L'Algérie doit adopter un plan national de l'économie de l'eau d'irrigation des surfaces agricoles qui lui permettrait d'économiser plus de 450 millions mètres cubes (m3) en 2030, soit l'équivalent d'un barrage de moyenne capacité, a préconisé jeudi à Alger, l'expert et consultant auprès du ministère des Ressources en eau Idir Baïs. "Il faut adopter un système d'irrigation des surfaces agricoles moderne moins gaspilleur de la ressource", a recommandé M. Baïs à l'occasion d'un atelier sur l'actualisation du plan national de l'eau, tenu au siège du ministère des Ressources en eau. Par ailleurs, il a préconisé une révision à la hausse de la tarification de l'eau et de l'énergie notamment pour les cultures à forte valeur ajoutée. Pour cet agronome et consultant, des réformes structurelles s'imposent à moyen terme dont l'axe central serait une plus grande organisation des utilisateurs et une large participation de ces derniers à la gestion de la ressource, et progressivement le transfert de la gestion des ouvrages hydrauliques de la petite et moyenne irrigation des pouvoirs publics vers des utilisateurs responsables et organisés. Au cours de son intervention, il a évoqué l'actualisation des principaux paramètres relatifs à l'irrigation agricole en 2015 ainsi que les principales évolutions depuis le lancement du Plan national de l'eau (PNE) en 2010. A ce propos, il a noté des pertes importantes dans les réseaux de transport et de distribution qui varient globalement de 30% au niveau des grandes périmètres d'irrigation à 40% au niveau de la petite et moyenne irrigation collective. En ce qui concerne la contribution de chaque type d'irrigation, il a avancé que 88,3% des superficies irriguées par la petite et moyenne irrigation (PMH), soit 983.404 ha sur un total de près de 1.113.854 ha, sont à partir d'eaux souterraines et provenaient à plus de 50% de l'ensemble des ressources, des forages et à plus de 30% des puits. "Les eaux superficielles irriguaient au total 121.858 ha soit 11% des superficies irriguées par la PMH", a-t-il poursuivi. Quant aux grands barrages,Il a souligné qu'ils ont distribué en 2015, plus de 385 million m3 (toutes ressources confondues) ce qui a permis d'irriguer une superficie totale de 51 947 ha soit une dose moyenne de 6 429 m3/ha. Pour sa part, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau, El hadj Belkateb, a mis en avant la croissance continue du potentiel d'irrigation qui totalise actuellement 1,3 millions d'hectares et qui devrait atteindre deux (2) millions d'hectares en 2020. Il a ajouté que l'objectif majeur était d'assurer durablement la continuité et la sécurité d'approvisionnement en eau en quantité et en qualité requises pour tous les usagers. D'où l'importance du Plan national de l'eau qui consiste, selon ses explications, à recenser les régions excédentaires et les régions déficitaires en vue d'une répartition équitable de la ressource. Il a par ailleurs demandé l'intégration, dans ce plan, des mesures accompagnement pour assurer la préservation des ressources en eau pour les générations futures ainsi que la protection du domaine public hydraulique. De son côté, l'expert principal au ministère, Ahmed Garadi, a souligné l'intérêt de ce plan qui est actualisé chaque 5 ans et évalué annuellement afin d'estimer la demande nationale en ressources hydriques à moyen et à long terme par rapport aux potentialités existantes. "Ce plan permet de programmer des aménagements et des investissements à long terme de façon à satisfaire la demande de la population en eau ainsi celle des secteurs agricole et industriel en corrigeant les déséquilibres entre les besoins et les ressources", a-t-il dit. Il a ajouté en outre que ce plan servait également à prévenir les moments de crises et de s'adapter aux nouvelles situations telles par exemple: la création de nouveaux complexes industriels ou encore de nouvelles agglomérations urbaines autour des villes. "Tout cela, nécessite une mobilisation de la ressource et des dispositifs qui se concrétisent par des projets structurants, notamment les réseaux d'alimentation en eau potable, les réseaux assainissements, de stations de dessalement et de barrages", a-t-il énuméré. En résumé, ce plan devrait, selon lui, anticiper toutes les questions des ruptures et de déséquilibre entre les besoins et les ressources. Présent à cet atelier, le démographe algérien, Mohamed Bedrouni, a souligné le fait que la croissance des besoins immédiats en alimentation en eau n'est pas dû seulement à une démographie sans cesse en croissance mais également à l'évolution des modes de consommation alimentaire ou encore à cause des besoins accrus en énergie notamment suite à l'essor de l'industrie et de l'agriculture. Il a assuré par ailleurs que la connaissance des effectifs futurs de la population constitue un préalable pour pouvoir prévoir les besoins futurs en eau pour garantir un accès égalitaire à cette denrée rare. Pour cela, il a insisté sur la nécessité de disposer de projections démographiques fiables.