Malgré les mesures prises par le gouvernement tout récemment en matière de soutien des prix de la semoule, en ramenant le sac de 25 kilos à 1000 dinars, après une envolée jamais égalée, le niveau de la production mondiale laisse apparaître une baisse contre une forte demande. D'où, cet énième appel du ministre de l'Agriculture et du Développement rural pour un encouragement de la production nationale, seul salut face à la flambée des prix sur les marchés internationaux. La solution serait donc -et c'est l'option privilégiée du gouvernement- de subventionner en "aval" à la place d'un soutien "en amont" comme c'était le cas durant ces dernières années. Cela donnerait un prix des céréales proches de celui appliqué sur les marchés internationaux. Il faut dire que les aides consacrées à l'agriculture ont certes permis d'augmenter la production de certains produits mais les résultats pour les céréales ne sont pas très encourageants sans omettre bien évidemment les aléas climatiques. Le ministre de l'Agriculture en visite dans la wilaya de Saïda, une région réputée pour sa bonne production céréalière, a retiré l'engagement du gouvernement d'acheter "aux agriculteurs de céréales leurs produits au prix appliqué sur les marchés internationaux". Outre l'appui à la production nationale, ce qui est recherché à travers cette mesure, c'est "la lutte contre la spéculation", a déclaré Saïd Barkat. Le phénomène de la spéculation continue, il est vrai de sévir dans toutes les activités économiques et commerciales mais les spécialistes énumérèrent d'autres raisons qui sont à l'origine de la hausse des prix. L'Algérie, qui dépend en grande partie de l'importation pour subvenir aux besoins des consommateurs, ne pourrait pour le moment être à l'abri de ces fluctuations. Et pour cause, Les cours du blé, du maïs et du soja ont augmenté de respectivement 244%, 154% et 150% sur trois ans. Plusieurs facteurs ont fait que les prix atteignent des records historiques comme " la densité démographique plus importante, de moins en moins de terres cultivables, une faiblesse des stocks, l'influence des biocarburants, la dégradation des conditions météorologiques et un recul des exportations ". Le niveau des stocks actuels est loin de répondre à la demande mondiale. Selon les dernières estimations faites il faut " remonter au-delà des années 60 pour retrouver des stocks mondiaux de blé aussi faibles que ceux d'aujourd'hui". Ces stocks représentent "deux mois de consommation mondiale", selon les responsables d'AXA Investment Managers qui récoltent les données mondiales sur les stocks de céréales. Ajouter à cela, la structure de production des produits agricoles qui se trouve aussi influencée par le développement des biocarburants. Des facteurs qui font que l'initiative du gouvernement reste un moyen pour tenter de maîtriser la dépendance alimentaire. L'Algérie est en tout cas un des plus grands importateurs de céréales en blé dur et tendre. "Annuellement, l'Algérie achète plus de 5% de la production céréalière mondiale" et, selon les prévisions, la tendance haussière ne s'estompera pas de sitôt à moins que la production nationale viendrait répondre aux besoins des consommateurs algériens.