les entreprises irlandaises. Elle intervient quelques jours seulement après les plaintes pour crimes de colonisation déposées par le Front Polisario contre six grandes entreprises françaises. Dans sa plainte, GLAN a indiqué que le groupe irlandais n'avait pas obtenu le consentement du peuple sahraoui pour procéder aux forages pétroliers sur ses territoires, ce qui constitue une atteinte aux droits humains des sahraouis, selon ce groupe de pression, basé à Dublin. GLAN a demandé au département irlandais de déterminer si San Leon Energy se conformait aux directives de l'Organisation de Coopération et de développement économiques en matière de conduite responsable des entreprises. Le groupe de pression a fait savoir que sa plainte a été appuyée par le Front Polisario, le représentant légitime du peuple sahraoui, ainsi que par de nombreuses ONG au Sahara occidental, dont la Campagne sahraouie contre le pillage, l'Association pour la surveillance des ressources et la protection de l'environnement au Sahara occidental, et le Comité sahraoui pour la protection des ressources naturelles. San Leon Energy, dont le siège se trouve également à Dublin, détient plusieurs licences d'exploration dans les territoires occupés, notamment à Tarfaya et Zag, deux blocs d'exploration très controversés puisque l'ONU a déclaré que toute exploration pétrolière au Sahara occidental violait le droit international si les Sahraouis n'y consentent pas et n'en bénéficient pas. Le magazine américain rappelle que la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n'est pas reconnue par les Nations unies qui considèrent ce territoire comme non autonome. San Leon Energy a refusé de commenter le dépôt de plainte, selon Forbes. "Les activités de San Leon au Sahara occidental contribuent au maintien d'une annexion illégale et au déni du droit internationalement reconnu du peuple sahraoui à l'autodétermination", a déclaré la conseillère juridique de Glan, Valentina Azarova, citée par le magazine. Sans vouloir spéculer sur l'aboutissement de la plainte, Forbes a souligné que les ministres du gouvernement irlandais se sont opposés par le passé aux entreprises souhaitant investir dans les territoires occupés. Le magazine rappelle, à ce titre, le discours prononcé en 2011 par le chef de la diplomatie irlandaise, Brian Cowen, devant le parlement dans lequel il avait affirmé que "toute activité d'exploration et d'exploitation qui irait à l'encontre des intérêts et des souhaits du peuple du Sahara occidental serait une violation des principes du droit international ". "Le gouvernement s'attend à ce que les entreprises irlandaises opérant à l'étranger respecte dûment les principes du droit international et les droits des habitants du territoire", avait, alors, déclaré Brian Cowen qui avait auparavant pris les fonctions de Premier ministre d'Irlande. Selon Forbes, le parlement irlandais s'attèle à examiner un projet de loi sur l'activité économique dans les territoires occupés. Le texte visant principalement l'occupation israélienne en Cisjordanie occupée s'appliquera également sur le Sahara occidental s'il est adopté, a expliqué GLAN. La proposition de loi se trouve actuellement au niveau Seanad Eireann, la chambre haute du parlement irlandais. Pour rappel, le groupe pétrolier irlandais a été exclu des portefeuilles de placement du Fonds de pension du gouvernement norvégien pour " violation des normes éthiques fondamentales " du fait de ses opérations dans les territoires sahraouis occupés. Le plus grand fonds d'investissement au monde s'est débarrassé des actions de San Leon en 2016.
Exploitation des richesses naturelles du pays Une délégation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a tenu des rencontres avec plusieurs députés et membres du Parlement européen et l'intergroupe "Paix pour le peuple sahraoui" pour sensibiliser aux conséquences du renouvellement de tout accord économique avec le Maroc incluant les territoires sahraouis. "Les rencontres tenues par la délégation sahraouie au siège du parlement européen à Strasbourg ont pour objectif de sensibiliser les représentants des peuples européens quant à la gravité des tentatives visant à exploiter les richesses naturelles du Sahara occidental et à contourner la légalité internationale et les arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) de 2016 et 2018", a indiqué mercredi l'Agence de presse sahraouie (SPS). La délégation sahraouie a expliqué aux députés européens les tentatives de la Commission européenne d'outrepasser la légalité internationale et la justice européenne qui avaient auparavant souligné que le Maroc et le Sahara occidental étaient deux pays distincts et que tout accord entre l'Union européenne (UE) et le Maroc qui inclut le Sahara occidental ou ses richesses est un accord nul. La délégation a mis en exergue l'intention de la commission de signer des accords avec le Maroc, ce qui constitue un défi flagrant du droit européen et international. Ces rencontres interviennent au terme de la séance qui a réuni la commission de la pêche relevant du parlement européen et le Front Polisario pour permettre au représentant du peuple sahraoui de donner son point de vue sur le devenir de l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc, le renouvellement de l'accord après la promulgation de la dernière décision de la CJUE le 27 février 2018 étant impossible, selon SPS. L'envoyé de l'ONU au Sahara occidental, Horst Kohler se rendra au parlement européen pour assister à une audition que tiendra la commission des relations extérieures pour connaître la position de l'ONU quant aux accords économiques que l'UE compte signer avec le Maroc et son impact sur la dynamique lancée par l'ONU pour trouver une solution à la question du Sahara occidental.