Qu'on le déplore ou qu'on s'en réjouisse, la phase délicate que traverse l'Algérie actuellement est pleine de gros risques à tel point que tout est déboussolé, voire brouillé. Les piliers pour trouver une sortie de crise, une ligne de démarcation commune ne trouvent pas jusqu'ici les fondements solides à leur implantation. Au lendemain du 22 février dernier, les manifestations, pour un premier succès, se sont soldées par le limogeage du Premier ministre, Ahmed Ouyahia et son gouvernement et l'arrivée du nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui avec une nouvelle équipe puis l'avènement majeur de la démission du président Abdelaziz Bouteflika suivie par l'investiture de M. Abdelkader Bensalah , chef d'Etat par intérim, le tout sur fond d'engagement républicain de l'ANP à accompagner la période de transition jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République le 4 juillet prochain. Une démarche synonyme de triomphe des revendications de la rue. Malheureusement, la situation ne s'est pas apaisée tant le contact, le dialogue entre les citoyens et les décideurs du moment n'existe pas et aucun intermédiaire ne s'est proposé pour un rapprochement entre les deux camps. Cela fait que deux voies, deux conceptions différentes se disputent la sortie de crise. D'un côté, l'ANP et le chef de l'Etat qui insistent sur le respect de la Constitution, notamment les dispositions de ses articles 7, 8 et 102, et la rue qui reste intransigeante pour le départ de tous les symboles du régime. Face à cet imbroglio, l'absence de leadership, le manque de dialogue, conforte les forces occultes dans leur conduite fondée sur la surenchère et les préjugés. La faillite de la feuille de route pour une véritable sortie de crise, pour but essentiel du dialogue politique et social, est à inscrire dans cette dynamique négative. Et l'inexistence d'une puissante classe politique figure très certainement parmi les causes principales de cette crise. Mais voilà qu'un nouveau phénomène est venu s'incruster dans le " hirak " visant directement à empêcher les visites d'inspection et de travail des membres du gouvernement à l'intérieur du pays. Un acte inquiétant qui tente de remonter des pistes impraticables afin de faire une image aussi mauvaise que possible de l'Algérie. Ce qui est découvert est à la fois inquiétant et risible et détruit totalement les frontières entre l'Etat et la population tout en attisant les dérives, les débordements qui cachent le plus souvent des manœuvres inavouées visant à jeter le désarroi et la colère pour empêcher la démarche consensuelle de sortie de crise. Cela paraît suspect et offensant sur la démocratie et la liberté d'expression, suivies d'actes provocateurs contre les institutions de l'Etat. Cela laisse aussi à penser à la manipulation. Dans ce contexte, ce serait faire trop d'honneur à de basses entreprises mercantiles ou à des agitations perverses de la jeunesse. En effet, l'anarchie continue à avoir des adeptes ici ou là par calcul et cynisme. N'a-t-on pas entendu certaines voix y compris au sein de l'élite politique positionnées pour " défendre " le droit d'offenser et humilier d'une façon bête et méchante les institutions de l'Etat. Ce travail de sape continue hélas ! Sans répit et sans que cela inquiète outre mesure les défenseurs acharnés du changement exigé par le peuple. N'est-il pas sage, opportun pour beaucoup de gens de s'assigner, en tant que discipline politique, le rôle visant à l'assainissement de cette situation nauséabonde, mettre en évidence le conditionnement opérant clairement, le respect de la Constitution dans la stricte originalité de la démocratie ? Tout donc consiste en la description d'une vie socio-politique idéale, et en la mise en avant des instruments, solutions constitutionnelles pour réaliser une nouvelle République. En effet, une Algérie sans crise, est une Algérie pleine de ressources. C'est là le point commun de ces voies et qui consiste en leur assise sur des conceptions démocratiques et populaires. Mais d'ici là, sans perdre un instant, il faut de façon résolue se mettre à la tâche pour la concrétisation de ce profond renouvellement politique, économique et social. Dans ces conditions, le peuple est le mieux placé pour connaître l'impact de la stabilité en général, l'impact de ce renouvellement socio-politique. Mais il reste beaucoup à faire. Pour cela les citoyens, la société civile, la classe politique doivent s'engager ensemble sans répit à apporter chacun sa pierre à l'édifice.