Les Bourses européennes ont terminé en net repli lundi, la crainte d'une nouvelle escalade dans le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, lié cette fois au groupe chinois Huawei, ayant fait reculer les secteurs les plus exposés, à commencer par celui des hautes technologies. À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,46% (79,64 points) à 5.358,59 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,62% et à Francfort, le Dax a reculé de 1,61%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,63%, le FTSEurofirst 300 1,15% et le Stoxx 600 1,06%. L'entrée en vigueur du décret américain plaçant Huawei, le numéro un chinois des équipements de réseaux de télécommunications, sur une liste noire l'excluant de fait de tout marché aux Etats-Unis, fait craindre des représailles chinoises susceptibles de toucher de nombreuses entreprises de hautes technologies. Citant des personnes au fait du dossier, le quotidien économique japonais Nikkei a rapporté que le fabricant allemand de puces Infineon avait décidé de suspendre ses livraisons à Huawei. Et selon Bloomberg, plusieurs fabricants de puces américains ont informé leurs employés qu'ils cessaient de lui fournir des composants et logiciels sensibles. Par ailleurs, Pékin a dénoncé les "attentes extravagantes" de Washington en vue d'un hypothétique accord commercial entre les deux premières puissances économiques du monde. "Constatant que les Etats-Unis ont adopté une position dure contre Huawei, les traders ne croient pas à une résolution rapide du conflit commercial USA-Chine", explique David Madden, analyste de CMC Markets UK. "Le rally de la fin de la semaine dernière commence à ressembler à un rally de soulagement alors que le mouvement d'aujourd'hui pourrait marquer le début de la prochaine grande phase de baisse." Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge mais au-dessus de ses plus bas du début de séance, le Dow Jones cédant 0,23%, le Standard & Poor's 500 0,41% et le Nasdaq Composite 1,12% après avoir perdu jusqu'à 1,76%. L'indice S&P des hautes technologies reculait de 1,25%. Apple abandonnait 3,07%, la plus forte baisse du Dow. Le titre a touché en début de séance son plus bas niveau depuis le 12 mars, affecté entre autres par des craintes de boycott en Chine.
Valeurs & indicateurs En Europe, l'indice Stoxx des hautes technologies a fini la journée en baisse de 2,84%, le repli sectoriel le plus marqué du jour et sa pire performance sur une séance depuis le 3 janvier. Parmi les fabricants européens de semi-conducteurs, considérés comme des cibles de possibles représailles chinoises, AMS a chuté de 13,39% à Zurich, STMicroelectronics de 9,53% à Paris et Infineon de 4,8% à Francfort. Le secteur automobile, également exposé aux tensions commerciales, a cédé quant à lui 1,95%. Par ailleurs, Deutsche Bank (-2,89%) a touché un nouveau plus bas historique. UBS est passé à la vente sur la valeur et a abaissé son objectif de cours. Seul secteur à finir en hausse, les télécoms ont gagné 0,76%. Nokia, concurrent direct de Huawei, a pris 1,08%, la plus forte hausse de l'EuroStoxx 50.
Wall Street finit en baisse La Bourse de New York a fini en baisse lundi, le décret excluant l'équipementier télécoms chinois Huawei du marché américain ayant aggravé les craintes d'une escalade du conflit commercial entre Washington et Pékin et pesé sur le secteur technologique. L'indice Dow Jones a cédé 84,10 points, soit 0,33%, à 25.679,90. Le S&P-500, plus large, a perdu 19,30 points, soit 0,67%, à 2.840,23. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 113,91 points (-1,46%) à 7.702,38 points. Après avoir atteint des niveaux record fin avril/début mai, les grands indices de Wall Street sont victimes d'un courant de ventes lié aux craintes croissantes d'une guerre commerciale prolongée entre Washington et Pékin. A ce jour, le S&P s'oriente vers sa plus forte baisse mensuelle depuis décembre, en retrait de près de 4% par rapport à son record historique. L'entrée en vigueur du décret plaçant Huawei sur une liste noire l'excluant de tout marché aux Etats-Unis fait craindre des représailles chinoises susceptibles de toucher de nombreuses entreprises de hautes technologies. "Des réévaluations sont en cours sur les niveaux de stocks dans le secteur des semi-conducteurs et les entreprises cherchent à estimer l'impact de l'affaire Huawei sur la chaîne de valeurs mais ne prennent pas en compte le ralentissement mondial", dit Peter Cecchini, stratège chez Cantor Fitzgerald. "Tout cela va avoir un impact sur les résultats, les consommateurs vont probablement modifier leur comportement et en même temps la pression sur les Etats-Unis et la Chine pourrait monter en vue d'arriver à un accord plus rapide", selon Robert Pavlik, responsable de la stratégie chez SlateStone Wealth. Pékin a dénoncé les "attentes extravagantes" de Washington en vue d'un hypothétique accord commercial entre les deux premières puissances économiques du monde.
Valeurs Apple a abandonné 3,13% et pesé lourdement sur la tendance. Le titre a touché en début de séance son plus bas niveau depuis le 12 mars, affecté entre autres par des craintes de boycott en Chine. L'indice des technologiques a perdu 1,75%, plus forte baisse sectorielle du jour. Les fournisseurs de Huawei, dont Qualcomm, Micron Technology et Broadcom, ont cédé 4 et 6%, et l'indice des semi-conducteurs de Philadelphie a reculé de 4% à son plus bas niveau en plus de deux mois. Alphabet a perdu 2,06%. Selon une source, sa filiale Google ne fournira plus de logiciels, de matériel informatique et de service technique à Huawei à l'exception des services disponibles en open source. Le fabricant de composants pour téléphones mobiles Lumentum Holdings s'est replié de 4,10% après avoir fait savoir qu'il interromprait ses livraisons à Huawei et avoir revu en baisse sa prévision de chiffre d'affaires trimestriel. A la hausse, Sprint a bondi de 18,77% et T-Mobile US a gagné 3,87% après avoir obtenu le soutien du président de la Federal Communications Commission (FCC) à leur projet de fusion de 26 milliards de dollars (23 milliards d'euros) suite à une série de modifications. Les deux titres ont néanmoins réduit leurs gains après une information de Bloomberg selon laquelle le département de la Justice, qui examine aussi ce projet, s'oriente vers un avis négatif.
Taux Les rendements du Trésor américain sont remontés, celui des obligations à 10 ans s'étant rapproché de 2,42%, après un creux de 2,38%, dans un contexte d'aversion au risque. Les rendements des emprunts d'Etat européens ont fini en hausse après avoir reculé en début de séance en réaction à la baisse des marchés actions. Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, a terminé la journée à -0,088% après être tombé en matinée à -0,106%. La hausse a été plus marquée pour les rendements autrichiens après la chute de la coalition gouvernementale ce week-end, conséquence de la mise en cause du vice-chancelier d'extrême droite Heinz-Christan Strache dans une tentative de corruption. Certains observateurs y voient surtout la perspective d'une perte d'influence des populistes sur la politique économique du pays. Les rendements américains remontent eux aussi, tout près de 2,40% après un plus bas à 2,38%.
Changes Le dollar est en léger repli face à un panier de devises de référence mais conserve la majeure partie de ses gains de la semaine dernière. Les mouvements sur la devise américaine restent toutefois limités dans l'attente de nouveaux développements concrets sur le dossier du commerce sino-américain et à deux jours de la publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale. L'euro s'apprécie légèrement aux dépens du billet vert, autour de 1,1170 dollar. La hausse du dollar australien est bien plus marquée, de l'ordre de 0,6%, après la victoire inattendue des conservateurs aux législatives de samedi.