Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi, lésées par la dégradation des prévisions du Fonds monétaire international sur la croissance mondiale et un regain de tension entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur le commerce. À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,65% à 5.436,42 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,35% et le Dax allemand a cédé 0,94%. L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,61%, le FTSEurofirst 300 0,41% et le Stoxx 600 0,47%. Les inquiétudes sur le commerce changent de front. Alors que les Etats-Unis avaient fait état de progrès au terme d'une énième session de négociations avec la Chine, Donald Trump a déclaré mardi vouloir imposer à l'Union européenne des droits de douane sur 11 milliards de dollars (9,8 milliards d'euros) de produits. Cette annonce intervient au lendemain de la publication par le représentant au Commerce d'une liste de cibles potentielles de représailles américaines contre des aides publiques de l'UE. La Commission européenne de son côté a dit travailler à de possibles représailles concernant les subventions dont bénéficie Boeing. La nouvelle révision à la baisse des prévisions du Fonds monétaire international a également ravivé les inquiétudes sur l'état de santé de l'économie mondiale, que des indicateurs chinois et américains supérieurs aux attentes avaient permis d'atténuer ces derniers jours. La prudence a aussi été de mise avant une journée de mercredi chargée en actualité des banques centrales avec les "minutes" de la Fed et surtout la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne. "La réunion de la BCE est bien évidemment aussi un sujet de préoccupation (plus que d'inquiétude) car si aucune nouvelle annonce n'est à attendre, les investisseurs seront attentifs aux précisions de Mario Draghi concernant les impacts des taux négatifs sur les banques ou encore la mise en place des TLTROs en septembre", commente dans une note Mirabaud Securities. Les inquiétudes sur la croissance mondiales et le commerce faisaient aussi reculer la Bourse de New York au moment de la clôture en Europe: l'indice Dow Jones cédait 0,59%, le S&P-500 reculait de 0,41% et le S&P de 0,26%. Parmi les plus fortes baisses du Dow Jones, Caterpillar perdait 1,6% et Boeing lâchait 1,44%. Aux risques de représailles de l'UE contre l'avionneur américain, s'ajoute la forte baisse de ses livraisons d'avions au premier trimestre après les accidents des 737 MAX.
Valeurs Les banques (+0,13%) ont terminé modestement en tête des indices sectoriels Stoxx à la veille de la réunion de la BCE, qui pourrait évoquer des mesures de soutien au secteur financier. A l'inverse, le secteur technologique a perdu 1,47% et celui de l'automobile 1,04%, pénalisés par les craintes sur le commerce entre Bruxelles et Washington. Airbus a reculé de 1,85%. Les équipementiers de l'avionneur européen, comme Safran, déjà pénalisé par les déboires de Boeing sur son 737 MAX, Rolls Royce et Leonardo ont perdu entre 1,3% et 2,15%. Parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600, l'italien Prysmian a reculé de 4,78% après avoir averti qu'il avait rencontré un problème sur le câble à haute tension WesternLink reliant l'Ecosse à l'Angleterre. Les déboires du groupe italien profitent à son concurrent français Nexans, qui a bondi de 3,56%.
Wall Street plombée par le FMI A l'instar de ses homologues européennes, la place de Wall Street a terminé en baisse la séance de mardi et pour les mêmes raisons, à savoir la révision à la baisse des prévisions de croissance du Fonds monétaire international (FMI) et un nouveau front qui semble s'ouvrir dans la guerre commerciale. L'indice Dow Jones a perdu 190,44 points, soit 0,72%, à 26.150,58 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 17,57 points (0,61%) à 2.878,20 points, mettant ainsi un terme à huit séances consécutives de hausse. Le Nasdaq Composite a laissé 44,61 points (0,56%) à 7.909,28 points. Le président américain Donald Trump a déclaré mardi vouloir imposer à l'Union européenne (UE) des droits de douane sur 11 milliards de dollars (9,8 milliards d'euros) de produits exportés. La Commission européenne de son côté a dit travailler à de possibles mesures de rétorsion au sujet des subventions dont bénéficie Boeing. La nouvelle révision à la baisse des prévisions du FMI a elle ravivé les inquiétudes sur l'état de santé de l'économie mondiale, que des indicateurs chinois et américains dépassant les attentes avaient quelque peu apaisées ces derniers jours. Elle a également pour effet d'attiser les conjectures pessimistes à quelques jours du démarrage de la période de parution des résultats trimestriels; ces derniers risquent de s'être contractés pour la première fois depuis 2016, de 2,5%, suivant des données de Refinitiv. C'est Delta Air Lines qui ouvrira le bal mercredi, la compagnie aérienne étant suivie vendredi par les banques. Bernard Baumohl, d'Economic Outlook Group à Princeton, remarque cependant que la Bourse a monté durant la première partie de l'année, en dépit des craintes suscitées par l'évolution de la croissance mondiale et par la guerre des droits de douane, et alors même que les anticipations pour les résultats de sociétés du troisième trimestre avaient déjà été revues à la baisse. Le volume a été de 6,31 milliards de titres échangés contre une moyenne quotidienne de 7,26 milliards sur les 20 séances précédentes.
