Les prix de l'électricité risquent d'augmenter très fortement l'an prochain pour les consommateurs, ont mis en garde plusieurs associations vendredi, alors que le gouvernement envisage de baisser une taxe pour en limiter la flambée. Le Comité de liaison des entreprises consommatrices d'électricité (CLEEE) évoque "une très mauvaise nouvelle pour les consommateurs d'électricité: 1,470 milliard d'euros de surcoût pour la seule année 2019, sans doute davantage en 2020". Au total, ce sera "au moins 8% à 10% de hausse pour la plupart des consommateurs", selon ses calculs. "Tous les consommateurs seront [affectés], qu'ils soient particuliers, professionnels, ou industriels, qu'ils soient au tarif réglementé chez EDF ou fournis par un concurrent", indique le CLEEE, qui regroupe des entreprises consommatrices d'électricité. Cette mise en garde fait notamment suite à une annonce de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) jeudi soir. Elle indiquait avoir reçu un total de demande de 132,93 térawattheures (TWh) pour l'année 2019 de la part de concurrents d'EDF, dans le cadre du mécanisme baptisé Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique). Celui-ci oblige EDF à revendre à ses concurrents une partie de son électricité nucléaire produite en France, à un prix fixé à 42 euros le mégawattheure, actuellement bien inférieur aux prix du marché. Mais un plafond limite cette offre à 100 TWh maximum. Les opérateurs alternatifs ont ainsi demandé plus que ce qu'ils pouvaient obtenir et devront donc pour partie se fournir sur le marché. Or "le prix du marché pour 2019, en forte hausse depuis un an, se situe maintenant à 58 euros du MWh", rappelle le CLEEE. "Les clients d'EDF ne sont pas davantage à l'abri: EDF a en effet obligation, dans son tarif réglementé comme dans ses offres de marché, de répliquer dans ses prix les obligations de ses concurrents", souligne l'association.
"Amortir la hausse" Deux associations de fournisseurs d'énergie alternatifs, l'Afieg et l'Anode, ont aussi mis en garde contre la hausse des prix. L'atteinte du plafond de l'Arenh aura pour "conséquence de renchérir globalement le prix de la fourniture d'électricité de l'ensemble des consommateurs français au seul bénéfice d'EDF", selon elles. En plein mouvement des gilets jaunes sur le pouvoir d'achat, le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, avait promis jeudi une hausse des tarifs de l'électricité "la plus modérée possible". L'évolution des tarifs réglementés est calculée par la CRE, qui transmet sa proposition au gouvernement. "Ce n'est pas quelque chose de purement automatique", a fait valoir M. de Rugy. Revenant sur le sujet vendredi, le ministre a annoncé qu'il envisageait une baisse de la Contribution au service public de l'électricité (CSPE). Cette taxe sert à couvrir les missions de service public assurées essentiellement par EDF, dont celles liées au soutien aux énergies renouvelables et à la péréquation tarifaire en outre-mer. "La CSPE n'a pas été augmentée et nous allons même regarder s'il ne faut pas la baisser pour amortir la hausse des prix de l'électricité, ce qui a un coût", a dit François de Rugy sur RMC. Outre la CSPE, d'autres taxes et contributions sont appliquées sur la facture d'électricité: la TVA, la Contribution tarifaire d'acheminement (CTA), qui finance l'assurance vieillesse des personnels au régime des industries électriques et gazières, et les Taxes sur la consommation finale d'électricité (TCFE) définies par les communes et départements.