La Conférence nationale de la société civile, qui s'est tenue samedi, s'est achevée par une série de propositions comme d'habitude. En fait, c'est un pas qui peut aboutir à une plate-forme entre la société civile et la classe politique mais c'est une " séance " comme toutes les autres, comme celles qui se succèdent depuis des années sans résultat palpable. Pourquoi cette léthargie ? Les observateurs ne manquent pas en effet d'objecter, et non sans raison que ce genre d'échanges ait le défaut de suggérer une certaine connivence chétive qui ne colle pas à la réalité du moment. Personne n'ose user aujourd'hui, mieux marquer la nécessité de voir s'instaurer, mais au grand jour, enveloppe " décachetée ", le dialogue sincère, franc et sans arrière-pensées politiques et surtout de délimiter, sans esprit polémique et dans un souci de clarté politique, les frontières des divergences existantes mais aussi des convergences possibles entre tout le monde, dans sa diversité, sans exclusive aucune, des gens qui bénéficient d'un crédit réel au sein de la société et qui ont aussi le mérite de débloquer la situation dont certains tiennent dangereusement à verrouiller. L' "indispensable " demande d'une période de transition et l'appel explicite à l'effacement des institutions de l'Etat atténuent d'autant plus la référence à la légitimité constitutionnelle qui prône la nécessité d'assurer la continuité de l'Etat. Si la controverse sur cette question perd ainsi de son acuité, c'est l'ambiguïté de l'aggravation du climat politique qui se met en marche, une incompatibilité qui est de nature à faire durer la crise. Cela signifie également que le dialogue ne peut se faire qu'avec et sous l'égide des décideurs actuels et à travers les institutions de l'Etat. Le commun des observateurs laisse entendre qu'on veut à toute force mettre le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaï Salah dans une situation de difficulté au moment où les deux responsables appellent à une sortie de crise consensuelle. Ils ne désirent nullement entreprendre une démarche qui affaiblit les institutions et ignore la Constitution, rappelant avec vigueur les conséquences du vide politique, du vide constitutionnel. Engagement pour le moins logique, mais somme toute explicable tant il est vrai que pour les décideurs du moment le plus difficile, le plus rejeté est d'accréditer le vouloir de la thèse de la période de transition. Une transition qui est l'obstination de certaines parties mais qui empêchera le dialogue d'avancer. il reste que, malgré les garanties données par le chef de l'Etat et le vice-ministre de la Défense nationale, personne n'est dupe ; le dialogue est dans l'impasse et le demeurera tant l'opposition et autres personnalités politiques fait à sa guise sans vouloir se rapprocher avec les décideurs qui pourtant se sont dits " disponibles " à aborder clairement le problème de la solution de la crise politique. Et il apparaît de plus en plus nettement que les principaux éléments de cette solution se trouvent non pas dans ces propositions divisées dans le fond et la forme, éparpillées, mais autour d'une table de concertation, de compromis et d'échange de points de vue ; dans cet esprit d'apaisement, le vice-ministre de la Défense nationale, depuis le début de la crise, n'est pas resté dans l'expectative, décidé à ne pas sauter le pas au dialogue, il prône la sagesse et une attitude nouvelle ? Conscient que la solution idoine à la crise est du rôle et de la responsabilité de tout le monde, le vice-ministre de la Défense nationale a interpellé la classe politique, les personnalités et la société civile sans exclusive. Mais en même temps il dénonce les obstacles à une telle démarche. Dans les milieux de l'opinion, on ne cache pas le caractère juste de la démarche en question. Mais l'opposition et une certaine frange de la société civile se sont tellement compromises en soutenant d'autres solutions à la crise que leur marge de manœuvre est très étroite. Eliminer le chef de l'Etat, le Premier ministre et son gouvernement provoquerait une crise très sérieuse ? Autant dire que, pour le chef de l'Etat, le Haut commandement de l'ANP, obnubilés par la sortie de crise et par l'objectif de l'élection présidentielle, une telle perspective est à écarter. Un premier élément de réponse à cette question est venu du contenu de l'audience accordée par le Chef de l'Etat, M. Abdelkader Bensalah au Premier ministre, Noureddine Bedoui. Ce dernier a présenté à M. Bensalah un exposé sur la situation politique, économique et social du pays. Selon le communiqué de la présidence de la République émis mardi : "Il a été procédé à l'évaluation du contexte politique au lendemain de l'avis du Conseil constitutionnel et du discours du chef de l'Etat insistant sur le lancement d'un dialogue inclusif pour débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine élection présidentielle, de même qu'ont été examinées les perspectives ouvertes par cette offre de dialogue, et les mesures à prendre pour engager et faciliter la concertation engagée en vue d'arrêter ensemble une feuille de route consensuelle devant conduire à l'organisation du prochain scrutin présidentiel dans un climat d'"entente et de sérénité ", précise le communiqué de la présidence de la République. Au moment où les perspectives de recherche d'un nouveau départ se mettent en marche et posent les fondations d'une société nouvelle où le peuple jouera le rôle dirigeant qui lui revient, il est opportun que les choses prennent forme en même temps qu'évolue la conscience de la démocratie libérée par le Hirak surtout pour que des cataclysmes sans précédent ne soient imminents sur le plan sécuritaire, politique, l'augmentation du chômage, le déclin du pouvoir d'achat, la perte des postes de travail, la récession économique ou encore le malaise social. Des difficultés qui risquent de se répercuter sur la vie de la population, allant peut-être jusqu'à remettre en cause l'unité nationale. Face à toutes ces difficultés, l'Etat-nation devra être une association solide dans l'intérêt de la patrie s'imposant à l'ensemble de la société et pour le même objectif : la stabilité du pays. Il est à retenir que parmi les slogans et les revendications soulevés par le mouvement citoyen cette insistance à ramener de nouvelles normes de rapports et de bénéfices pour tous, le grand sens de la justice sociale afin que les citoyens ne puissent subir les inégalités sociales car c'est une communauté qui a les mêmes aspirations et les mêmes objectifs communs, soit l'intégrité socio-politique dans sa nouvelle voie de reconstruction de la démocratie et d'une nouvelle intelligentsia pour la gouvernance du pays.