Renault réunit son conseil d'administration ce mardi soir pour discuter du remplacement de son P-DG Carlos Ghosn tant qu'il restera incarcéré au Japon pour des accusations de fraude fiscale, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier. A quelques heures de la réunion, le groupe a publié un communiqué pour souligner que les procédures de gouvernance étaient opérationnelles et permettaient au groupe de poursuivre le cours normal de son activité industrielle et commerciale. Il a aussi déclaré qu'il était "particulièrement vigilant à poursuivre la consolidation de l'Alliance Renault Nissan Mitsubishi." Déjà fragilisé par l'arrestation de Carlos Ghosn, détenu au Japon pour le deuxième jour d'affilée, le renforcement de cette alliance inédite dans l'histoire de l'automobile pourrait aussi se heurter aux conclusions de l'enquête de Nissan. Selon trois sources au fait du dossier, les investigations du groupe japonais sur des malversations présumées de son président se sont en effet élargies pour inclure la structure néerlandaise Renault-Nissan BV supervisant les opérations de l'alliance, signe que Nissan pourrait chercher ainsi de nouveau à réduire l'influence de son propriétaire français sur leur partenariat automobile. L'affaire Ghosn a pris une couleur politique avec les interventions du ministre français de l'Economie Bruno Le Maire et de son homologue japonais Hiroshige Seko, qui ont réaffirmé dans un communiqué commun "leur important soutien" à l'alliance. Bruno Le Maire a toutefois reconnu que chez Renault, Carlos Ghosn devait s'effacer au profit d'une direction intérimaire, sans aller toutefois jusquà à réclamer le départ de l'architecte de l'alliance franco-japonaise fondée en 2002. Carlos Ghosn "n'est de fait plus en état de diriger le groupe", a-t-il dit sur Franceinfo. "En revanche, nous n'allons pas demander le départ formel de M. Ghosn du conseil d'administration pour une raison qui est simple, nous n'avons pas de preuve et nous sommes dans un Etat de droit." L'Etat français est le premier actionnaire de Renault avec 15,01% du capital.
Vers un tandem Lagayette-Bolloré De son côté, Nissan a annoncé lundi son intention d'évincer Carlos Ghosn de son poste de président du conseil d'administration, après l'avoir accusé d'avoir dissimulé au fisc une partie importante de sa rémunération et d'avoir utilisé des fonds de Nissan à des fins personnelles. Cette position, qui alimente les interrogations sur l'avenir de l'alliance scellée trois ans après l'entrée de Renault au capital de Nissan en 1999, a entraîné une chute de plus de 8% du titre Renault à la Bourse de Paris lundi. Ce recul s'est poursuivi mardi, l'action du groupe français perdant encore 1,25% à 17h30. Mitsubishi, troisième partenaire de l'alliance franco-japonaise, a emboîté le pas à Nissan et demandé à son tour lundi l'éviction de Carlos Ghosn. Tout en estimant que l'alliance serait difficile à gérer sans lui. Interrogé sur un éventuel volet français de l'affaire, Bruno Le Maire a précisé qu'il n'y avait "rien de particulier à signaler" sur la situation fiscale du PDG de Renault et de Renault-Nissan en France. Selon BFM Business, la direction intérimaire qui sera mise en place d'ici la fin de la semaine devrait dissocier les fonctions de président et de directeur général. Plusieurs sources au fait du dossier ont précisé que Philippe Lagayette, en tant qu'administrateur référent, devrait assurer la présidence par intérim, tandis que les pouvoirs de Thierry Bolloré, actuel directeur général adjoint du groupe, pourraient être renforcés. Cette crise majeure intervient alors que l'alliance a lancé fin 2017 un tout nouveau plan stratégique visant à renforcer la complémentarité et accélérer les synergies entre les trois constructeurs. L'objectif affiché est d'atteindre 14 millions de ventes de véhicules en 2022. Un cadre dirigeant au siège de Nissan a déclaré à Reuters, sous couvert d'anonymat, craindre que le processus de décision ne soit freiné en l'absence de Carlos Ghosn qui incarnait l'alliance et assurait sa cohésion. Cette crise intervient à un moment crucial pour une industrie automobile engagée dans une course de vitesse pour accélérer l'électrification de ses modèles pour répondre aux futures normes d'émission et confrontée à des vents contraires en Chine, premier marché mondial du secteur. La CFE-CGC, premier syndicat de Renault, a publié lundi soir un tract pour exprimer sa préoccupation, demandant à la direction de Renault "de mettre tout en oeuvre afin que soient préservés les intérêts du groupe Renault et de l'alliance." "Les liens tissés en 19 ans sont tels qu'un retour en arrière ne serait pas sans conséquences pour chacun des constructeurs", a prévenu de son côté le syndicat Force ouvrière.
