Les efforts pour la résolution de la crise syrienne se sont intensifiés, ces derniers jours, sur fond d'engagement de toutes les parties à trouver un terrain d'entente et un consensus pour aboutir à la mise en place d'un comité constitutionnel, au moment où les autorités syriennes entament d'importants projets de reconstruction, de relance de l'économie du pays et de préparatifs en faveur du retour des réfugiés et déplacés syriens. En effet, le nouvel émissaire de l'Onu pour la Syrie, Geir Pedersen, qui a pris ses fonctions le 7 janvier dernier, vient de terminer sa première tournée dans la région et en Russie visant à relancer les pourparlers et le règlement de la crise syrienne. Le diplomate norvégien s'est déplacé notamment à Damas et à Ryadh ou il a eu des entretiens avec les autorités syriennes et des représentants de l'opposition syrienne en exil. Lors de son déplacement en Syrie, le nouvel émissaire de l'ONU s'est félicité de sa mission effectuée à Damas, évoquant un entretien "constructif " avec le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem. S'exprimant sur son compte Twitter, il a souligné que les discussions avec les autorités syriennes vont se poursuivre sur tous les aspects du processus politique de Genève. "J'ai accepté de revenir à Damas régulièrement, pour discuter de nos positions concordantes et des progrès sur nos désaccords", a-t-il fait savoir. Après sa première mission à Damas, M. Pedersen, quatrième médiateur de l'ONU depuis le déclenchement du conflit, s'était rendu également à Ryadh ou il a rencontré des représentants de l'opposition syrienne en exil. A cette occasion, il a souligné "la nécessité d'une solution politique", basée sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, affirmant que l'opposition est prête pour une "complémentarité des efforts internationaux en vue d'une solution politique en Syrie, sous les auspices des Nations unies à Genève". Lors de sa réunion avec Nasr al-Hariri, représentant une faction de partis syriens et de figures politiques établis dans la capitale saoudienne, l'émissaire onusien a fait part de la disponibilité de l'opposition syrienne à soutenir une "solution politique à la crise syrienne sur la base du processus de l'ONU". A Moscou, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pederson et le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, ont souligné également l'importance de l'"action conjointe" pour régler le conflit syrien, et ce, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. M. Pederson a rappelé, à l'occasion, l'"importance de l'action conjointe avec la Russie sur la base de la résolution 2254 de l'ONU pour la relance du processus politique pour le règlement de la crise en Syrie et garantir le retour des déplacés syriens à leur pays". M. Lavrov a affirmé, quant à lui, la nécessité d'aller de l'avant dans le règlement de la crise en Syrie et de poursuivre "le dialogue sur la base des pourparlers engagés par l'ONU et les pays garants du processus d'Astana (Russie, Turquie et Iran) qui a permis, a-t-il précisé, la résolution de nombreux contentieux et situations, à travers plusieurs accords conjoints de désescalade, de désarmements et de réformes politiques".
Damas à pied d'œuvre pour la reconstruction et la préservation de son intégrité territoriale La résolution de la crise syrienne dans le cadre des efforts de l'ONU demeure liée particulièrement à la mise en place d'un comité constitutionnel syrien, pour lequel quelques divergences persistent encore sur sa composante répartie, selon Damas, de manière inéquitable par l'ex-envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura. Sur le terrain, les autorités syriennes ont entrepris plusieurs projets de reconstruction du pays visant à permettre le retour des réfugiés et déplacés syriens, avec l'aide notamment de pays amis, notamment la Russie, la Chine et l'Iran. La sécurisation des territoires touchés par le conflit figure également parmi les priorités du gouvernement syrien. En outre, d'intenses négociations sont menées ces jours-ci avec les représentants de populations de Manbij pour garantir leur protection et préserver l'intégrité territoriale du pays face aux interventions étrangères occidentales et turques. Damas est aussi préoccupée aussi par la situation dans la province d'Idleb limitrophe de la Turquie, dans le nord-ouest de la Syrie, ou des tentatives d'agression de son territoire sont évoquées avec insistance ces derniers jours. En dépit de l'existence de l'accord sur la création d'une zone démilitarisée à Idleb, environ 70% de la zone est toujours occupée par des terroristes qui tirent sur les positions de l'armée syrienne et des quartiers résidentiels et menacent les installations militaires syriennes et les populations syriennes. Les autorités syriennes ont saisi, en début de semaine, les instances onusiennes pour que la coalition internationale et la Turquie cessent "immédiatement" leurs raids et retirent leurs troupes déployées au Nord du pays évoquant des pertes humaines et la destruction des infrastructures publiques et privées. Insistant sur la préservation de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale, la Syrie fait face aussi à des agressions meurtrières de l'aviation israélienne qui mène des frappes aériennes récurrentes sur les installations du pays, provoquant des destructions et des morts parmi les civils syriens dont des femmes et des enfants. En dépit de ces agressions et des conséquentes de la crise, Damas a accompli d'importants progrès aux plans politique, diplomatique et sécuritaire, permettant à des pays arabes comme les Emirats arabes unis et Bahreïn de rouvrir leurs représentations diplomatiques fermées depuis plus de 7 ans et à des investisseurs étrangers d'envisager la réalisation de projets économiques qui auront un impact sur le pays, à l'instar du projet de réalisation d'un nouvel aéroport international à Damas. En plus de ces efforts, des appels émanant de plusieurs capitales arabes demandent la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe dont elle a été suspendue depuis le déclenchement de la crise.