Valeurs Neuf des 11 indices S&P sectoriels ont fini dans le rouge, la plus grosse perte revenant à celui des industrielles (-1,4%). Boeing a encore perdu 1,5%, pâtissant d'une chute de ses livraisons liées à l'immobilisation au sol des 737. L'indice des semiconducteurs de la Bourse de Philadelphie a rétrogradé d'un peu plus de 1% après son record de la veille, cédant du terrain dans le sillage d'Advanced Micro Devices (-4,5%) et de Nvidia (-1,3%). United States Steel a chuté de plus de 10%, victime d'un abaisse de recommandation de la part de Credit Suisse, de "neutre" à "sous-performance". A l'inverse, Walt Disney a gagné 1,7%, porté par un relèvement de recommandation de Cowen and Co de "performance en ligne" à "surperformance". Levi Strauss a fini en hausse de 2,7% et a encore pris 1,3% après la clôture, en réaction à ses premiers trimestriels depuis son IPO. Pas d'indicateurs économique majeur. Aux Etats-Unis, les ouvertures de postes sont tombées en février à leur plus bas niveau depuis 11 mois et les embauches ont décru selon l'enquête dite Jolts, ce qui pourrait expliquer le ralentissement marqué des créations d'emplois ce mois-là.
Taux Les dernières prévisions du FMI et les nouveaux risques de guerre commerciale, cette fois-ci entre les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), ont provoqué un reflux des rendements des Treasuries. Les Treasuries avaient régressé la veille en raison de l'énorme emprunt obligataire du géant pétrolier Saudi Aramco. Les traders ont l'habitude de bloquer pour eux-mêmes le coût d'un emprunt corporate auquel ils souscrivent en vendant des Treasuries avant que le placement soit achevé. Une fois l'emprunt de société placé, ils rachètent les Treasuries pour dénouer l'opération d'arbitrage. Le rendement du 10 ans perdait 1,7 point de base à 2,502% et celui du 30 ans un point de base à 2,914%. Le Trésor a adjugé pour 38 milliards de dollars de papier à trois ans mais la demande n'a pas été aussi forte que prévu.
Changes Le yen a profité de son statut de devise refuge en période troublée et gagnait 0,34% à 111,12 par dollar et à peu près la même chose face à l'euro. Les devises des pays pétroliers (Norvège, Russie, Mexique entre autres), affectées par la mauvaise conjoncture décrite par le FMI et par la retraite des cours pétroliers afférente, ont rétrogradé par rapport aux pics atteints un peu auparavant dans la journée. L'indice dollar recule modestement et l'euro monte au-dessus de 1,127 dollar, un plus haut de deux semaines. La livre sterling est presque inchangée face au dollar et à l'euro. A la veille d'un Conseil européen extraordinaire, le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, a déclaré que l'Union était prête à accorder un délai supplémentaire pour parvenir à un accord de divorce soutenu par les députés britanniques. La journée de mercredi était dominée par la réunion monétaire de la Banque centrale européenne et le compte rendu de la réunion de mars de la Réserve fédérale. Côté indicateurs, les investisseurs prendront notamment connaissance des prix à la consommation aux Etats-Unis le mois dernier. Francfort: réunion du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne: décision sur les taux à 13h45, conférence de presse à 14h30. Washington: - Prix de détail de mars à 14h30; - compte rendu de la réunion des 19 et 20 mars du comité de politique monétaire (Fomc) de la Réserve fédérale à 20h00.