Renault veillera à poursuivre la consolidation de l'alliance Renault a déclaré mardi qu'il veillerait à la poursuite de la consolidation de son alliance avec Nissan et Mitsubishi, l'oeuvre du PDG Carlos Ghosn toujours incarcéré au Japon en raison d'accusations de fraude fiscale chez Nissan. Dans un communiqué publié avant le conseil d'administration qui doit se réunir dans la soirée, le groupe au losange a ajouté qu'il prenait acte de la première communication du parquet de Tokyo ayant trait à la procédure judiciaire visant Carlos Ghosn. "Toutes les procédures de gouvernance sont opérationnelles, permettant au groupe Renault de poursuivre le cours normal de son activité industrielle et commerciale", a ajouté le constructeur. "Le groupe Renault veille au quotidien à l'efficience de ses coopérations dans le cadre de l'alliance et est particulièrement vigilant à poursuivre la consolidation de l'Alliance Renault Nissan Mitsubishi." Renault a également indiqué que dans le contexte actuel, son directeur général adjoint, Thierry Bolloré, était plus particulièrement en charge de la continuité du comité exécutif du groupe.
Paris et Tokyo réaffirment leur soutien à Renault-Nissan Les gouvernements français et japonais ont réaffirmé mardi dans un communiqué leur "important soutien" à l'alliance entre Renault et Nissan, au lendemain de l'arrestation de Carlos Ghosn en raison d'accusations de fraude fiscale. Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et le ministre japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie Hiroshige Seko se sont entretenus au téléphone ce mardi à ce sujet. Dans leur communiqué conjoint, ils précisent avoir "réaffirmé l'important soutien des gouvernements français et japonais à l'alliance entre Renault et Nissan, premier constructeur automobile mondial et l'un des plus grands symboles de la coopération industrielle franco-japonaise, et leur souhait partagé de maintenir cette coopération gagnante".
Le Maire veut une gouvernance intérimaire pour Renault Bruno Le Maire a estimé mardi que Carlos Ghosn, arrêté lundi au Japon, n'était pas en état de diriger Renault et a demandé la mise en place d'une gouvernance intérimaire pour le constructeur automobile français. Carlos Ghosn "n'est de fait plus en état de diriger le groupe", a déclaré le ministre français de l'Economie et des Finances sur franceinfo. "En revanche, nous n'avons pas demandé le départ formel de M. Ghosn du conseil d'administration pour une raison qui est simple, nous n'avons pas de preuve et nous sommes dans un Etat de droit", a-t-il ajouté. "Il faut une gouvernance intérimaire (...) puisqu'aujourd'hui M. Ghosn est empêché de diriger l'entreprise", a dit Bruno Le Maire en précisant qu'il recevrait dans la matinée les représentants de l'Etat au conseil d'administration du groupe. Le ministre français, qui a réaffirmé sa volonté de préserver et de consolider l'alliance entre Renault et Nissan - une association selon lui bénéfique aux deux constructeurs et aux deux pays - doit également contacter son homologue nippon. Nissan a annoncé lundi qu'il comptait écarter Carlos Ghosn de la présidence de son conseil d'administration en l'accusant de fraude financière.
