Les derniers chiffres résultent d'une enquête réalisée en 1999. Le sujet de la violence contre les femmes a été, encore une fois, au centre des débats, hier, à Alger. Organisée par l'Association algérienne pour la planification familiale sur «l'avortement à risque, la santé maternelle et de la violence à l'égard des femmes», la rencontre d'hier n'a pas levé le voile sur ce fléau social. Les chiffres avancés, résultants d'une enquête nationale sur la santé mentale ont été sur l'avortement à risque et datent malheureusement de 1999. A l'heure actuelle, aucune enquête ni étude n'ont été effectuées pour évaluer l'ampleur de ce fléau qui prend des proportions préoccupantes dans notre pays. Concernant la mortalité maternelle, le Pr.Kessous Belkhodja a avancé le chiffre de 117,4 décès pour 10.000 habitants dont 38 sont dus à un avortement, soit un taux de 5,5% sur l'ensemble des décès maternels. L'enquête en question fait également ressortir que l'avortement représente 10% de l'ensemble des hospitalisations. Toutefois, l'étude traite de l'avortement d'une manière globale, souligne le Pr.Belkhodja. Et même dans les dossiers médicaux, aucune mention n'est faite quant à la nature de l'avortement et le statut matrimonial des femmes. Ce fléau, qui n'est pas encore cerné, reste tabou puisque les jeunes filles hésitent de déclarer les avortements par peur du scandale. Il y a lieu de reconnaître que l'avortement clandestin connaît une nette recrudescence ces dernières années. Cette croissance est expliquée, selon les spécialistes, par l'augmentation du nombre d'agressions sexuelles, de viols et d'incestes. L'année dernière, il a été enregistré, chez la police, 326 viols tandis que chez les gendarmes 122 cas ont été traités durant les neuf premiers mois de l'exercice précédent. D'ailleurs, plusieurs réseaux spécialisés dans l'avortement clandestin, composés d'infirmiers, de médecins, de sages-femmes ont été démantelés dans différentes régions du pays. En 2005, plus de trente femmes ont trouvé la mort pour avoir subi cette opération dans des conditions inappropriées. Malheureusement, les quelques chiffres rendus publics sur ce sujet sont très loin de la réalité et ne reflètent, en aucun cas, la gravité de la situation aujourd'hui. Selon la Gendarmerie nationale, qui a publié des statistiques en mai 2006, de 1990 à 1992 à l'échelle nationale, pour 100 naissances vivantes, il y a 10,5% d'avortements provoqués, soit au minimum 80.000 avortements par an pour 77.500 naissances. L'avortement provoqué est plus répandu en milieu urbain qu'en milieu rural. Ces chiffres ne sont en réalité que la partie visible de l'iceberg. Des recherches approfondies révéleraient certainement des chiffres énormes. A rappeler que l'avortement en Algérie est strictement interdit par la loi, dans l'article 304 du code pénal. Les intervenants à cette rencontre ont soulevé d'autres problèmes liés à ce sujet. «La pilule n'est pas remboursée sous prétexte qu'elle a été prescrite à des jeunes filles et non à des femmes mariées», relève une gynécologue qui conteste ce fait alors que d'autres s'opposent à son opinion. C'est le cas du Dr Belgharbia qui estime qu'il faut que la pilule soit donnée sous prescription médicale ou ordonnance.