La Russie réitère son engagement à contribuer à la résolution du conflit Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov a réitéré, jeudi à Alger, l'engagement de son pays à contribuer à la résolution durable du conflit syrien dans le respect du droit international et sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies. "La Russie et l'Algérie sont en faveur du règlement de la crise (syrienne) sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU et pour le respect de la souveraineté, de intégrité territoriale et de l'indépendance de la République arabe syrienne", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Le chef de la diplomatie russe qui s'exprimait à l'issue de ses entretiens avec son homologue algérien, a souligné qu'il était "important de mener jusqu'au bout de l'opération de lutte contre les terroristes qui restent dispersés sur le territoire syrien, mais aussi d'améliorer la situation au niveau militaire, favoriser le retour des réfugiés et intensifier le processus politique". Il a rappelé, dans ce contexte, les efforts de son pays pour une "solution pacifique" au conflit syrien à travers les pourparlers de paix d'Astana (Kazakhstan) initiés par la Russie et la Turquie. Selon Serguei Lavrov, les entretiens ont été également l'occasion d'évoquer avec son homologue algérien les "grandes questions régionales et internationales", soutenant que l'Algérie et la Russie sont "en faveur du respect du droit international, du règlement pacifique de toutes les crises et de tous les conflits" et pour "le respect de la volonté de chaque peuple de déterminer son destin". Le ministre russe des Affaires étrangères a affirmé, en outre, qu'une "attention particulière" a été accordée à la situation au Moyen Orient, en Afrique du Nord et dans la région sahélo-sahélienne lors de ses entretiens avec Abdelkader Messahel. Le chef de la diplomatie russe s'est félicité, à l'occasion, des efforts de l'Algérie en faveur de la paix dans la région, notamment en Libye et au Mali. Il a relevé, à ce titre, une "convergence de vues" entre l'Algérie et la Russie sur la situation au Yémen, appelant au respect des principes de la légalité internationale dans le conflit israélo-palestinien et au Sahara occidental. "Dans les deux cas, il faut agir dans le cadre du droit international et dans les respect des décisions de l'ONU et de son Conseil de sécurité, parce que des décisions sur ces deux conflits existent bel et bien", a-t-il souligné. Interrogé par une journaliste russe sur la démarche des Etats-Unis qui ont reconnu l'opposant Juan Guaido comme "président par intérim" du Venezuela, Serguei Lavrov a qualifié l'attitude de Washington d'"exemple d'une ingérence flagrante dans les affaires internes d'un pays".
Damas dénonce les interventions militaires turques sur son territoire La Syrie s'est élevée de nouveau samedi contre les interventions militaires de la Turquie dans le nord de la Syrie, dénoncant des "violations" d'un accord signé entre les deux voisins en 1998, a rapporté l'agence de presse Sana. Les autorités turques ont déployé dès 2016 des troupes dans certains secteurs du nord de la Syrie en crise, ou elles soutiennent des groupes qualifiés de "terroristes" par Damas. Elles prônent désormais la mise en place d'une "zone de sécurité" sous contrôle turc sur les territoires syriens à sa frontière, dont ceux ou est active la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste" par Ankara. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a récemment affirmé que son pays avait le droit d'intervenir chez son voisin sur la base d'un accord signé en 1998 avec la Syrie, connu sous le nom de protocole d'Adana. Mais samedi, le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé samedi que la Turquie contrevenait à cet accord. "Le régime turc continue de violer l'accord, à travers son soutien au terrorisme (...) ou l'occupation des territoires syriens par le biais de groupes terroristes qui sont à ses ordres ou directement avec l'armée turque", a indiqué une source du ministère dans un communiqué publié par Sana. Cette réaction intervient au lendemain de nouvelles déclarations de M. Erdogan, qui a appelé à la création "dans quelques mois" de la "zone de sécurité", promettant que faute de quoi la Turquie s'en chargerait elle-même. Les Etats-Unis avaient proposé mi-janvier la création de ce secteur sans fournir les détails de l'initiative. L'accord d'Adana avait été signé pour mettre fin à une crise entre Ankara et Damas. A l'époque, la Turquie avait menacé la Syrie d'action militaire si elle n'arrêtait pas de soutenir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, qui livre une sanglante guérilla à l'Etat turc depuis 1984) et d'abriter son chef Abdullah Ocalan. Avec le protocole, Damas s'était engagée à empecher le PKK d'opérer dans le nord de son territoire, avant d'expulser Ocalan de Syrie. Mais Ankara, qui considère les YPG comme la branche du PKK en Syrie, estime que l'accord d'Adana lui donne le droit d'intervenir sur le territoire syrien contre le PKK et ses affiliés "faute d'actions" de la Syrie contre eux. Déclenché en 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes terroristes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.