Mitsubishi dit que l'alliance sera difficile à gérer sans Ghosn L'alliance des constructeurs automobiles Renault, Nissan et Mitsubishi sera difficile à gérer sans son président Carlos Ghosn, qui fait face à des accusations de malversations financières au Japon, a déclaré mardi le directeur général de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko. Nissan a annoncé lundi son intention d'évincer Carlos Ghosn, 64 ans, de son poste de président du conseil d'administration en l'accusant d'avoir dissimulé au fisc une partie importante de sa rémunération et d'avoir utilisé des fonds de Nissan à des fins personnelles. Carlos Ghosn, qui a sauvé le constructeur japonais de faillite, restait mardi incarcéré au Japon pour le deuxième jour d'affilée. Le conseil de Mitsubishi va vraisemblablement se réunir la semaine prochaine pour évoquer le départ de Carlos Ghosn, a déclaré mardi à la presse à Tokyo, Osamu Masuko. Renault, dont Carlos Ghosn est le P-DG, détient 43,4% du capital de Nissan, qui détient 15% de la marque au losange, sans droit de vote dans le cadre d'un partenariat noué en 1999. Depuis 2016, Nissan détient une participation de contrôle de 34% dans son concurrent japonais, Mitsubishi.
Nissan élargit l'enquête sur Ghosn à l'alliance avec Renault L'enquête de Nissan sur des malversations présumées de son président Carlos Ghosn s'est élargie pour inclure l'alliance Renault-Nissan, ont dit des sources à Reuters, signe que le groupe japonais pourrait chercher ainsi de nouveau à réduire l'influence de son propriétaire français sur leur partenariat automobile. Nissan a informé lundi le conseil d'administration de Renault qu'il avait des preuves de malversations potentielles au niveau de Renault-Nissan BV, la structure néerlandaise supervisant les opérations de l'alliance sous le contrôle final de Renault, ont déclaré trois sources au fait du dossier. Cette communication privée du directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, intervient alors que le constructeur japonais, détenu à 43,4% par Renault, a annoncé qu'une enquête interne avait établi notamment que Carlos Ghosn avait sous-évalué sa rémunération auprès des autorités de marché et utilisé de l'argent de Nissan à des fins personnelles. Renault et Nissan ont tous deux refusé de faire un commentaire.
"Problème de gouvernance important" "Le problème de gouvernance était important", a-t-il dit à la presse tout en confirmant l'arrestation de Carlos Ghosn, l'un des rares dirigeants étrangers à la tête d'une entreprise japonaise. "Quand on regarde en arrière, en 2005, quand il est devenu directeur général à la fois de Renault et de Nissan, nous n'avons pas vraiment discuté des conséquences." Qualifiant de graves et inacceptables les fraudes reprochées à Carlos Ghosn, auquel il a succédé au poste de directeur général de Nissan l'an dernier, Hiroto Saikawa a annoncé qu'il proposerait jeudi au conseil d'administration de Nissan la mise à l'écart de son président, considéré au Japon comme celui qui a sauvé le constructeur de la faillite. "Avoir tant abusé de la confiance de beaucoup de gens, je me sens empli de déception et de regrets", a-t-il déclaré. "C'est très difficile à exprimer (...) Ce n'est pas seulement de la déception mais un sentiment plus fort d'indignation et, pour moi, d'abattement." Déclenchée à la suite d'une dénonciation, une enquête interne de plusieurs mois a permis d'établir que Carlos Ghosn avait sous-évalué pendant des années ses revenus déclarés aux autorités boursières et avait aussi utilisé de l'argent de Nissan à des fins personnelles, a dit le groupe japonais, sans donner de chiffres. Nissan accuse un autre administrateur, Greg Kelly, de complicité et compte aussi l'évincer. D'après les médias japonais, Carlos Ghosn aurait sous-évalué sa rémunération de près de moitié, déclarant près de 5 milliards de yens (38,82 millions d'euros) alors qu'il aurait dû en déclarer 10 milliards. Né au Brésil, d'origine libanaise et de nationalité française, Carlos Ghosn a rejoint Nissan en 1999 après l'acquisition par le constructeur automobile français d'une participation dans le groupe japonais. Il a personnellement façonné leur alliance, dont il est le P-DG, et s'est engagé à la consolider par un rapprochement plus étroit avant la fin de son actuel mandat qui s'achève en 2022. Sa rémunération a régulièrement suscité des débats en France. En juin, les actionnaires de Renault ont approuvé à une courte majorité la rémunération de 7,4 millions d'euros pour 2017 attribuée à Carlos Ghosn, qui a aussi reçu 9,2 millions d'euros pour sa dernière année comme directeur général de Nissan.