La Chine produit plus de 90% des terres rares de la planète, un ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe. Les Etats-Unis en sont totalement dépendants La politique commerciale du président des Etats-Unis, Donald Trump, contre le géant et rival chinois est au centre de beaucoup d'inquiétudes des entreprises américaines activant en Chine, selon une étude de la Chambre de commerce américaine à Pékin. Publiée hier, cette étude affirme que plus d'un tiers des sociétés américaines ont délocalisé leurs usines de Chine ou envisagent de le faire, dont seulement 6% vers les Etats-Unis. Près de la moitié des 250 entreprises qui ont répondu à l'étude ont dit avoir enregistré des représailles non tarifaires en Chine depuis l'an dernier, un cinquième affirmant par exemple subir des inspections accrues ou des passages plus lents en douane. L'enquête a été réalisée la semaine dernière, après le regain de la guerre commerciale et l'annonce de nouvelles hausses de droits de douane tant par Pékin que par Washington. Selon les résultats de l'étude, 35% des entreprises sondées disent s'orienter vers une stratégie "en Chine pour la Chine" : à savoir investir dans le pays uniquement pour servir le marché local et non pour exporter vers les Etats-Unis ou des pays tiers. Plus de 40% des firmes interrogées précisent qu'elles ont d'ores et déjà déménagé leurs sites de production ou bien envisagent de le faire, de préférence vers le Mexique ou l'Asie du Sud-Est. Les hausses des tarifs douaniers américains sur les produits chinois sont à l'origine de ce chamboulement qui affecte en premier lieu les entreprises américaines, mais font peser un sérieux risque sur l'économie mondiale, ont averti des experts et le Fonds monétaire international (FMI). Mais Donald Trump tient à sa politique et ne compte pas s'arrêter là. Pis, il menace davantage de pression, s'il venait à être réélu en 2020 pour un deuxième mandat. Outre le déficit commercial bilatéral, l'administration Trump exige de la Chine des réformes structurelles telles que la fin des transferts de technologie imposés aux entreprises étrangères, la fin du "vol" de la propriété intellectuelle ou encore des subventions massives aux entreprises publiques. Des préoccupations partagées par les Européens : selon une étude publiée lundi par la Chambre de commerce de l'UE en Chine, 20% des entreprises européennes se plaignent aussi de se voir imposer des transferts technologiques au profit d'un partenaire chinois. Jusqu'ici, la Chine tente de calmer le jeu et s'est montrée prédisposée à poursuivre les discussions avec Washington pour aboutir à une solution qui arrange tout le monde. Mais cela n'empêche pas Pékin de répondre aux mesures américaines, voire à brandir indirectement une menace de taille : priver les Etats-Unis des terres rares, utilisées dans les produits de technologies de pointe, comme les smartphones, les écrans plasma, les véhicules électriques mais aussi dans l'armement. "Les terres rares sont une importante ressource stratégique", a souligné M. Xi, selon des propos rapportés mercredi par l'agence officielle Chine nouvelle. "Ce n'est qu'en possession d'une technologie indépendante (que nous) pourrons rester invincibles", a-t-il ajouté, semblant faire le lien avec l'affaire Huawei. Lyès Menacer/Agences