Boycotté par le Syndicat national des éditeurs du livre, le Salon du livre de Paris qui a mis à l'honneur cette année Israël, a vu la participation de quelques écrivains algériens à l'image de Maissa Bey et de Boualem Sansal, lequel a raflé pour l'occasion le Grand Prix RTL-Lire 2008, qui lui a été décerné pour son nouvel ouvrage Le Village de l'Allemand. Cinq romans avaient été sélectionnés pour ce trophée. Il s'agit de Beau rôle de Nicolas Fargues, La délégation norvégienne de Hugo Boris, Journal de Hélène Berr, Vie et mort d'Edith Stein de Yann Moix. Edité chez Gallimard, Le village de l'Allemand est un récit basé sur des faits réels. Il raconte l'histoire de deux frères d'origine algérienne, élevés par un oncle dans une banlieue française. Ceux-ci découvrent que leur père, héros de la guerre d'indépendance, était en réalité un ancien officier nazi, réfugié en Algérie et converti à l'islam. Officiellement ancien combattant du FLN, il était en réalité allemand, ancien officier SS réfugié en Algérie. Dans ce nouvel ouvrage, Boualem Sansal relève des similitudes entre le fanatisme des nazis et celui des islamistes. Il déplore également la méconnaissance voire le négationnisme de la Shoah dans le monde arabe. Des sujets encore tabous chez nous. Le Prix RTL a été créé en 1975 et est devenu en 1993 le Prix RTL-Lire. Son jury est composé de professionnels, de libraires et de lecteurs. Ingénieur de formation, docteur en économie, tour à tour enseignant à l'université, chef d'entreprise, puis haut fonctionnaire, Boualem Sansal entre en littérature grâce à son amitié avec l'écrivain Rachid Mimouni, qui l'incite à écrire. En 1999, Gallimard publie son premier roman, Le Serment des barbares salué par la critique et par le public. En 2003, il est limogé de son poste en raison de ses prises de position critiques sur l'arabisation de l'enseignement et l'islamisation de l'Algérie. Harraga, le quatrième roman de Boualem Sansal s'annonce comme étant le roman de la reconnaissance. Le village de l'allemand : Ou " le journal " des frères Schiller " paraît en 2008. Le monde des Lettres salue unanimement son courage, sa verve et sa grande capacité à faire briller la langue française hors de l'Hexagone. Il faut rappeler que le salon du livre de Paris a été boycotté même par quelques écrivains israéliens dont le poète Aaron Shabtaï, qui a beaucoup d'influence sur la communauté juive. Ce dernier avait affirmé, qu'à titre purement personnel, il ne se joindra pas à sa délégation et n'ira ni au Salon de Paris ni à celui de Turin. Il précisera qu'il " ne pense pas qu'un État qui maintient une occupation, en commettant quotidiennement des crimes contre des civils, mérite d'être invité à quelque semaine culturelle que ce soit. Ceci est anti-culturel ; c'est un acte barbare cyniquement camouflé en culture " avait -il relevé.