La Chine, qui produit plus de 80% des terres rares au niveau mondial, entend élever jusqu'à 25% ses droits de douane sur ces minerais et leurs produits d'enrichissement, ce qui pourrait affecter Mountain Pass Materials, une entreprise gérant une mine de ce type en Californie. Sputnik en a discuté avec deux analystes: une Chinoise et un Russe. La mise à l'écart de Huawei a ravivé les tensions commerciales entre Pékin et Washington. La Chine, qui produit plus de 80% des terres rares disponibles au niveau mondial, élèvera dès le 1er juin jusqu'à 25% ses droits de douane sur ces minerais et leurs produits d'enrichissement. Elle évoque même un possible blocage des exportations de ces métaux qui sont essentiels à la production d'appareils électroniques. "Je ne pense pas qu'à présent, la Chine puisse adopter des restrictions de ses exportations de terres rares ou décider leur blocage complet. […] Si nous arrêtons toutes nos exportations de terres rares, notre querelle avec les Américains risquera d'être définitive. […] Nous pourrons toutefois utiliser les terres rares à titre d'atouts dans les négociations avec les États-Unis", a indiqué dans son commentaire écrit pour Sputnik Chen Xiaoqin, experte de l'université chinoise de Renmin. Selon cette dernière, il est peu probable que les États-Unis puissent remplacer les terres rares chinoises. "À mon avis, si les Américains pouvaient trouver d'autres sources de livraison de ces métaux, ils l'auraient fait déjà depuis longtemps", a estimé l'universitaire. Il est très difficile pour les deux parties de trouver une alternative aux actuelles chaînes de production de terres rares, a relevé dans un entretien accordé à Sputnik Mikhaïl Beliaïev, de l'Institut russe des études stratégiques. "La Chine cherche évidemment des réponses dans la guerre commerciale avec les États-Unis et essaie de défendre ses intérêts, mais elle essuie également des pertes. […] C'est que les terres rares sont une sphère où l'interdépendance des deux parties, de la Chine et des États-Unis, est extrêmement étroite. Et la nécessité d'une réorganisation compliquée et fort onéreuse pourrait les pousser à un arrangement", n'a pas exclu le spécialiste. Majoritairement exploités dans des mines en Chine, les cinq métaux du groupe des terres rares -Yttrium (Y), Europium (Eu), Terbium (Tb), Néodyme (Nd) et Dysprosium (Dy)- sont incontournables depuis cette dernière décennie en ce qui concerne la production de nombreux appareils électroniques: téléphones portables, batteries de voitures électriques, écrans…
Des traces partout dans le monde Les experts de Bloomberg ont calculé les pertes globales pour l'économie mondiale causées par la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde: les États-Unis et la Chine. Selon leurs estimations, si les droits de douane augmentent à nouveau, le PIB mondial pourrait diminuer de 600 milliards de dollars. Selon les économistes de l'agence Bloomberg, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est entrée dans une nouvelle phase dangereuse. Les droits de douane sont en hausse et ce sujet préoccupe partout dans le monde. Si la hausse des tarifs douaniers continue et couvre l'ensemble des transactions entre les États-Unis et la Chine, le PIB mondial pourrait connaître un déclin de 600 milliards de dollars en 2021. Dans le même temps, selon les experts, même sans guerre commerciale, les économies des deux pays pourraient connaître un ralentissement dans deux ans de 0,2% pour les États-Unis et 0,5% pour la Chine. Selon les économistes, la croissance de la production mondiale va donc considérablement ralentir. En mai, les États-Unis ont porté à 25% leurs droits de douane sur les exportations chinoises pour 250 milliards de dollars. La Chine a, dans la foulée, relevé ses droits de douane sur certains produits américains de 5% à 25%. Bloomberg estime qu'une solution pour éviter d'importants dégâts est encore possible. Les Présidents Donald Trump et Xi Jinping doivent se rencontrer lors du sommet du G20 le mois prochain. Mais, à ce stade, il semble plus probable que la guerre commerciale sera longue, désordonnée et coûteuse.
Sanctions visant Huawei Une récente déclaration d'un responsable chinois, relayée par la Télévision centrale de Chine, semble faire la lumière sur les allégations d'après lesquelles l'Empire du milieu pourrait couper l'accès des États-Unis aux terres rares. En effet, la Chine a un quasi-monopole sur ces minéraux utilisés pour la fabrication des Smartphones. Les États-Unis risquent de perdre l'accès aux terres rares nécessaires pour la fabrication de ses Smartphones, rapporte la Télévision centrale de Chine (CCTV). Dans une interview accordée à la CCTV, un responsable de la Commission chinoise du développement national et des réformes a confié que le pays souhaitait continuer de livrer ses terres rares sur le marché international. Il a toutefois souligné que Pékin s'opposerait à ceux qui utiliseraient ses métaux afin de "miner et freiner le développement de la Chine". Le 20 mai, le Président chinois Xi Jinping a visité dans la province du Jiangxi, dans l'est du pays, l'une des principales usines d'extraction et de traitement des terres rares. Lors de son déplacement, il a rappelé que la Chine avait un quasi-monopole sur l'exploitation des terres rares. Par la suite, les médias ont avancé l'hypothèse d'après laquelle Pékin pourrait limiter les exportations de ces minéraux en réponse aux mesures restrictives américaines récemment introduites contre les équipements de télécommunication chinois. Néanmoins, une possible restriction des exportations chinoises vers les États-Unis aurait des conséquences marginales. Comme le note le Financial Times, la Chine exporte actuellement très peu de ses terres rares vers les États-Unis. En effet, les produits intermédiaires contenant ces terres rares suivent une longue chaîne de production, principalement en Chine et au Japon. Donald Trump a signé mercredi 15 mai un décret interdisant aux entreprises américaines d'utiliser du matériel de télécommunication fabriqué par des entreprises présentant un risque pour la sécurité nationale, ce qui revient à interdire aux groupes américains de faire affaire avec Huawei. Google, filiale d'Alphabet, a suspendu sa coopération avec le géant des télécoms chinois et ne fournira plus de logiciels, de matériel informatique et de services techniques à Huawei, à l'exception des services disponibles en open source. Huawei a nié à plusieurs reprises être contrôlé par le gouvernement chinois, l'armée ou les services de renseignement.