Pour la première fois, un coin du voile est levé sur une plaie dont on ne parle pas, mais qui suppure au grand jour.Le sujet ne se laisse pas apprivoiser : tabou, absence de chiffres officiels, loi de l'omerta. mais le fléau est là, indéniable, et ce qui nous intéresse ce n'est pas tant ses proportions, son aire géographique, mais plutôt ses causes.Le profil socio-économique de cette frange sociale se situe entre 17-25 ans et pour beaucoup issus de familles disloquées, dans le désarroi social, psychologiquement vulnérables et dont les déperditions scolaires seraient la cause centrale. Dans les communes ciblées, l'emploi des jeunes constitue la seule parade contre la détresse et joue un rôle de péréquation pour soulager un tant soit peu la misère, parfois abyssale, d'adolescentes éjectées des collèges et lycées. Dans une grande cité urbaine, 1200 filles postulent, chaque année, un contrat de 6 mois moyennant 3000 DA par mois. Le service social ne retient que 300, car c'est le quota fixé par la wilaya. Que deviennent les autres ? ss“J'ai frappé à toutes les portes. Je suis soutien d'une famille composée de six sœurs ”. c'est la synthèse d'autres filles acculées à l'abandon du domicile pour gagner le pain du jour à un prix douloureux...Dans le même sillage, 26% d'enfants travaillent. Parmi eux, 15,9% travaillent, mais sont tout de même scolarisés et 10% travaillent uniquement.Les garçons occupent majoritairement le marché de l'emploi comme vendeurs ambulants, plongeurs ou serveurs, receveurs de bus, manœuvres.A peine 16 ans au compteur et déjà lassés de vivre. Ceux qui comme Zoheir ont entamé tôt la collection de funestes jours, survivent comme lui rythmés par la loi de la jungle que la rue fait sienne.