Les représentants des 14 groupes armés centrafricains qui ont signé en février dernier un accord de paix à Khartoum, tiennent depuis lundi une réunion au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba, pour tenter de relancer cet accord et faire revenir les signataires à la table de discussions. Le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, qui a reçu les 14 acteurs centrafricains, voit dans ses rencontres un "point d'étape", destiné à mettre réellement en œuvre l'accord de paix du 5 février. Le 5 février dernier, un accord de paix a été signé à Khartoum au Soudan entre les factions centrafricaines. C'est le huitième depuis 2013 et l'éclatement du conflit en République centrafricaine. Fin février, un nouveau Premier ministre a été nommé avec un gouvernement, mais il ne satisfait pas toutes les parties. Après cette nomination, certains groupes armés ont claqué la porte, dans la capitale éthiopienne, et l'objectif de cette rencontre à Addis-Abeba est de les faire revenir à la table de discussions. Selon des médias, le principal enjeu est de régler le désaccord qui oppose certains groupes armés au pouvoir centrafricain concernant la nouvelle équipe gouvernementale. Pour rappel, cinq des 14 groupes armés signataires de l'accord de Khartoum ont désavoué le nouveau gouvernement pas assez inclusif selon eux. D'après une source très proche du dossier, certains responsables de ces groupes insistent pour être nommés à des postes de ministres. Le problème, explique cette même source, c'est leur statut juridique, certains d'entre eux sont poursuivis par la Cour pénale internationale ou par des tribunaux centrafricains.
Règlement inclusif et construction de l'unité nationale Le commissaire à la Paix et à la sécurité de l'UA et médiateur du dialogue centrafricain, Smaïl Chergui, a affirmé qu'il existe encore d'autres solutions pour construire l'unité nationale sur fond d'appels aux concertations inclusives et la contribution de toutes la parties au fonctionnement des institutions de l'Etat tant au niveau national que local. M. Chergui a indiqué qu'il est dans "l'intérêt de tout le monde de faire des compromis nécessaires pour que nous puissions arriver à un gouvernement qui soit aussi fonctionnel et qu'on puisse réellement démarrer maintenant les autres questions qui sont incluses dans l'accord". Dans ce contexte, des projets de textes sur la décentralisation sont soumis à l'Assemblée nationale, qui les examinera dans les prochains jours. "Donc on voit bien qu'il y a une très bonne disponibilité de part et d'autre pour faire avancer les choses", a indiqué M. Chergui, alors que les observateurs avertissent qu'il n'est absolument pas question de revenir sur les termes de l'accord conclu début février. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles le siège de l'Union africaine à Addis-Abeba a été choisi pour tenir cette réunion. Toutefois, plusieurs sources indiquent que le véritable travail, entre tous les interlocuteurs, devrait débuter ce mardi. Il s'agira très probablement de revoir la composition du gouvernement, de trouver un terrain d'entente afin que tous les mouvements armés s'en satisfassent. L'ensemble des 14 milices est représenté à Addis-Abeba confirme l'UA, de quoi faire espérer que le huitième accord de paix signé en 5 ans, soit le bon. Un accord soutenu par l'ONU et la Communauté des Etats de l'Afrique centrale. Respect de l'accord de paix L'Union africaine (UA) a affirmé mardi avoir consulté tous les signataires de l'accord de paix centrafricain à Addis Abeba, où se déroule depuis lundi une réunion de suivi de l'accord, mis à mal après l'annonce début mars du nouveau gouvernement, a déclaré l'organisation. "Après les consultations initiales avec tous les signataires de l'accord de paix (...), j'ai de nouveau rencontré le Premier ministre pour échanger les points de vues sur les moyens d'accélérer la mise en œuvre de l'accord de paix", a écrit mardi sur Twitter, Smaïl Chergui, commissaire à la Paix et à la sécurité de l'UA et principal médiateur de cette réunion. Cette réunion de suivi a été convoquée par l'UA le 6 mars, après l'annonce du nouveau gouvernement centrafricain issu de l'accord, jugé insuffisamment "inclusif" par la majorité des groupes armés présents à Khartoum (première réunion). La plupart d'entre eux ont alors appelé à un remaniement ministériel, affirmant toutefois ne pas se désolidariser du texte signé le 6 février et censé ramener la stabilité dans ce pays en guerre depuis 2013. A la table de réunion, les quatorze groupes armés ont répondu présent ainsi que le gouvernement centrafricain, représenté par le Premier ministre, Firmin Ngrebada. "Nous y allons sans a priori, dans la sérénité", a déclaré mardi aux médias, Ange Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement. "Je crois qu'il est dans l'intérêt de tout le monde de faire des compromis nécessaires pour que nous puissions arriver à un gouvernement qui soit (...) fonctionnel", avait déclaré, avant l'ouverture de la réunion lundi, M. Chergui sur les ondes d'une radio internationale. "L'inclusivité ne concerne pas que le gouvernement. Il y a d'autres institutions de l'Etat tant au niveau national que local, et ailleurs. Donc à mon avis, on arrivera à une solution", avait-il ajouté. Cet accord de paix, soutenu par tous les partenaires de Bangui et préparé depuis 2017 par l'Union africaine, est le huitième signé depuis le début de la crise. Aucun des précédents accords n'a abouti à un retour de la stabilité, pas plus que la présence de la Mission de paix des Nations Unies (Minusca), déployée en 2014 et forte de 11000 Casques bleus. Il est à noter que l'Organisation des Nations unies (ONU), à travers sa mission de paix en Centrafrique, la Minusca, a salué mercredi dernier dans un communiqué rendu public la tenue de la réunion de consultations des parties signataires de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, en encourageant les parties à faire preuve du même esprit de dialogue et de consensus qui a prévalu lors des pourparlers à Khartoum.