L'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, veut mettre fin au blocage du processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, en réunissant mercredi et jeudi à Genève les deux parties en conflit. Le Sahara occidental, rappelle-t-on, est un territoire non autonome donc éligible à un référendum d'autodétermination tel que stipulé par la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU du 14 décembre 1960. Occupé illégalement par le Maroc depuis plus de 40 ans, il reste la dernière colonie de l'Afrique. Dans un contexte favorable et fort de la dernière résolution du Conseil de sécurité qui enjoint le Maroc et le Front Polisario de reprendre les négociations "sans préconditions et de bonne foi" en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, l'émissaire onusien a préféré dégelé la situation en organisant des pourparlers préliminaires sous le format de table-ronde afin de préparer les prochains rounds de négociations. C'est dans ce sens que le Conseil de sécurité, qui a prorogé cette fois-ci le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO) de six mois, veut débloquer la situation en demandant aux deux parties en conflit de "s'engager à nouveau à faire avancer le processus politique dans la perspective d'une cinquième série de négociations". Engagé depuis 2007, le processus de négociations est bloqué depuis 2012 à cause de la position marocaine qui refuse d'appliquer les résolutions du Conseil de sécurité prévoyant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Tout laisse indiquer, selon des sources proches du dossier, que l'émissaire onusien veut opérer dans une première phase, pour dépasser la barrière psychologique et "briser la glace", en tant que facilitateur. Tout porte à croire que dans ce rôle, il veut d'abord analyser, avec les deux parties en conflit et en présence de l'Algérie et de la Mauritanie, en tant que pays voisins et observateurs, les expériences antérieures ainsi que les causes de leur échec. Mais ce qui est sûr c'est que depuis sa pris en charge du dossier depuis 2017, il a réussi à faire asseoir les deux parties en conflit autour de la même table, après les avoir rencontrées plusieurs fois. Pour pouvoir assurer, en deuxième phase, son véritable rôle d'émissaire onusien pour le règlement de ce conflit, tout dépendra des résultats de ces pourparlers préliminaires pour que le Maroc et le Front Polisario, représentant légitime du peuple du Sahara occidental, s'engagent dans une nouvelle série de négociations, après six ans de blocage. Il est évident, selon des observateurs, que le contexte est différent des rounds précédents, l'expliquant par la résolution du Conseil de sécurité qui a montré en quelque sorte son exacerbation sur le statu quo de ce conflit et par la nouvelle approche américaine exprimée par son ambassadeur-adjoint aux Nations unies et dont son pays est le porte-plume des résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental. Jonathan Cohen a précisé, suite à l'adoption de la dernière résolution du Conseil de sécurité du 31 octobre, que les Etats-Unis s'étaient lancés dans une nouvelle approche concernant la MINURSO, soutenant qu'il ne peut plus y avoir de statut quo au Sahara occidental. Il a déclaré que son pays apporte "tout son soutien" à l'Envoyé personnel Horst Köhler dans ses efforts pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Ce qui laisse supposer, estime la même source, que l'émissaire onusien engagera un premier pas avec une certaine aisance que ses prédécesseurs n'avaient pas. Cependant, la grande inconnue dans la relance des pourparlers restera le Maroc, la puissance occupante du Sahara occidental qui est soutenu par la France.