L'issue finale à la crise actuelle que traverse le pays reste à ce jour incertaine, avec des solutions qui s'affrontent loin l'une de l'autre. Un " plan de travail " proposé par le Président sortant, une " feuille de route " proposée par l'opposition, la rue qui demande le départ de " tout le système et enfin le silence de la Grande muette. Cette confrontation risque à la longue d'entraîner dans son sillage des conséquences dramatiques dans les domaines économiques et sociaux et de porter un mauvais coup à l'image de l'Algérie sur le plan international. La perception par les observateurs de la dégradation du climat socio-politique atteste de l'ampleur de cette crise entre le pouvoir en exercice et la société en général. Ces observateurs mettent en évidence la forte imbrication entre la sphère politique et sociale qui se manifeste au jour le jour. Il est de logique dans ces conditions que d'aucuns comprennent la protestation populaire toujours en marche et dont les citoyens toute catégorie sociale ou couleur politique dénoncent dans leur grande majorité les problèmes, les erreurs, les dérives qui ont placé le pays dans une telle récession politique et économique et qui est considérée par tout le monde comme le principal facteur de blocage d'épanouissement de la démocratie et du développement socio-économique du pays. Face à ce dilemme, les contradictions pour trouver une solution de crise à cette situation se multiplient sans pour autant que l'on trouve un consensus pour répondre au formidable défi que représentent les attentes populaires sur le plan politique et économique, les mesures et le suivi d'une feuille de route rassembleuse et acceptée par tout le monde. Cette feuille de route consensuelle, sa mise en perspective est d'autant plus opportune que toutes les parties peuvent être une " source " de propositions devant conclure à une synthèse nationale qui s'ouvrira sur une véritable phase de transition, un débat fiable et représentatif qui se focaliserait sur l'efficacité politique à mettre un terme à cette anarchie à risque. Encore faudra-t-il une confiance partagée par tous pour aller ensemble vers la naissance d'une deuxième République. Ceci étant, les propositions avancées par le " plan de travail " de la Présidence, et la " feuille de route " de l'opposition peuvent de fait faire l'objectif d'un diagnostic, un compromis et une variable sur les attentes démocratiques exprimées par les marcheurs, les modes de gestion de la période de transition ainsi que le niveau de confiance aux partenaires de cette reconstruction de l'Etat, avec comme objectif une élection présidentielle où seul le peuple sera le principal décideur, témoignage du respect de sa souveraineté. Une médiation entre les décideurs au pouvoir d'une part, la classe politique, les personnalités nationales et les représentants authentiques de la société civile ne peut dans ces conditions que favoriser un accord accepté par tous, qui instaure une présidence collégiale, sur une réelle Charte de transition, destinée à favoriser l'entente nationale en vue de la mise en place de nouvelles institutions démocratiques. Il s'agit en fait d'établir un compromis entre les différentes parties qui se disputent le " Hirak", en substituant le dialogue et la concertation à l'anarchie qui constitue jusqu'ici la voie et le prétexte de préjugés et de manque de confiance. Il y a donc nécessité d'un processus de transition neutre, inclusif et consensuel devant aboutir à la tenue d'une élection présidentielle crédible et transparente et au préalable, un dialogue et concertation entre les acteurs politiques et le pouvoir pour la formation d'un Gouvernement de transition. Aussi et avant tout, l'élaboration et la mise en œuvre, avec l'appui de la classe politique, d'un cadre électoral crédible, neutre, transparent et indépendant, fondé sur le respect d'un Code éthique et de bonne conduite électorale des acteurs politiques et de l'administration et ce, pour organiser des échéances politiques crédibles justes et transparentes dans les meilleurs délais possibles et rompre ainsi avec des années de pratiques électorales frauduleuses. Modifier la trajectoire du système politique actuel en Algérie nécessite des efforts intenses et concertés pour rétablir la confiance de la population.